etexplique dans la partie des PensĂ©es qui sâintitule « MisĂšre de lâhomme sans Dieu » que le divertissement est le moyen qui nous dĂ©tourne de nous-mĂȘme, qui nous empĂȘche de regarder la rĂ©alitĂ© en face. Dans le fragment 168-134, il nous dit : « les hommes nâayant pu guĂ©rir la mort, la misĂšre, lâignorance, ils se sont avisĂ©s pour se rendre heureux de nây point penser
PARTIE 2 DĂSIR ET BONHEUR Voici enfin venu le temps dâĂ©tudier le lien ambivalent et si discutĂ© ! entre dĂ©sir et bonheur. De fait, une grande question philosophique a Ă©tĂ© de chercher Ă savoir, au fil des siĂšcles et des courants intellectuels, si le dĂ©sir Ă©tait, de par sa nature complexe, une force plutĂŽt motrice⊠ou au contraire destructrice. En effet, le dĂ©sir a bien souvent Ă©tĂ© vu et Ă juste titre ! comme une sorte de tyran rĂ©duisant lâhomme Ă lâĂ©tat dâesclave il peut mâasservir Ă des choses sans importance, des liĂšvres dont on nâen voudrait mĂȘme pas sâils nous Ă©taient offerts » Blaise Pascal. AprĂšs tout, le dĂ©sir ne me possĂšde-t-il pas plus quâil ne mâappartient ? Quelle valeur, dĂšs lors, lui attribuer ? Car il peut ĂȘtre Ă la fois ce qui me tire vers le bas, ce qui me dĂ©possĂšde de moi-mĂȘme, le signe de la pesanteur, de la faiblesse et de la misĂšre humaine, ou ce qui me tire vers le haut, câest-Ă -dire la seule force qui puisse me transcender et me faire dĂ©passer mes propres limites. En fait, il est probable que le dĂ©sir puisse sâavĂ©rer Ă la fois moteur et destructeur, selon ses objets, les individus, sa façon dâĂȘtre vĂ©cu et entretenu. Dâun cĂŽtĂ©, il est une quĂȘte perpĂ©tuelle, vaine, aliĂ©nante, qui rend fou et malheureux. Mais, de lâautre, il peut Ă©galement ĂȘtre valorisĂ© et perçu comme crĂ©ateur dâactions. Le dĂ©sir est-il donc principalement manque et souffrance, ou, au contraire, une force motrice, crĂ©atrice de lâhomme ? Pour ĂȘtre heureux, convient-il dĂšs lors de chercher Ă mener une vie de dĂ©sirs, ou une vie sans dĂ©sir ? Le bonheur se trouve-t-il dans la dynamique du dĂ©sir ou dans la cessation de celui-ci ? I â LâIDĂE DU BONHEUR Avant toute chose, attardons-nous un instant sur la notion de bonheur. Il apparaĂźt trĂšs vite, lorsquâon Ă©tudie la philosophie ou lorsquâon interroge de simples passants dans la rue, que le concept de bonheur est loin dâĂȘtre aisĂ© Ă dĂ©finir. De fait, si le bonheur semble ĂȘtre, Ă premiĂšre vue, ce que tous les hommes ou presque recherchent, dans les faits, chacun semble en rĂ©alitĂ© le concevoir diffĂ©remment voire ne pas vraiment le concevoir prĂ©cisĂ©ment. Comment, dĂšs lors, prĂ©tendre le dĂ©finir et proposer des moyens pour lâatteindre ? Complexe affaire. Au point que certains voient mĂȘme dans lâidĂ©e du bonheur une chimĂšre, un bien inaccessible. Lorsquâon parvient nĂ©anmoins Ă une dĂ©finition consensuelle du bonheur, elle donne en gĂ©nĂ©ral Ă peu prĂšs ceci un Ă©tat de satisfaction complĂšte de toutes les tendances humaines, un Ă©tat de plĂ©nitude, de satisfaction totale et durable oĂč rien ne manque bĂ©atitude, fĂ©licitĂ©, souverain bien ; un Ă©tat durable, stable et pĂ©renne, Ă la diffĂ©rence du plaisir par essence Ă©phĂ©mĂšre, ponctuel, fugitif. Pour la philosophie antique, le bonheur est le souverain bien, câest-Ă -dire la fin finalitĂ© suprĂȘme de la vie humaine. Tous les hommes dĂ©sirent ĂȘtre heureux », disait Aristote. Le bonheur serait ainsi une fin en soi, le bien suprĂȘme, celui que nous recherchons pour lui-mĂȘme et non en vue dâautre chose ; tous les autres biens » beautĂ©, argent, pouvoir, justice, gloire, honneurs, rĂ©putation, liens sociaux⊠ne seraient que des moyens en vue de cette fin. Tout ce que nous choisissons est choisi en vue dâautre chose, Ă lâexception du bonheur qui est une fin en soi » Aristote. Ainsi dĂ©fini, le bonheur serait quelque chose de parfait, un bien qui se suffirait Ă lui-mĂȘme, et la fin de toutes nos actions. NĂ©anmoins, dire que le bonheur serait le souverain bien » et la fin de toute vie humaine ce qui sera fortement disputĂ© par Kant, par exemple, qui montrera que ce Ă quoi lâhomme est destinĂ©, ce nâest pas tant le bonheur que la moralitĂ©, qui seule le rend Ă©ventuellement digne dâĂȘtre heureux⊠mais câest une autre histoire ne donne nĂ©anmoins aucun contenu prĂ©cis au bonheur⊠Ainsi, le bonheur reste-t-il un concept relativement flou et indĂ©terminĂ©. Tous les hommes poursuivent le bonheur mais de maniĂšre contradictoire. Pour lâun, câest lâactivitĂ© qui garantit le bonheur et, pour lâautre, câest lâinaction, le calme. Et quand il sâagit de chercher Ă dĂ©finir le bonheur, les hommes ne semblent rĂ©ussir Ă sâaccorder ni entre eux, ni avec eux-mĂȘmes si je suis malade, il me semble que mon bonheur passera par la santĂ© ; si je suis en bonne santĂ©, il me semble quâil passera par lâargent⊠etc. En fait, le bonheur Ă©tant lâidĂ©e dâun maximum de satisfaction de nos inclinations, et ces inclinations pouvant ĂȘtre infinies le bonheur, pour Kant, serait un idĂ©al de lâimagination et non de la raison, lâhomme, en tant quâĂȘtre fini, serait incapable de penser lâinfini des conditions du bonheur, de toutes se les figurer, dâen tracer le contour et de dĂ©finir un bonheur universalisable il peut dĂ©sirer la richesse, la connaissance, la beautĂ©, la santĂ©, mais rien ne lui garantit quâelles suffiront Ă son bonheur, car il ne peut parvenir Ă le penser rĂ©ellement lâimagination trace les contours dâun bonheur subjectif et changeant, qui nâest jamais maĂźtrisable rationnellement par les outils de la logique et de la dĂ©finition fixe. Ainsi le bonheur semble-t-il ĂȘtre quelque chose dâindĂ©finissable, de flou, et dâintime. Et mĂȘme dâun concept quâon pourrait qualifier dâ empirique » chacun forge sa propre conception du bonheur Ă partir de lâexpĂ©rience quâil en a. Par malheur, le concept du bonheur est un concept si indĂ©terminĂ©, que, malgrĂ© le dĂ©sir quâa tout homme dâarriver Ă ĂȘtre heureux, personne ne peut jamais dire en termes prĂ©cis et cohĂ©rents ce que vĂ©ritablement il dĂ©sire et il veut. » Kant, Fondements de la mĂ©taphysique des mĆurs, 1785 Tous les hommes recherchent dâĂȘtre heureux ; cela est sans exception ; quelques diffĂ©rents moyens quâils y emploient, ils tendent tous Ă ce but. Ce qui fait que les uns vont Ă la guerre, et que les autres nây vont pas, est ce mĂȘme dĂ©sir, qui est dans tous les deux, accompagnĂ© de diffĂ©rentes vues. La