Assassins Creed Unity : Dead Kings - Enigme 2 Supersoluce Suivre Cette vidĂ©o d'assassin's creed Unity Dead kings vous trouverez la solution de la seconde Ă©nigme durant la mĂ©moire 04 - RĂ©veiller les morts. Celle de la salle de droite qui consiste Ă  allumer certain brasĂ©ro prĂ©cis. Plus sur Assassin's Creed Unity Signaler PubliĂ© le 13/11/2014 Ă  1632, Mis Ă  jour le 14/11/2014 Ă  1512 Jean-Luc MĂ©lenchon, en dĂ©cembre 2013. LE SCAN POLITIQUE - Le dĂ©putĂ© europĂ©en voit dans le nouveau jeu vidĂ©o, dont l'action se dĂ©roule dans le Paris de 1789, un dĂ©nigrement de la grande RĂ©volution». Alexis CorbiĂšre, responsable du Parti de gauche, s'est lui aussi alarmĂ© sur son blog. Je suis Ă©coeurĂ© par cette propagande». InterrogĂ© par Le Scan sur la sortie du jeu vidĂ©o Assassin's Creed Unity, qui se plonge dans le Paris de 1789, Jean-Luc MĂ©lenchon ne cache pas son dĂ©pit sur la lecture proposĂ©e de la RĂ©volution française. Le dĂ©nigrement de la grande RĂ©volution est une sale besogne pour instiller davantage de dĂ©goĂ»t de soi et de dĂ©clinisme aux Français», assure l'ancien candidat Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle. Si l'on continue comme ça, il ne restera plus aucune identitĂ© commune possible aux Français Ă  part la religion et la couleur de peau».Le secrĂ©taire national du Parti de gauche Alexis CorbiĂšre lance lui aussi un avertissement aux futurs joueurs de la nouvelle production d'Ubisoft. À tous ceux qui vont acheter Assassin's Creed Unity, je leur souhaite un moment agrĂ©able, mais je leur dis aussi que le plaisir de jouer n'empĂȘche pas de rĂ©flĂ©chir. Jouer oui, mais ne vous laissez pas manipuler par ceux qui font de la propagande», Ă©crit sur son blog Alexis CorbiĂšre, par ailleurs professeur d' publie dans son texte la vidĂ©o de bande-annonce du jeu vidĂ©o, pour le moins sanglante. Elle [la vidĂ©o] reprend Ă  son compte tous les poncifs contre-rĂ©volutionnaires forgĂ©s depuis plus deux siĂšcles. Le peuple de Paris est prĂ©sentĂ© pour une cohorte brutale et sanguinaire, c'est lui qui produit la violence, toujours lui qui de façon aveugle fait couler le sang, notamment du bon roi dĂ©bonnaire», s'emporte Alexis CorbiĂšre, connu pour son combat en faveur de la RĂ©volution de 1789.» La vidĂ©o de bande-annonce du jeu Assassin's Creed UnitySurtout, ce qui semble irriter le militant de gauche, c'est la caricature la plus bestiale» qui reprĂ©sente Maximilien Robespierre, figure de la RĂ©volution adulĂ©e par Jean-Luc MĂ©lenchon. Cette vidĂ©o va mĂȘme jusqu'Ă  affirmer qu'avec lui il y eut des centaines de milliers de morts et des rues entiĂšres remplies de sang'», pointe Alexis CorbiĂšre. Pour lui, la RĂ©volution est reprĂ©sentĂ©e comme une monstruosité», un bain de sang incomprĂ©hensible, conduite par des brutes». Les crĂ©ateurs de ce jeu s'inscrivent donc dans ce courant idĂ©ologique de plus en plus prĂ©sent dans les mĂ©dias qui veut imposer au peuple français un autre regard sur la RĂ©volution française. C'est affligeant», regrette-t-il, demandant un dĂ©bat public sur la transmission de l'Histoire, notamment vers la jeunesse».Dans une interview accordĂ©e au Monde , le producteur associĂ© du jeu, Antoine Vimal du Monteil, prĂ©cise que la RĂ©volution n'est qu'une toile de fond» dans laquelle Ă©volue le hĂ©ros. Comme le prĂ©cise le