volontĂ© ne fait jamais la moindre dĂ©marche que vers cet objet. Câest le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusquâĂ ceux qui vont se pendre. » Pascal, PensĂ©es, § 425 Ce qui nâa pas empĂȘchĂ© toutes les philosophies antiques de chercher tout de mĂȘme des rĂ©ponses plus prĂ©cises Ă la fameuse question comment ĂȘtre heureux ? comment atteindre le bonheur ? Voyons donc si la voie du dĂ©sir et donc, de la passion⊠et le fait, par lĂ mĂȘme, de succomber Ă nos pulsions et tentations diverses serait ou pas⊠à mĂȘme de nous conduire sur ce chemin tant espĂ©rĂ© et convoitĂ© du bonheur⊠II â LA TRANQUILLITE DE LâAME vs. LE DĂSIR, INCAPABLE DâAMENER LâHOMME AU BONHEUR Traditionnellement, le dĂ©sir, jugĂ© nĂ©faste pour lâhomme, source de souffrance et cause de mille maux, est condamnĂ© par les philosophes. DĂ©sir, plaisir, tentation et divertissement ont ainsi Ă©tĂ© bien souvent considĂ©rĂ©s comme incapables, en dĂ©finitive, de rendre lâhomme heureux. Platon et Socrate furent les premiers philosophes Ă condamner le corps, la passion et le dĂ©sir et Ă les accuser dâĂ©loigner lâhomme de la philosophie, de la rĂ©flexion, de la mĂ©ditation et du bonheur. De fait, la plupart des morales antiques plaçaient le bonheur dans lâintĂ©rioritĂ© et lâharmonie de lâĂąme avec elle-mĂȘme dans la tranquillitĂ© de lâĂąme ». A â Le stoĂŻcisme Selon les stoĂŻciens, câest parce que les hommes se font des reprĂ©sentations fausses du bonheur quâils nâarrivent pas Ă ĂȘtre heureux. Ils ne cessent dâespĂ©rer vainement ce quâils nâont pas et craignent de perdre ce quâils croient possĂ©der. Terrible façon de rĂ©gler sa vie sur le mode du manque et de sâempĂȘcher dâĂȘtre heureux au prĂ©sent. Car en plaçant son bonheur dans lâavoir et dans le futur, lâhomme se condamne lui-mĂȘme Ă toujours espĂ©rer ce quâil nâa pas, Ă ne jamais se satisfaire de ce quâil a, et donc Ă toujours poursuivre, sans fin, le fantĂŽme de son propre bonheur. Câest lâinsatiabilitĂ© de ses dĂ©sirs qui place ainsi lâhomme dans une incapacitĂ© chronique Ă sâestimer heureux et Ă vivre pleinement son bonheur en le conjuguant au prĂ©sent. Lâhomme se place lui-mĂȘme dans le manque, dans lâexpectative, dans lâespĂ©rance incessante. Un bonheur placĂ© dans le matĂ©riel, dans lâavoir, ne pourra jamais ĂȘtre comblĂ©, il se condamne lui-mĂȘme Ă une insatisfaction perpĂ©tuelle et inĂ©vitable. Pour les stoĂŻciens, il faut donc ĂȘtre dĂ©sespĂ©rĂ©, non pas au sens vulgaire dâune grande tristesse, mais au sens dâune absence dâespoir et dâattente. Câest ce qui permet de vivre pleinement au prĂ©sent. HĂ©caton de Rhodes disait tu cesseras de craindre si tu as cessĂ© dâespĂ©rer ». Au lieu dâespĂ©rer un bonheur futur qui lui manque, et de reporter sans cesse ses dĂ©sirs et attentes sur dâautres objets sitĂŽt ses premiers dĂ©sirs assouvis, lâhomme devrait donc considĂ©rer son bonheur comme un acte, un faire. La seule façon pour les stoĂŻciens de trouver du plaisir Ă vivre est de le trouver dans tout ce que nous faisons et non dans des buts inlassablement poursuivis. Le manque dâintĂ©rĂȘt et donc de plaisir pour ce que lâon fait provient de la focalisation sur le but recherchĂ©. Ce qui conduit Ă agir non pour lâactivitĂ© elle-mĂȘme, mais pour ce quâelle permet dâavoir, ce qui revient Ă une mort de lâinstant prĂ©sent par projection incessante de lâesprit et de la concentration dans le futur le bonheur, câest le chemin » â et non la destination -, dit Lao-Tseu. Lâennui et le malheur sont inĂ©vitables, quand on passe son temps et Ă sa vie Ă ne faire des choses quâen vue dâautres choses quâon nâest jamais certain dâobtenir. Triste vie sans bonheur oĂč le regret, la frustration, la privation et le manque rĂšgneront immanquablement. Il faut au contraire adapter ses dĂ©sirs Ă lâordre du monde » Descartes, câest-Ă -dire dĂ©sirer non pas ce que lâon souhaite voir arriver et quâon nâest jamais certain de voir arriver, mais plutĂŽt ce qui arrive maintenant se contenter et ĂȘtre satisfait de ce qui arrive. Le sage dĂ©sire alors non pas ce qui lui manque, ni mĂȘme ce quâil a dĂ©jĂ puisquâil peut le perdre, mais ce qui lui vient, ce qui survient, ce qui se produit, ce qui repart et ce quâil fait. Ă ancrer le bonheur dans un Ă©ternel futur, un Ă©ternel Ă -venir », on ne prend plus aucun plaisir dans le prĂ©sent. Selon les stoĂŻciens, lâhomme doit avant tout cesser dâespĂ©rer et de dĂ©sirer des choses qui sont indĂ©pendantes de lui, hors de sa portĂ©e, quâil ne peut influencer, et pour lesquelles il ne peut Ćuvrer ce quâils appellent les indiffĂ©rents ». EpictĂšte Supporte et abstiens-toi. » ; Ne demande pas que ce qui arrive, arrive comme tu veux ; mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent et tu seras heureux. » Lâhomme, selon ces philosophes, est responsable de son bonheur et doit se considĂ©rer et se comporter comme tel. Le bonheur nâest donc Ă atteindre ni dans le futur, ni dans une autre vie. Il nâest pas dâailleurs quelque chose que lâon peut atteindre mais quelque chose que lâon peut faire et ĂȘtre. Ainsi la vie elle-mĂȘme devient-elle lâexpression dâune joie quâon peut partager joie permanente. Le bonheur nâest pas quelque chose Ă possĂ©der, Ă acquĂ©rir, Ă gagner ou Ă chercher, il est Ă faire Ă chaque moment de la vie, il est Ă construire, il est Ă mettre en Ćuvre, car le bonheur pour les stoĂŻciens nâest pas un bien transcendant hors de nous mais immanent câest en nous que nous le trouvons. Câest un bien quâil faut sâefforcer de trouver en chacun de nous et de hisser au niveau de notre Ăąme. Lâhomme doit apprendre Ă ĂȘtre heureux ici et maintenant. Pour les stoĂŻciens, pour ĂȘtre heureux, il faut donc supprimer toutes les passions humaines, tout ce qui vient du corps de la chair. Le stoĂŻcisme nous invite ainsi Ă discipliner nos dĂ©sirs si on veut atteindre le bonheur. Le stoĂŻcisme de lâĂ©poque impĂ©riale, la derniĂšre Ă©poque de ce courant philosophique, est reprĂ©sentĂ© par SĂ©nĂšque, ĂpictĂšte et Marc-AurĂšle. De façon plus gĂ©nĂ©rale, lâidĂ©e maĂźtresse de ce courant de pensĂ©e est que le monde est rĂ©gi par une stricte nĂ©cessité⊠que nous ne saurions maĂźtriser le cours des choses, ce qui arrive, est totalement hors de notre portĂ©e. Seule chose que nous puissions contrĂŽler notre rĂ©action face aux hasards de la vie. Il faut donc apprendre Ă maĂźtriser ses passions, Ă accepter les Ă©vĂ©nements tels quâils arrivent, et Ă ne dĂ©sirer que ce qui dĂ©pend de nous et surtout pas ce qui dĂ©pend du hasard et des autres. Souviens-toi donc de ceci si tu crois soumis Ă ta volontĂ© ce qui est, par nature, esclave dâautrui, si tu crois que dĂ©pend de toi ce qui dĂ©pend dâun autre, tu te sentiras entravĂ©, tu gĂ©miras, tu auras lâĂąme inquiĂšte, tu tâen prendras aux dieux et aux hommes. Mais si tu penses que seul dĂ©pend de toi ce qui dĂ©pend de toi [âŠ], aucun malheur ne pourra tâatteindre. » ĂpictĂšte, Le Manuel, IIe siĂšcle aprĂšs Le stoĂŻcisme prĂ©conise donc dâatteindre le bonheur par la tempĂ©rance et la vertu plutĂŽt que par le plaisir, en rendant son bonheur indĂ©pendant du monde extĂ©rieur. LâidĂ©e stoĂŻcienne selon laquelle il faut apprendre Ă maĂźtriser ses passions et accepter lâordre des choses acceptation, rĂ©signation, accueil a marquĂ© de nombreux philosophes au fil des siĂšcles, tels que Montaigne ou Descartes. Ainsi Descartes prĂ©conise-t-il âde changer ses dĂ©sirs plutĂŽt que lâordre du mondeâ, câest-Ă -dire de les accorder Ă la rĂ©alitĂ© plutĂŽt que de tenter dâaccorder la rĂ©alitĂ© Ă ses dĂ©sirs, et de parvenir Ă rĂ©orienter ses dĂ©sirs en fonction de ce qui est possible. Il nây a quâune route vers le bonheur, câest de renoncer aux choses qui ne dĂ©pendent pas de notre volontĂ©. » et donc atteindre lâapatheia lâabsence de passion, ĂpictĂšte, Manuel, IIe siĂšcle aprĂšs B â Aristote devoir, raison, vertu et bonheur Pour Aristote, le moyen pour lâhomme dâaccĂ©der au bonheur nâa rien Ă voir avec la satisfaction de ses dĂ©sirs, et tout Ă voir avec la mise en pratique dâune facultĂ© spĂ©cifiquement humaine la raison. Pour lui, plus je me comporte en homme, plus je suis heureux, car ĂȘtre heureux câest accomplir son essence, ce pour quoi lâon est fait. En effet, la pensĂ©e rationnelle est traditionnellement considĂ©rĂ©e comme le propre de lâhomme ; pour ĂȘtre heureux, selon Aristote, il faudrait mettre en pratique cette pensĂ©e, et donc mener une vie conforme Ă la raison. Aristote distingue 3 types de vie la vie de plaisir, de dĂ©bauchela vie politique actions, gloire, honneursla vie contemplative dâĂ©tude Dans la logique dâAristote, cette derniĂšre est donc la plus Ă mĂȘme de conduire lâhomme Ă une vie heureuse et parfaite, une vie de sage, entiĂšrement consacrĂ©e Ă la mĂ©ditation Pour lâhomme, ce sera la vie selon lâintellect, sâil est vrai que lâintellect est au plus haut degrĂ© lâhomme lui-mĂȘme, cette vie-lĂ est donc aussi la plus heureuse ». Ce serait la vie la plus pure, la moins fatigante, dans la solitude, sans biens matĂ©rielles, et qui permettrait dâatteindre un bonheur semblable Ă celui des dieux. Cet idĂ©al Ă©tant rarement atteint dans la vie rĂ©elle, Aristote prĂŽne, par dĂ©faut, une sagesse pratique consistant Ă vivre en sociĂ©tĂ© avec ses semblables tout en se laissant guider par la raison pour Ă©viter les passions, les excĂšs, et en pratiquant la vertu justice, tempĂ©rance, modĂ©ration, courage. Ainsi, câest en agissant conformĂ©ment Ă la vertu que lâHomme rĂ©alise son essence, quâil parvient Ă vivre une vie dâexcellence conception finaliste du monde et trouve donc le bonheur. LĂ encore, exit le dĂ©sir. C â LâĂpicurisme Sâil est bien une philosophie qui a Ă©tĂ© particuliĂšrement malmenĂ©e et incomprise, notamment par la pensĂ©e courante moderne, câest sans aucun doute possible lâĂ©picurisme. Une philosophie du bonheur moult fois dĂ©formĂ©e, dĂ©figurĂ©e, abusĂ©e, en particulier dans la sociĂ©tĂ© actuelle, oĂč lâon confond allĂšgrement Ă©picurien » et hĂ©doniste »⊠Ăcole philosophique fondĂ©e Ă AthĂšnes par Ăpicure au ive siĂšcle avant lâĂ©picurisme est une doctrine essentiellement pratique et matĂ©rialiste consistant en lâobtention de la sagesse et du bonheur au moyen dâune maĂźtrise des plaisirs devant mener Ă lâataraxie et Ă lâaponie. Voyons cela en dĂ©tail. Ăpicure distingue 3 types de dĂ©sirs Les dĂ©sirs/plaisirs naturels et nĂ©cessaires » = les dĂ©sirs naturels Ă la vie elle-mĂȘme = les besoins, que ce soit pour la tranquillitĂ© du corps aponie = manger, boire, dormir, se protĂ©ger du froid et des dangers, ou pour le bonheur la paix de lâĂąme, ou ataraxie = philosopher et mĂ©diter â besoins Ă satisfaire pleinement pour ĂȘtre heureuxLes dĂ©sirs/plaisirs naturels et non nĂ©cessaires » un plat raffinĂ©, une boisson agrĂ©able, les relations sexuelles⊠â Ă satisfaire modĂ©rĂ©ment, avec prĂ©caution en ce qui concerne les relations sexuelles, Ăpicure prend bien garde par exemple de ne recommander que les relations sexuelles dĂ©nuĂ©es de sentiments amoureux = ce quâil appelle, lâAphrodite vulgaire »Les dĂ©sirs non naturels et non nĂ©cessaires » tous ceux qui naissent de la vie en sociĂ©tĂ© dĂ©sir dâargent, de biens matĂ©riels, honneurs, luxe, exclusivitĂ© amoureuse⊠â Ă bannir On se rend bien vite compte, Ă la lumiĂšre de cette derniĂšre catĂ©gorie de plaisirs Ă bannir que la philosophie Ă©picurienne nâa rien Ă voir avec cette frĂ©nĂ©sie de plaisirs quâon a tendance Ă lui attribuer la confondant par lĂ avec lâhĂ©donisme. De fait, pour les Ă©picuriens, lâexpression vivre heureux » doit se conjuguer au prĂ©sent et rimer avec tempĂ©rance ». Pour eux, le bonheur est une rĂ©alisation de tous les instants, et une vie menĂ©e dans le plaisir naturel » Ă satisfaire et non dans le dĂ©sir. Les plaisirs ainsi dĂ©finis par Epicure comme Ă satisfaire sont des plaisirs paisibles, vides de craintes et de troubles. Ce sont les plaisirs qui permettent dâatteindre la paix, le repos Ă la fois de lâĂąme et du corps. Ce sont des plaisirs sans attente et sans inquiĂ©tude qui permettent dâatteindre lâaponie paix du corps, santĂ© et lâataraxie = quiĂ©tude, absence de trouble. Câest cette tranquillitĂ© de lâĂąme qui, dans lâAntiquitĂ©, on commence Ă le voir, est synonyme de bonheur, dâĂ©panouissement de lâhomme, tel que le sage sait le rĂ©aliser, et tel que tout homme devrait essayer de rĂ©aliser au quotidien. Vivre heureux consiste pour le philosophe antique Ă user de sa raison pour savoir quoi faire afin de ne pas souffrir et de vivre dans un Ă©tat de paix et dâharmonie permanente. On le comprend sans peine lâĂ©picurisme nâa rien Ă voir avec lâhĂ©donisme = la recherche constante dâune jouissance immĂ©diate et intense. Pour les sobres Ă©picuriens, le mouvement et lâagitation, la frĂ©nĂ©sie accompagnant nĂ©cessairement lâactivitĂ© hĂ©doniste ne sont