journaliste, certains dĂ©tails du jeu sont anachroniques. C'est totalement assumĂ©. Assassin's Creed Unity est un jeu grand public, pas une leçon d'histoire», assure le producteur. L'histoire du jeu est avant tout une histoire d'amour et un dilemme cornĂ©lien».Reste que pour Alexis CorbiĂšre, du Parti de gauche, un jeu vidĂ©o peut ĂȘtre aussi le vecteur pour transmettre des idĂ©es et des valeurs culturelles. Dans la jeunesse il peut mĂȘme sans doute ĂȘtre plus efficace que tous les cours d'histoire que propose l'Education nationale». Cettepage concerne la mĂ©moire. Vous recherchez peut-ĂȘtre l'Ă©vĂ©nement. Les massacres de Septembre est la reprĂ©sentation virtuelle d'une mĂ©moire gĂ©nĂ©tique d'Arno Dorian, revĂ©cue par un InitiĂ© Ă  travers le Navigateur Helix. Arno retrouva NapolĂ©on Bonaparte dans l'espoir d'en apprendre davantage au sujet de FrĂ©dĂ©ric Rouille. Arno entra dans le cabinet de NapolĂ©on. NapolĂ©on: Ce Comment rĂ©soudre les 2 Ă©nigmes j'ai rien compris svp ? Il n'y a pas de soluce sur lenet donc je vous demande directement Merci Ok , L'Ă©nigme de droite SpoilAfficherMasqueril faut allumer les flambeaux de façon Ă  ce quel les 4 SEULS flambeaux allumĂ©s reprĂ©sente une croix chrĂ©tienne le bas est de la crois es tle flambeaux avec les inscriptions Si quelqu'un peut me dire l'Ă©nigme de gauche ... L'enigme de gauche c'est bien les dessins sur les murs de faces et tu dois appuyer avec ton pied sur les stĂšles? Si oui la combinaison est 3 1 2 4 La derniĂšres c'est celle ou il faut appuyer sur les stĂšles pour faire monter les gros pilliers ? Il suffit de faire monter les pilliers jusqu'Ă  ce que le sommet soit a la hauteur du symbole illuminĂ© celle de gauche bug ou c'est moi car 3 1 2 4 ne marche pas merci clement je suis coince en haut du pilier rt+a marche pas pour sauter en arriere Je suis aussi coincĂ© sur ce niveau comment faire Svpl jai essayer plusieurs fois mais rien n'y fait... Personne ne connais la solution ? pour l'enigme de gauche c'est bien 3 1 2 4 et l'enigme de droite haut bas gauche droite voila En commencant au premier brasier vous plantez pas Bonjour, Pour l'enigme de gauche, je sĂšche . 3, 1 2 et 4 en partant de la plaque de gauche = 1 ? merci En fait c'est bon j'Ă©tais pas assez rapide p merci j'arrive pas Ă©tre rapide avec cette vu a la 3eme personne ou arno au clavier est incontrĂŽlable Victime de harcĂšlement en ligne comment rĂ©agir ?

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UniversitĂ© de MontrĂ©al L’évolution des reprĂ©sentations des crimes sexuels et du harcĂšlement sexuel dans les tĂ©lĂ©sĂ©ries amĂ©ricaines de fiction post Metoo. Par Françoise Goulet-Pelletier DĂ©partement d’histoire de l’art et d’études cinĂ©matographiques FacultĂ© des arts et des sciences MĂ©moire prĂ©sentĂ© Ă  la FacultĂ© des Ă©tudes supĂ©rieures et postdoctorales en vue de l’obtention du grade de en Ă©tudes cinĂ©matographiques, option recherche. DĂ©cembre 2019 © Françoise Goulet-Pelletier, 2019 ii UniversitĂ© de MontrĂ©al UnitĂ© acadĂ©mique DĂ©partement d’histoire de l’art et d’études cinĂ©matographiques Ce mĂ©moire intitulĂ© L’évolution des reprĂ©sentations des crimes sexuels et du harcĂšlement sexuel dans les tĂ©lĂ©sĂ©ries amĂ©ricaines post Metoo. PrĂ©sentĂ© par Françoise Goulet-Pelletier A Ă©tĂ© Ă©valuĂ© par un jury composĂ© des personnes