que lâexpression et la preuve dâun manque, dâune lassitude, dâun ennui, dâun esprit tourmentĂ© et dâun dĂ©sir insatiable. Afin de bien choisir les plaisirs Ă satisfaire, il faut user de la prudence » phronĂȘsis, câest-Ă -dire discerner le bien besoins naturels du mal plaisirs artificiels ou culturels, qui sont Ă fuir. Pour les Ă©picuriens, le bonheur consiste donc dans la satisfaction modĂ©rĂ©e des plaisirs simples et naturels autant spirituels que physiques sensibles. Le sage, modĂšle de mesure et de raison, rĂ©unit plaisir, raison et vertu. Il importe donc que lâhomme apprenne Ă rĂ©gler ses dĂ©sirs selon la nature et Ă se contenter de ceux qui sont nĂ©cessaires. Il importe de ne pas sâencombrer de dĂ©sirs supplĂ©mentaires superflus. Il faut bannir lâintempĂ©rance, lâexcĂšs, le dĂ©sir de dĂ©mesure et lâaccumulation. Epicure contente-toi de satisfaire tes besoins naturels et tu seras heureux ». Partant, quand nous disons que le plaisir est le but de la vie, il ne sâagit pas des plaisirs dĂ©rĂ©glĂ©s ni des jouissances luxurieuses ainsi que le prĂ©tendent encore ceux qui ne nous connaissent pas, nous comprennent mal ou sâopposent Ă nous. Par plaisir, câest bien lâabsence de douleur dans le corps et de trouble dans lâĂąme quâil faut entendre. Car la vie de plaisir ne se trouve point dans dâincessants banquets et fĂȘtes, ni dans la frĂ©quentation de jeunes garçons et de femmes, ni dans la saveur des poissons et des autres plats qui ornent les tables magnifiques, elle est dans la tempĂ©rance, lorsquâon poursuit avec vigilance un raisonnement, cherchant les causes pour le choix et le refus, dĂ©laissant lâopinion, qui avant tout fait le dĂ©sordre de lâĂąme. » Ăpicure, Lettre Ă MĂ©nĂ©cĂ©e, IIIe siĂšcle avant Il faut satisfaire uniquement les dĂ©sirs naturels et nĂ©cessaires, les autres dĂ©sirs Ă©tant vains. Ce type de bonheur est trĂšs simple, puisquâil sâagit dâune absence de troubles de lâĂąme. Il faut fuir les dĂ©sirs dĂ©mesurĂ©s et privilĂ©gier un bonheur simple et modĂ©rĂ©. D â SynthĂšse Le bonheur est ainsi prĂ©sentĂ© dans ces philosophies comme une finalitĂ©, mais une finalitĂ© accessible, rĂ©aliste, fondĂ©e sur la raison, et non une utopie irrĂ©aliste et hors dâaccĂšs, un idĂ©al de lâimagination engendrant manques et vains espoirs comme le commun des mortels le pense. Le bonheur est pour ces diverses Ă©coles philosophiques un accomplissement, un processus, une enquĂȘte intĂ©rieure. Lâhomme est acteur, partie prenante de son propre bonheur. Il ne doit pas attendre passivement un bon-heur », câest-Ă -dire une chance tombant du ciel heur » = lâoccasion, le hasard, la chanceâŠ, mais le rĂ©aliser lui-mĂȘme. Le bonheur dĂ©coule nĂ©cessairement dâun choix de vie, il consiste en une dĂ©cision se prendre en charge pour construire soi-mĂȘme son bonheur. Le bonheur alors peut ĂȘtre absence dâangoisses et de manques. Epicure ce nâest pas du moment le plus long que jouit le sage, mais le temps le plus agrĂ©able ». Beaucoup de philosophies se sont donc attachĂ©es Ă tenter de maĂźtriser et dâĂ©radiquer les dĂ©sirs, espoirs, et attentes de lâhomme, tous considĂ©rĂ©s comme nĂ©fastes pour lui tant lâhomme est faible face Ă eux. III â LES PHILOSOPHIES DU PLAISIR Ă la mĂȘme Ă©poque, les hĂ©donistes sont les premiers philosophes Ă vouloir, au contraire, donner aux dĂ©sirs toute leur force et tout lâaccroissement possible. A â LâhĂ©donisme Philosophie de la GrĂšce antique fondĂ©e par Aristippe de CyrĂšne, au IVe s. avant JC, lâhĂ©donisme fait du plaisir le souverain bien de lâhomme, substituant ainsi le plaisir au bonheur. Le nom hĂ©donisme » vient du grec hedonĂȘ » = plaisir. La façon de vivre des hĂ©donistes consiste ainsi en une recherche immodĂ©rĂ©e des plaisirs. Au sens courant banal, un hĂ©doniste peut aller jusquâĂ sacrifier toute moralitĂ© au plaisir. Aristippe de CyrĂšne Pour bien vivre, et pour vivre librement, il faut laisser prendre Ă ses passions tout lâaccroissement possible, au lieu de les rĂ©primer, et, quand elles ont atteint toute leur force, ĂȘtre capable de leur donner satisfaction ⊠et de remplir tous ces dĂ©sirs mesure quâils Ă©closent. » On sâen doute, on se condamne lĂ Ă une course effrĂ©nĂ©e et une ronde sans fin de dĂ©sirs, de pulsions et de tentations Ă assouvir. B â Le libertinage Les libertins furent tout dâabord des philosophes et des hommes du XVIIe s. premiĂšre moitiĂ© du siĂšcle, pĂ©riode baroque. Ils dĂ©veloppĂšrent une philosophie matĂ©rialiste les conduisant Ă adopter des comportements jugĂ©s parfois parfaitement immoraux. En termes de philosophie, les libertins reprennent les conceptions atomistes et matĂ©rialistes de DĂ©mocrite et Epicure. Si tout est matiĂšre, tout est rĂ©gi par les lois naturelles et physiques de la matiĂšre ; il nây a donc pas dâau-delĂ ; la seule vie dont puissent donc jouir les hommes est donc une vie terrestre. Les libertins sont donc gĂ©nĂ©ralement athĂ©es, voire anticlĂ©ricaux, et leur devise est de profiter de la seule existence dont ils disposent, lâexistence terrestre, ainsi que de tous les fruits quâelle propose. Le libertin est donc constamment ouvert aux satisfactions des plaisirs et du corps. Pour en savoir plus sur le libertinage littĂ©raire et philosophique, je vous invite Ă lire mon article sur le sujet, ainsi que mes synthĂšses sur la vie de Casanovases mĂ©moiresle personnage de Dom Juanle marquis de Sadeles Liaisons dangereuses C â Un rĂ©sumĂ© de ces deux positions opposĂ©es le dialogue de Gorgias Platon Ce dialogue de Platon Gorgias permet de rappeler lâopposition entre Socrate partisan de la tempĂ©rance et de la raison et CalliclĂšs partisan du dĂ©sir Ă outrance Socrate ConsidĂšre si tu ne pourrais pas assimiler chacune des deux vies, la tempĂ©rante et lâincontinente, au cas de deux hommes, dont chacun possĂ©derait de nombreux tonneaux, lâun des tonneaux en bon Ă©tat et remplis, celui-ci de vin, celui-lĂ de miel, un troisiĂšme de lait et beaucoup dâautres remplis dâautres liqueurs, toutes rares et coĂ»teuses et acquises au prix de mille peines et de difficultĂ©s ; mais une fois ses tonneaux remplis, notre homme nây verserait plus rien, ne sâen inquiĂ©terait plus et serait tranquille Ă cet Ă©gard. Lâautre aurait, comme le premier, des liqueurs quâil pourrait se procurer, quoique avec peine, mais nâayant que des tonneaux percĂ©s et fĂȘlĂ©s, il serait forcĂ© de les remplir jour et nuit