suivantes Isabelle Raynauld Directrice de recherche Marta Boni Membre du jury StĂ©fany Boisvert Membre du jury iii RĂ©sumĂ© Le mouvement social Metoo a bouleversĂ© les mƓurs et les façons de penser quant aux enjeux liĂ©s au harcĂšlement sexuel et aux abus sexuels. En effet, en automne 2017, une vague de dĂ©nonciations dĂ©ferle sur la place publique et peu Ă  peu, les frontiĂšres de ce qui est acceptable ou pas semblent se redĂ©finir au sein de plusieurs sociĂ©tĂ©s. En partant de cette constatation sociĂ©tale, nous avons cru remarquer une reprise des enjeux entourant le mouvement social Metoo dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es amĂ©ricaines de fiction. Ce mĂ©moire souhaite illustrer et analyser l’évolution des reprĂ©sentations des crimes sexuels et du harcĂšlement sexuel inspirĂ©e par le mouvement Metoo. En reprenant les grandes lignes de ce mouvement, cette Ă©tude s’attarde sur son impact sur la sociĂ©tĂ© nord-amĂ©ricaine. Cette Ă©tude se penche Ă©galement sur un cadre sociologique afin de constater le fonctionnement des reprĂ©sentations sociales et ainsi mieux saisir leur impact sur une sociĂ©tĂ© donnĂ©e. De plus, en comparant deux corpus tĂ©lĂ©visuels marquĂ©s par l’avant et l’aprĂšs Metoo, ce mĂ©moire dĂ©sire faire ressortir les points de similitudes et les disparitĂ©s entre ces deux pĂ©riodes Ă©vocatrices de bouleversement des mƓurs dans ce domaine. Une analyse filmique d’un Ă©pisode exemple complĂ©mente cette argumentation. Mots-clĂ©s Metoo, tĂ©lĂ©vision, reprĂ©sentations, crimes sexuels iv Abstract The social movement Metoo has changed the way people think about sexual harassment and sexual abuse issues. Indeed, in the fall of 2017, a wave of denunciations broke out in the public sphere and since, the boundaries of what is acceptable and what is not seem to have been redefined within several societies. Based on this societal observation, we thought we noticed a revival of the issues surrounding the social movement Metoo in American fiction television series. This paper aims to illustrate and analyze the evolution of representations of sexual crimes and sexual harassment inspired by the Metoo movement. Considering the key milestones of this movement, this study focuses on its impact on North American society. This study also looks at a sociological framework in order to observe the way social representations work and thus, better understand their impact on a given society. In addition, by comparing two television corpuses characterized by the before and the after Metoo, this paper wishes to highlight the points of similarities and disparities between these two periods evocative of the upheaval of morals around this issue. A film analysis of an episode example complements this argument. Keywords Metoo, television, representations, sex crimes v Table des matiĂšres RĂ©sumĂ© ...... iii Abstract ...... iv Table des matiĂšres ...... v Liste des tableaux ...... viii Liste des figures ...... ix Remerciements ...... xi Introduction ...... 1 Chapitre 1 – L’impact du mouvement Metoo ...... 5 EnquĂȘte journalistique les grandes lignes du mouvement Metoo ...... 5 Tarana Burke et les dĂ©buts de mouvements Metoo ...... 5 L’affaire Weinstein en trois dates importantes ...... 7 Le mouvement Metoo les points saillants ...... 12 Un Ă©veil collectif ...... 