sans relĂąche, sous peine des plus grands ennuis. Si tu admets que les deux vies sont pareilles au cas de ces deux hommes, est-ce que tu soutiendras que la vie de lâhomme dĂ©rĂ©glĂ© est plus heureuse que celle de lâhomme rĂ©glĂ© ? Mon allĂ©gorie tâamĂšne-t-elle Ă reconnaĂźtre que la vie rĂ©glĂ©e vaut mieux que la vie dĂ©rĂ©glĂ©e, ou nâes-tu pas convaincu ? CalliclĂšs Je ne le suis pas, Socrate. Lâhomme aux tonneaux pleins nâa plus aucun plaisir, et câest cela que jâappelais tout Ă lâheure vivre Ă la façon dâune pierre, puisque, quand il les a remplis, il nâa plus ni plaisir ni peine ; mais ce qui fait lâagrĂ©ment de la vie, câest dây verser le plus quâon peut. [âŠ] Mais voici ce qui est beau et juste suivant la nature, je te le dis en toute franchise pour bien vivre, il faut entretenir en soi-mĂȘme les plus fortes passions au lieu de les rĂ©primer, et, quand elles ont atteint toute leur force, il faut ĂȘtre capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses dĂ©sirs Ă mesure quâils Ă©closent. [âŠ] [L]e luxe, lâintempĂ©rance et la libertĂ©, quand ils sont soutenus par la force, constituent la vertu et le bonheur. » IV â DE LâINCAPACITE DE LâHOMME Ă ETRE HEUREUX⊠PAR LA VOIE DU DESIR A â De la diffĂ©rence entre plaisir/divertissement et bonheur Le divertissement pour lâhomme est le moyen dâĂ©viter lâennui mais ce nâest pas selon Pascal ce qui permet dâĂȘtre heureux. Pour Pascal, câest en affrontant lâennui et non en le fuyant, et câest en sĂ©journant auprĂšs du nĂ©gatif que lâon devient plus fortement et plus solidement heureux. Lâhomme, en se rĂ©fugiant dans le plaisir Ă©phĂ©mĂšre, dans lâamusement et dans les distractions, sâĂ©loigne selon lui du vrai bonheur. Le plaisir des divertissements ne se dĂ©finit que par rapport Ă lâennui, ce fameux ennui quâon cherche Ă fuir sans cesse. Car le point de rĂ©fĂ©rence du plaisir, paradoxalement, câest, prĂ©cisĂ©ment, lâennui. Lâamusement, par phobie de lâennui, rend lâennui compagnon de notre vie tout entiĂšre et ne fait que souligner lâomniprĂ©sence de lâennui dans notre vie. Le divertissement est le moyen habituel de se dĂ©tourner de ses malheurs quand ils sâamusent, les hommes croient ĂȘtre heureux, mais ce nâest quâun leurre, une illusion. Ils nâatteignent pas la tranquillitĂ© de lâĂąme. La sociĂ©tĂ© du divertissement et la sociĂ©tĂ© de consommation qui se sont créées rĂ©cemment reflĂštent cette idĂ©e couramment rĂ©pandue selon laquelle le bonheur rĂ©side dans les plaisirs et les avoirs. Or, en se divertissant de diverter = se dĂ©tourner », en latin de ses problĂšmes, lâhomme se dĂ©tourne Ă©galement du vrai bonheur = lâataraxie, la paix de lâĂąme sur le long terme. Dâautant que le plaisir vient dâailleurs et de dehors » Pascal et quâĂ ce titre, il nâest ni issu de notre intĂ©rioritĂ©, ni sous notre contrĂŽle, et se trouve donc Ă la fois alĂ©atoire, inconstant et fragile. On le constate le dĂ©sir et le plaisir ont plus souvent Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme des tyrans Ă©loignant lâhomme de la sagesse, de la raison et du bonheur que lâinverse. Plaisir/JoieBonheurFaux bonheur Compensation et consolation de lâhomme de sa condition humaine misĂ©rable et du vide de son existence Sensation Ă©phĂ©mĂšre Source externeVrai bonheurGuĂ©rison Bien-ĂȘtre durable Interne DĂ©finition du divertissement Du latin divertere = se dĂ©tourner de sa condition dâhomme, de ses contraintes, de ses soucis⊠Action de se distraire pour se changer les idĂ©es. Pascal traita beaucoup, dans ses PensĂ©es, la fonction du divertissement ; celui-ci est extĂ©rieur, il faut aller le chercher, il vient de lâextĂ©rieur. Mais pour Pascal, le divertissement est illusoire, artificiel, car il ne nous procure quâune joie Ă©phĂ©mĂšre ; il nous rĂ©jouit, mais la joie nâest pas bonheur car elle nâest que passagĂšre quand le bonheur se veut durable. En outre, pour Pascal, aussi bien lâamour-propre que lâimagination ou le divertissement sont des moyens quâa lâhomme pour se dĂ©rober Ă lâangoisse mĂ©taphysique. Le divertissement est censĂ© nous Ă©loigner de la pensĂ©e du nĂ©ant qui menace toute vie, du temps qui la ruine peu Ă peu, et de la mort, qui doit ĂȘtre son aboutissement inĂ©vitable. Se divertir signifie effectivement, au sens Ă©tymologique du terme, se dĂ©tourner de quelque chose », que ce soit par le biais dâune activitĂ© de plaisir, dâun simple jeu, dâune simple occupation, ou au contraire dâune besogne accaparante, de lâespoir de vaincre, de rĂ©ussir⊠Le tout est dâoccuper tout notre esprit, notre volontĂ©, et de canaliser nos pensĂ©es et notre attention. Le divertissement permet ainsi de fuir cette angoisse, cette inquiĂ©tude qui sâempare de lâhomme dĂšs que celui-ci se retrouve seul, dĂ©sĆuvrĂ©, dĂšs quâil se repose, dĂšs que ses pensĂ©es sont libres de vagabonder jusquâĂ ces sujets angoissants. En focalisant toute notre attention sur lâobjet de notre distraction, nous cherchons Ă nous dĂ©connecter de ces pensĂ©es inquiĂ©tantes et Ă oublier lâabsurditĂ© de notre condition dâhommes. Le divertissement nous amuse, et nous fait arriver insensiblement Ă la mort » Ă©crit Pascal ; la seule chose qui nous console de nos misĂšres est le divertissement, et cependant câest la plus grande de nos misĂšres. » Fragments des PensĂ©es de Pascal sur le bonheur Les hommes nâayant pu guĂ©rir la mort, la misĂšre, lâignorance, ils se sont avisĂ©s pour se rendre heureux de nây point penser. Nonobstant ces misĂšres ils veulent ĂȘtre heureux, ne veulent ĂȘtre quâheureux, et ne peuvent que vouloir lâĂȘtre⊠» Quand je me suis mis quelquefois Ă considĂ©rer les diverses agitations des hommes, et les pĂ©rils et les peines oĂč ils sâexposent dans la Cour, dans la guerre dâoĂč naissent tant de querelles, de passions, dâentreprises hardies et souvent mauvaises⊠jâai dit souvent que tout le malheur des hommes vient dâune seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambreâŠMais quand jâai pensĂ© de plus prĂšs et quâaprĂšs avoir trouvĂ© la cause de tous nos malheurs, jâai voulu en dĂ©couvrir les raisons, jâai trouvĂ© quâil y en a une bien effective qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle et si misĂ©rable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de prĂšs. » Lâunique bien des hommes consiste donc Ă ĂȘtre divertis de penser Ă leur condition ou par une occupation qui les en dĂ©tourne, ou par quelque passion agrĂ©able et nouvelle qui les occupe, ou par le jeu, la chasse, quelque spectacle attachant, et enfin par ce quâon appelle divertissementâŠDe lĂ vient que les hommes aiment tant le bruit et le remuement. De lĂ vient que la prison est un supplice si horrible, de lĂ vient que le plaisir de la solitude est une chose incomprĂ©hensible⊠Le roi est environnĂ© de gens qui ne pensent quâĂ divertir le roi et Ă lâempĂȘcher de penser Ă lui. Car il est malheureux tout roi quâil est sâil y les hommes qui sentent naturellement leur condition nâĂ©vitent rien tant que le repos. . . Toutefois, leur faute nâest pas en ce quâils cherchent le tumulte â sâils ne le cherchaient que comme un divertissement cela pourrait se comprendre- le mal est quâils le recherchent comme si la possession des choses quâils recherchent les devait rendre vĂ©ritablement heureux, et câest en quoi on a raison dâaccuser leur recherche de vanité⊠Ils ne savent pas que ce nâest que la chasse et non la prise quâils recherchent⊠» On charge les hommes dĂšs lâenfance ⊠des charges et des affaires qui les font tracasser dĂšs la pointe du jour. VoilĂ direz-vous une Ă©trange maniĂšre de les rendre heureux ; que pourrait-on faire de mieux pour les rendre malheureux ? Comment, ce quâon pourrait faire il ne faudrait que leur ĂŽter tous ces soucis, car alors ils se verraient, ils penseraient Ă ce quâils sont, dâoĂč ils viennent et oĂč ils vont⊠Câest pourquoi, aprĂšs leur avoir tant prĂ©parĂ© dâaffaires, sâils ont quelque temps de relĂąche, on leur conseille de lâemployer Ă se ces misĂšres il veut ĂȘtre heureux et ne veut ĂȘtre quâheureux, et ne peut ne vouloir pas lâĂȘtre. Mais comment sây prendra-t-il ? Il faudrait pour bien faire quâil se rendĂźt immortel, mais ne le pouvant il sâest avisĂ© de sâempĂȘcher dây penser. La seule chose qui nous console de nos misĂšres est le divertissement. Et cependant câest la plus grande de nos misĂšres. Car câest cela qui nous empĂȘche principalement de songer Ă nous, et qui nous fait perdre insensiblement. Sans cela nous serions dans lâennui, et cet ennui nous pousserait Ă chercher un moyen plus solide dâen sortir, mais le divertissement nous amuse et nous fait arriver insensiblement Ă la mort. » Nous ne nous tenons jamais au temps prĂ©sent. Nous anticipons lâavenir comme trop lent Ă venir, comme pour hĂąter son cours ; ou nous rappelons le passĂ© pour lâarrĂȘter comme trop prompt, si imprudents que nous errons dans les temps qui ne sont point nĂŽtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient, et si vains que nous songeons Ă ceux qui ne sont rien, et Ă©chappons sans rĂ©flexion le seul qui subsiste. Câest que le prĂ©sent dâordinaire nous blesse. Nous le cachons Ă notre vue parce quâil nous afflige et sâil nous est agrĂ©able nous regrettons de le voir Ă©chapper. Nous tĂąchons de le soutenir par lâavenir, et pensons Ă disposer les choses qui ne sont pas en notre puissance pour un temps oĂč nous nâavons aucune assurance dâarriver. Que chacun examine ses pensĂ©es. Il les trouvera toutes occupĂ©es au passĂ© ou Ă lâavenir. Nous ne pensons presque point au prĂ©sent, et si nous y pensons ce nâest que pour en prendre la lumiĂšre pour disposer de lâavenir. Le prĂ©sent nâest jamais notre fin. Le passĂ© et le prĂ©sent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espĂ©rons de vivre, et nous disposant toujours Ă ĂȘtre heureux il est inĂ©vitable que nous ne le soyons jamais. » â NB 1 concept liĂ© Ă cette notion de divertissement lâamusement Amusement mot employĂ© par Aristote pour renvoyer au divertissement au sens large. Deux sens au mot amusement Action de sâamuser, distraction, dĂ©tente, divertissementLe sentiment de plaisir, de gaietĂ©, Ă©prouvĂ© Ă©phĂ©mĂšrement par celui qui sâamuse. Sentiment plaisant de dĂ©contraction. â NB 2 Ă©galement liĂ© Ă cette notion le loisir Loisir ce qui divertit, distrait, dĂ©tend. Le loisir renvoie Ă la notion de dĂ©contraction liĂ©e Ă celle du temps, comme cela peut sâobserver dans les expressions Ă loisir », tout Ă loisir » = Ă son aise, sans hĂąte, sans se presser, en prenant son temps heures de loisir » = temps libre avoir tout le loisir de » = disposer du temps nĂ©cessaire pour faire quelque chose Ă loisir » = au choix, Ă volontĂ© LibertĂ©, occasion et temps sont donc les trois conditions pour que le loisir ait lieu. Au sens vulgaire, les loisirs sont les divertissements, les activitĂ©s facultatives auxquelles on se livre pendant ses moments de libertĂ©, soit son temps libre, en-dehors des obligations et des devoirs. Au sens philosophique, le loisir Ă©tait lâotium = lâoisivetĂ©, le loisir dâapprendre, de sâinstruire, de se cultiver, dâĂ©lever son Ăąme, sans contraintes, loisir auquel sâadonnait lâaristocratie, libĂ©rĂ©e du travail. Lâotium latin avait pour Ă©quivalent le scholĂš grec qui a donnĂ© les mots Ă©cole », scolaire » et leurs dĂ©rivĂ©s en français. Le negotium, au contraire, Ă©tait le fait de la bourgeoisie et de la classe des travailleurs le travail le nĂ©goce ». â NB 3 le jeu Le jeu est une activitĂ© libre qui ne vise aucune fin utilitaire ; il est gratuit, en ce sens quâil nâest mis au service dâaucun gain dâargent. Il a pour seul but de procurer le plaisir. On sây adonne pour se distraire et en tirer du plaisir. Le jeu appartient au domaine des activitĂ©s ludiques non obligatoires et sans finalitĂ©s autres que le plaisir. Il est important pour le dĂ©veloppement intellectuel, physique, affectif, crĂ©atif etc. de lâenfant. Il est important pour les adultes dans le cadre du processus de socialisation. Point de vue dâAristote sur lâamusement Le bonheur ne consiste pas dans lâamusement ; il serait absurde que lâamusement fĂ»t le but de la vie ; il serait absurde de travailler durant toute sa vie et de souffrir rien quâen vue de sâamuser. On peut dire, en effet, de toutes les choses du monde, quâon ne les dĂ©sire jamais que pour une autre chose, exceptĂ© toutefois le bonheur ; car câest lui qui est le but. Mais sâappliquer et se donner de la peine, encore une fois, uniquement pour arriver Ă sâamuser, cela paraĂźt aussi par trop insensĂ© et par trop puĂ©ril. Selon Anacharsis, il faut sâamuser pour sâappliquer ensuite sĂ©rieusement, et il a entiĂšrement raison. Lâamusement est une sorte de repos ; et comme on ne saurait travailler sans relĂąche, le repos est un besoin. Mais le repos nâest certes pas le but de la