13 Hollywood ...... 15 Des hommes de pouvoir ...... 15 La narration au cƓur du mouvement Metoo ...... 17 Le mouvement Metoo au QuĂ©bec et la reprĂ©sentation des victimes mĂąles ...... 18 L’impact du mouvement dans les milieux de travail et backlash ...... 20 Impact du mouvement sur les mƓurs ...... 22 Impact du mouvement sur le systĂšme judiciaire ...... 23 Le harcĂšlement sexuel clarification ...... 26 Chapitre 2 – L’impact des reprĂ©sentations sociales ...... 29 vi Les bases de la thĂ©orie des reprĂ©sentations sociales par Durkheim, Moscovici, Moliner et Jodelet...... 29 La Cultivation Theory de George Gerbner ...... 33 Le script, un scĂ©nario plus ou moins efficace selon Moliner ...... 38 L’image sociale selon Moliner ...... 39 L’idĂ©e du mythe selon Moscovici et Moliner ...... 40 Impact des stĂ©rĂ©otypes et autres reprĂ©sentations sociales nĂ©fastes vĂ©hiculĂ©s par les mĂ©dias sur la population...... 41 Chapitre 3 – Les mythes entourant les crimes sexuels et leurs consĂ©quences sur la sociĂ©tĂ© ...... 47 La reprĂ©sentation de la victime dans les mĂ©dias la vierge et la putain ...... 50 La peur des femmes et leurs perceptions sur les actes Ă  caractĂšre sexuel, selon l’étude Images of criminals and victims A study on women’s fear and social control, d’Esther Madriz. 52 La reprĂ©sentation du viol dans les films de 1996, une Ă©tude de Jana Bufkin et Sarah Eschholz ...... 54 Chapitre 4 – La reprĂ©sentation du harcĂšlement sexuel et des crimes sexuels dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es ...... 58 Nos recherches ...... 59 Notre corpus tĂ©lĂ©visuel avant le Metoo ...... 61 Notre corpus tĂ©lĂ©visuel aprĂšs le Metoo ...... 69 ReprĂ©sentations de l’agresseur et de la victime, tableaux inspirĂ©s des Ă©tudes de Sarah Bufkin et Jana Eschholz ...... 82 Analyse globale du corpus ...... 92 Chapitre 5 – Analyse filmique d’un Ă©pisode The Last Nice Guy in New-York de la sĂ©rie You. ... 101 The Last Nice Guy in New York synopsis ...... 103 vii Une perception de la victime en mouvance...... 106 Conclusion ...... 110 RĂ©fĂ©rences bibliographiques ...... 114 Ouvrages ...... 114 Liens web ...... 117 Filmographie ordre alphabĂ©tique ...... 121 Filmographie divisĂ©e en avant/aprĂšs le mouvement Metoo ...... 123 Annexe ...... 126 I. Statistiques ...... 126 II. Exemples de tweets durant le Metoo ...... 129 viii Liste des tableaux Tableau 1. – Épisodes sĂ©lectionnĂ©s chaĂźne CW, saison 2007-2008 ...... 61 Tableau 2. – Épisodes sĂ©lectionnĂ©s chaĂźne ABC, saison 2007-2008 ...... 63 Tableau 3. – Épisodes sĂ©lectionnĂ©s chaĂźne HBO, saison 2007-2008 ...... 64 Tableau 4. – recherche ciblĂ©e » pĂ©riode sĂ©lectionnĂ©e 2018-2019...... 69 Tableau 5. – Épisodes sĂ©lectionnĂ©s, chaĂźne ABC, saison 2018-2019 ...... 75 Tableau 6. – Épisodes sĂ©lectionnĂ©s chaĂźne HBO, saison 2018-2019 ...... 76 Tableau 7. – ReprĂ©sentation de l’agresseur ...... 82 Tableau 8. – ReprĂ©sentations de la victime ...... 87 ix Liste des figures Figure 1. – Tweet de l’actrice Alyssa Milano, 15 octobre 2017, via la plateforme Twitter ...... 12 Figure 2. – Statistiques sur le harcĂšlement sexuel provenant de l’organisation Stop Street Harassment SSH, 2019 ...... 127 Figure 3. – Statistiques sur les agressions sexuelles provenant de l’organisation RAINN. RAINN, 2019 128 Figure 4. – Tweet de l’actrice Evan Rachel Wood ...... 