vie ; car il nâa jamais lieu quâen vue de lâacte quâon veut accomplir plus tard. La vie heureuse est la vie conforme Ă la vertu ; et cette vie est sĂ©rieuse et appliquĂ©e ; elle ne se compose pas de vains amusements. Les choses sĂ©rieuses paraissent en gĂ©nĂ©ral fort au-dessus des plaisanteries et des badinages ; et lâacte de la partie la meilleure de nous, ou de lâhomme le meilleur, passe toujours aussi pour lâacte le plus sĂ©rieux. Or, lâacte du meilleur vaut mieux aussi par cela mĂȘme ; et il donne plus de bonheur. » B â Rousseau la sociĂ©tĂ© crĂ©e le dĂ©sir et rend tout bonheur impossible Selon Rousseau, dans son Discours sur lâorigine et les fondements de lâinĂ©galitĂ© parmi les hommes, lâhomme Ă lâĂ©tat de nature est heureux. Dans cet Ă©tat fictif, lâhomme est solitaire, sans souci dâautrui, sans imagination, sans fantasme et a pour seule prĂ©occupation la satisfaction de ses besoins naturels, ce quâil parvient aisĂ©ment Ă faire idĂ©e dâun Ăąge dâor, dâune humanitĂ© primitive et dâun bonheur simple et facile. Il peut peu et veut peu ; son monde se cantonne aux limites spatiales et temporelles de son corps. Selon lui, tout le drame vient en fait de la vie en sociĂ©tĂ© car câest avec la crĂ©ation de celle-ci et les processus de comparaison, dâinfluence dâautrui et de dĂ©multiplication des possibilitĂ©s que les dĂ©sirs se multiplient, crĂ©ant un dĂ©calage entre les moyens dont disposent les hommes pour les satisfaire et le nombre de leurs dĂ©sirs, et rendant donc la satisfaction de tous les nouveaux, divers et variĂ©s dĂ©sirs de lâhomme impossibles, le propre de ces dĂ©sirs Ă©tant dâĂȘtre infinis et illimitĂ©s. Il existerait donc un dĂ©calage trop grand entre la multiplicitĂ© et la diversitĂ© des dĂ©sirs en particulier dans les sociĂ©tĂ©s de consommation actuelles et les moyens auxquels les individus ont accĂšs pour les satisfaire la satisfaction de leurs dĂ©sirs allant mĂȘme, dans bien des cas, jusquâĂ dĂ©pendre du bon vouloir ou des compĂ©tences dâautrui ; ainsi, le bonheur ne saurait passer par la satisfaction de tous les dĂ©sirs ou alors, il sâagirait dâune entreprise par dĂ©finition vouĂ©e Ă lâĂ©chec. Si lâhomme veut ĂȘtre heureux, il devrait alors tenter de retrouver une certaine simplicitĂ© dans son existence, un Ă©tat le plus proche possible de cet Ă©tat de nature » fictif. C â Le dĂ©sir dans la sociĂ©tĂ© de consommation actuelle aux antipodes du bonheur Hobbes Ă©crit Il ne faut pas ĂȘtre Ă©merveillĂ© que les dĂ©sirs des hommes aillent en augmentant au fur et Ă mesure quâils acquiĂšrent plus de richesses, dâhonneurs ou de pouvoirs. » ; la fĂ©licitĂ©, par laquelle nous entendons le plaisir continuel, ne consiste point Ă avoir rĂ©ussi mais Ă rĂ©ussir. » Dans notre sociĂ©tĂ© de consommation, tout ou presque est devenu objet de dĂ©sir. Le dĂ©sir de chacun peut se porter sur de plus en plus dâobjets multiples et variĂ©s sâoffrant Ă lui, de nouveaux objets de dĂ©sir susceptibles dâattiser cette soif de dĂ©sirs qui est en profondĂ©ment ancrĂ©e en lâhomme. Dans une sociĂ©tĂ© de consommation, lâhomme ne consomme plus ce dont il a besoin ; il consomme tout ce dont il a envie. Il paraĂźt alors vain et insensĂ© de prĂ©tendre modĂ©rer et limiter sa consommation puisque, nous lâavons vu, les concepts mĂȘmes de raison et de modĂ©ration sont incompatibles avec celui de dĂ©sir. Selon Baudrillard, de plus en plus dâobjets sont susceptibles de stimuler et dâaccaparer les dĂ©sirs de lâhomme. Mais cela conduit lâhomme Ă ne jamais vivre au prĂ©sent, Ă ne jamais profiter du jour prĂ©sent, Ă vivre dans le futur, dans lâennui, la lassitude, le dĂ©goĂ»t et le mĂ©pris du prĂ©sent, les espoirs incessants, les insatisfactions chroniques, les manques⊠D â Quelques citations Le DalaĂŻ-Lama Les hommes sont surprenants⊠ils perdent la santĂ© pour accumuler de lâargent, ensuite ils perdent de lâargent pour retrouver la santĂ©. Et Ă penser anxieusement au futur, ils oublient le prĂ©sent de telle sorte quâils finissent par ne vivre ni le prĂ©sent ni le futur. Ils vivent comme sâils nâallaient jamais mourir, et meurent comme sâils nâavaient jamais vĂ©cu. » Schopenhauer Lorsque je suis en vie, je devrais mâestimer heureux, mais voulant toujours avoir davantage, jâai du mal Ă apprĂ©cier ce que je possĂšde et je commence Ă lâapprĂ©cier quand je ne lâai plus. » Lâhomme est incapable dâĂȘtre heureux parce quâil vit sous la dictĂ©e de ses dĂ©sirs. Pour Schopenhauer, nous passons de la souffrance du dĂ©sir Ă la souffrance de lâennui puis de la souffrance de lâennui Ă celle du dĂ©sir. Schopenhauer toujours Le Monde comme volontĂ© et comme reprĂ©sentation, 1818 Le dĂ©sir satisfait fait place aussitĂŽt Ă un nouveau dĂ©sir. Comme une aumĂŽne quâon jette Ă un mendiant, elle lui sauve la vie aujourdâhui pour prolonger sa misĂšre jusquâĂ demain. » Le dĂ©sir fait de lâexistence une souffrance perpĂ©tuelle, un balancement incessant entre manque et courte satisfaction. Le dĂ©sir semble donc ĂȘtre un mouvement sans fin, qui conduit lâhomme Ă la souffrance. Locke Man is uneasy. » Lâhomme est submergĂ© de manques Ă combler qui lâentraĂźnent dans une spirale infernale dâespoirs, de craintes, dâinquiĂ©tudes, de sensations de vide et dâangoisses mĂ©taphysiques. Comte-Sponville Nous nâen finissons pas de dĂ©sirer. Choisissant indĂ©finiment une chose en vue dâune autre, nous ne connaissons ni contentement, ni repos. » E â Le mot de la fin pour Schopenhauer Tout vouloir procĂšde dâun besoin, câest-Ă -dire dâune privation, câest-Ă -dire dâune souffrance. La satisfaction y met fin ; mais pour un dĂ©sir qui est satisfait, dix au moins sont contrariĂ©s ; de plus, le dĂ©sir est long, et ses exigences tendent Ă lâinfini ; la satisfaction est courte, et elle est parcimonieusement mesurĂ©e. Mais ce contentement suprĂȘme nâest lui-mĂȘme quâapparent ; le dĂ©sir satisfait fait place aussitĂŽt Ă un nouveau dĂ©sir ; le premier est une dĂ©ception reconnue, le second est une dĂ©ception non encore reconnue. La satisfaction dâaucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltĂ©rable. Câest comme lâaumĂŽne quâon jette Ă un mendiant elle lui sauve aujourdâhui la vie pour prolonger sa misĂšre jusquâĂ demain. â Tant que notre conscience est remplie par notre volontĂ©, tant que nous sommes asservis Ă lâimpulsion du dĂ©sir, aux espĂ©rances et aux craintes continuelles quâil fait naĂźtre, tant que nous sommes sujets du vouloir, il nây a pour nous ni bonheur durable, ni repos. Poursuivre ou fuir, craindre le malheur ou chercher la jouissance, câest en rĂ©alitĂ© tout un ; lâinquiĂ©tude dâune volontĂ© toujours exigeante, sous quelque forme quâelle se manifeste, emplit et trouble sans cesse la conscience ; or sans repos le vĂ©ritable bonheur est impossible. Ainsi le sujet du vouloir ressemble Ă Ixion attachĂ© sur une roue qui ne cesse de tourner, aux DanaĂŻdes qui puisent toujours pour emplir leur tonneau, Ă Tantale Ă©ternellement altĂ©rĂ©. » Schopenhauer, Le Monde comme volontĂ© et comme reprĂ©sentation CONCLUSION AprĂšs ce procĂšs en rĂšgle du dĂ©sir, voyons Ă prĂ©sent dans une 3e partie comment le dĂ©sir sâest trouvĂ© rĂ©habilitĂ© par plusieurs philosophes de lâĂ©poque moderne et contemporaine⊠en tant que vĂ©ritable moteur et source de crĂ©ation ! âââ Texte c AurĂ©lie DeprazImage Pixabay Tagged dĂ©sir, philosophie
Citationsfrançaises des qu'un homme cherche Ă trouver le bonheur - Page 3 : Je suis le captif des mille ĂȘtres que j'aime. Cherchez ici une citation ou un auteur Proverbes; Dictons; Auteurs; ThĂšmes; ThĂšmes voir tous; Toux; Plus; Tout; Vers ; Homme; Hommes; ĂȘtre; Voix; Sens; Amour; Jour; Jours; Amis; Gens; Comme; Auteurs voir tous Jacques Amyot 1593 Ă 80 ans Victor Hugo
Le bonheur est le bien suprĂȘme. Dans son Ăthique Ă Nicomaque, Aristote constate que les hommes souhaitent tous ĂȘtre heureux. Il sâinterroge donc sur le Bien, le principe et la cause de tous les biens particuliers, afin de dĂ©terminer si le bonheur est un don des dieux ou bien sâil est le fruit dâun apprentissage. Lettre Ă MĂ©nĂ©cĂ©e, Ăpicure RĂ©sumĂ© dĂ©taillĂ© blog Le bonheur est lâobjet de prĂ©jugĂ©s. Aristote part de lâidĂ©e selon laquelle tous les hommes recherchent le bonheur. En effet, tout le monde â les individus Ă©clairĂ©s comme les gens vulgaires â entend la mĂȘme chose par le mot bonheur » câest le bien suprĂȘme. Lâopinion commune considĂšre que bien vivre et bien agir sont synonyme dâĂȘtre heureux. Dans le dĂ©tail, cependant, les conceptions varient selon le niveau de sagesse, lâĂ©tat de santĂ© la maladie donne une autre perspective, ou encore lâĂ©tat dâesprit. En particulier, le philosophe ne partage pas les prĂ©jugĂ©s de la jeunesse, qui vit sous lâemprise de la passion, et plus gĂ©nĂ©ralement ceux de lâhomme ordinaire. Celui-ci se trompe parce quâil confond le genre de vie avec le vĂ©ritable but de la vie humaine Lâon confond ordinairement, explique Aristote, lâhomme heureux avec lâhomme qui se conduit bien et rĂ©ussit ; et ce quâon appelle alors le bonheur, câest une sorte de succĂšs et dâhonnĂȘtetĂ© » Ăthique Ă Nicomaque. Les prĂ©jugĂ©s concernent Ă©galement lâĂ©chelle du bonheur lâopinion commune mĂ©connaĂźt la dimension collective du bonheur. Ă la vĂ©ritĂ©, le bien politique a une valeur supĂ©rieure au bien individuel, car le Bien est toujours plus beau, plus divin lorsquâil sâapplique Ă toute une nation, Ă des Ătats entiers. Câest pourquoi, aux yeux dâAristote, le bonheur relĂšve de la science politique, la plus fondamentale de toutes ». La RĂ©publique, Platon RĂ©sumĂ© dĂ©taillĂ© blog Aristote lie bonheur Ă la vertu Le bonheur ne dĂ©pend pas des biens extĂ©rieurs. Aristote le dĂ©montre en distinguant trois genres de vie 1° la vie de jouissances matĂ©rielles, 2° la vie politique ou publique, et 3° la vie intellectuelle. Le premier genre de vie demande de sâenrichir ; or, cette ambition contraint lâhomme Ă lutter continuellement et Ă sacrifier par-lĂ le calme de lâĂąme. La richesse nâest pas le bonheur, elle nâest quâun moyen pour atteindre dâautres fins. Câest pourtant le genre de vie prisĂ© par la majoritĂ© comme par les dirigeants La plupart des hommes, tels quâils se montrent, pose Aristote, sont de vĂ©ritables esclaves, choisissant par goĂ»t une vie de brutes ; et ce qui leur donne quelque raison et semble les justifier, câest que le plus grand nombre de ceux qui sont au pouvoir nâen profitent dâordinaire que pour se livrer Ă des excĂšs dignes de Sardanapale[1] » Ăthique Ă Nicomaque. Le deuxiĂšme genre de vie sert la recherche de la gloire, qui consiste en derniĂšre instance, pour lâindividu, Ă obtenir la confirmation par autrui de sa propre valeur. Or, on recherche le vĂ©ritable bonheur pour lui-mĂȘme. Tous les philosophes sont dâaccord sur lâidĂ©e selon laquelle les biens vĂ©ritables sont les biens de lâĂąme. La famille, les amis, la richesse, ou encore lâinfluence politique sont certes dâ utiles accessoires du bonheur », mais il ne faut pas confondre la fortune et le bonheur. Pour Aristote, ce ne sont pas les inĂ©vitables vicissitudes de la vie qui rendent lâhomme heureux ou malheureux. Le Manuel dâĂpictĂšte RĂ©sumĂ© dĂ©taillĂ© blog Le bonheur dĂ©pend fondamentalement de la vertu. Aristote commence par rĂ©futer Platon. Il affirme que le Bien nâest pas une IdĂ©e platonicienne parce quâil existe dans trois catĂ©gories il peut ĂȘtre une substance, une qualitĂ©, un objet ; parce quâil admet beaucoup dâacceptions ; parce quâil est lâobjet de plusieurs sciences la mĂ©decine comme la gymnastique ; et que le bien en soi nâest pas supĂ©rieur Ă un bien particulier visĂ© par un spĂ©cialiste telle la santĂ© Ă©tudiĂ©e par le mĂ©decin. Par rapport Ă son maĂźtre, Aristote cherche un bien accessible Ă lâhomme. Il induit la nature du bien gĂ©nĂ©ral Ă partir de celle dâun bien particulier. Tout comme le bien du mĂ©decin, de lâartisan, ou du musicien consiste Ă bien exĂ©cuter sa fonction, le bien gĂ©nĂ©ral rĂ©side dans la fin de lâacte, autrement dit dans la conformitĂ© Ă la raison. Cette gĂ©nĂ©ralisation signifie que le vĂ©ritable bonheur passe par une vie vertueuse. DĂšs lors, le bonheur nous est mĂȘme en quelque sorte accessible Ă tous ; car il est possible pour tout homme, Ă moins que la nature ne lâait rendu complĂštement incapable de toute vertu, dâatteindre au bonheur par une certaine Ă©tude et par des soins convenables » Ăthique Ă Nicomaque. LâĂ©tude de la vertu nâest certes pas une condition suffisante, mais nĂ©cessaire, pour ĂȘtre heureux. Aristote en conclut que le bonheur tient Ă trois choses pratiquer la vertu ; avoir le minimum des biens extĂ©rieurs ; pouvoir compter sur une prospĂ©ritĂ© durable. Les 12 rĂšgles pour une vie de Jordan Peterson blog [1] Roi assyrien dĂ©bauchĂ© qui se suicida avec sa favorite. . 329 337 173 203 24 63 126 177