129 Figure 5. – Tweet de Rituparna Chatterjee ...... 129 Figure 6. – Tweet de la fondatrice du Metoo Tarana Burke ...... 129 x Ce mĂ©moire est dĂ©diĂ© Ă  ma mĂšre, DaniĂšle Goulet xi Remerciements Merci Ă  ma mĂšre, DaniĂšle Goulet, qui m’a Ă©paulĂ©e et soutenue tout au long de ce processus, mais surtout pour sa correction Ă©clairĂ©e et ses prĂ©cieux conseils. Merci Ă  mon copain, Pascal Boudreau, pour son aide dans la mise en page et pour avoir tolĂ©rĂ© » mes nombreuses prises de tĂȘte durant ce parcours difficile que peut l’ĂȘtre un tel exercice. Merci Ă  mes douces amies et partenaires de maĂźtrise, Iris Gaudain, FrĂ©dĂ©rique Khazoom et Camille Simone Brabant pour avoir fait de cette annĂ©e un processus plus agrĂ©able, pour leurs rires et leurs conseils qui m’ont souvent apaisĂ©e durant mes remises en question. Un grand merci Ă  ma directrice de thĂšse, Isabelle Raynauld, pour son Ă©coute, son temps et sa patience Ă  mon Ă©gard. Nous y sommes arrivĂ©es! Je sais que tu partages cette joie avec moi et cela me fait trĂšs plaisir. Merci Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, l’UniversitĂ© Sorbonne Nouvelle Paris et l’Universita Cattolica Milan pour cette annĂ©e de voyages, d’amitiĂ©s et de souvenirs impĂ©rissables
 Je me sens choyĂ©e d’avoir pu faire partie d’un tel programme international dans le cadre de ma maĂźtrise! Enfin, plus qu’un travail, j’ai beaucoup appris durant cette annĂ©e de recherche, d’analyse et de rĂ©daction. Moi qui pensais que ce ne serait qu’un projet ordinaire vite rĂ©glĂ© », je me suis bien trompĂ©e! J’ai appris Ă  gĂ©rer cette charge mentale qui vient avec l’autodiscipline et l’autocritique et Ă  faire confiance en mes compĂ©tences en tant que chercheure. Je sors grandie de cette expĂ©rience et me sens prĂȘte Ă  affronter » de nouveaux dĂ©fis, riche de toute cette panoplie d’émotions que cette annĂ©e 2019 m’a fait vivre! Un merci spĂ©cial Ă  toutes ces victimes qui ont dĂ©noncĂ© leurs agresseurs et Ă  tous ceux et celles qui se sont levĂ©s pour tenter de faire changer le statu quo vis-Ă -vis du harcĂšlement sexuel durant le mouvement Metoo. À tous ceux qui furent des alliĂ©s de ce mouvement empreint d’humanitĂ© et de force, merci. Introduction À l’automne 2017, un vĂ©ritable raz de marĂ©e frappe l’industrie artistique hollywoodienne. AprĂšs un article-choc sorti dans le New York Time qui dĂ©nonce les agissements rĂ©cusables du cĂ©lĂšbre producteur amĂ©ricain, Harvey Weinstein, les langues se dĂ©lient et les dĂ©nonciations d’abus sexuels et de harcĂšlements sexuels abondent. BientĂŽt, la planĂšte entiĂšre participe Ă  cette prise de parole qui deviendra l’un des mouvements sociaux les plus importants du 21e siĂšcle. Aux fondements de ces protestations, un flĂ©au qui fait rage depuis des siĂšcles sans ĂȘtre jamais, ou presque, pointĂ© du doigt, le harcĂšlement sexuel. Sur la Toile, on voit alors se multiplier les tĂ©moignages touchants de femmes et d’hommes, victimes d’agressions, de violences et de harcĂšlements sexuels qui, par le biais de deux mots moi aussi », dĂ©montrent leur solidaritĂ© et font front commun contre ces abus. C’est notamment grĂące aux rĂ©seaux sociaux et aux multiples partages d’internautes que le mouvement Metoo a rĂ©ussi Ă  prendre forme et Ă  gĂ©nĂ©rer un tel impact. Les mĂ©dias journalistiques tels que les quotidiens et les nouvelles tĂ©lĂ©visĂ©es ont dessinĂ© les grandes lignes du mouvement, informant les individus des bouleversements, scandales et victoires qui sont venus façonner le parcours de la fameuse vague Metoo. Aux États-Unis, comme ailleurs sur la planĂšte, plusieurs tĂȘtes de l’industrie tombent, alors que les limites entre ce qui est acceptĂ© et ce qui ne l’est plus se forgent tranquillement un sillon dans les mƓurs collectives et les milieux de travail. Aujourd’hui en 2019, il semble que nous ayons encore les relents de cet air de changement qui a saturĂ© la fin de l’annĂ©e 2017. En effet, le mouvement Metoo semble avoir fait de nombreux ravages » et forcĂ© les esprits Ă  une prise de conscience face aux enjeux entourant les crimes sexuels et le harcĂšlement sexuel. Mais, cette prise de conscience a-t-elle rĂ©ellement rĂ©ussi Ă  faire bouger les choses? Pouvons-nous constater l’impact de ce mouvement jusque dans les reprĂ©sentations sociales que l’on peut voir dans les sĂ©ries de fiction? 2 Pour ainsi dire, est-ce qu’un mouvement social, tel que le mouvement Metoo, qui semble ĂȘtre parvenu Ă  chambouler les mƓurs et façons de penser de la population amĂ©ricaine et mĂȘme mondiale a rĂ©ussi Ă  influencer les reprĂ©sentations tĂ©lĂ©visuelles du crime sexuel, en passant, par ailleurs, par la figure de la victime et celle de l’agresseur? Une Ă©tude effectuĂ©e par l’agence Zenith indique qu’en 2019, un individu passe en moyenne 167 minutes par jour devant son tĂ©lĂ©viseur Zenith, 2019. La tĂ©lĂ©vision et ce qui y est prĂ©sentĂ© peuvent donc avoir un impact important dans le quotidien d’un individu et influencer le regard que cette personne pose sur son environnement, sur le contexte social global dans lequel il Ă©volue. Le spectateur, bien souvent, tisse un lien avec les personnages de ses sĂ©ries tĂ©lĂ© prĂ©fĂ©rĂ©es. Il les rencontre » chaque semaine, parfois mĂȘme chaque jour dans le cadre d’une quotidienne, et suit leur parcours avec attention. Il connait leur travers, leurs forces. Nous avions l’impression que, plus que le cinĂ©ma, les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es et les reprĂ©sentations sociales qui sont prĂ©sentĂ©es dans celles-ci pouvaient rĂ©ussir Ă  atteindre l’imaginaire d’un tĂ©lĂ©spectateur fidĂšle. Par exemple, lorsqu’il y a une plus grande reprĂ©sentation de femmes au pouvoir Ă  la tĂ©lĂ©vision, les femmes tĂ©lĂ©spectatrices, qu’elles soient jeunes ou plus ĂągĂ©es, reçoivent le message que cette place leur est accessible. Dans la mĂȘme veine, la façon dont sont reprĂ©sentĂ©s les victimes et les agresseurs des crimes sexuels, l’acte de l’agression en lui-mĂȘme, peut, potentiellement transmettre un message, nĂ©gatif ou positif, face Ă  ces enjeux. Ainsi, serait-il possible que ces reprĂ©sentations tĂ©lĂ©visuelles viennent jusqu’à altĂ©rer le jugement d’un tĂ©lĂ©spectateur? Est-ce que les reprĂ©sentations sociales des crimes sexuels que l’on peut voir dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es reprĂ©sentent vraiment la rĂ©alitĂ©? Et si elles sont erronĂ©es, peuvent-elles venir influencer, voire transformer les perceptions qu’a la sociĂ©tĂ© Ă  ce sujet? Le but de notre dĂ©marche consistera Ă  dĂ©crire puis Ă  dĂ©montrer l’évolution des reprĂ©sentations des agressions sexuelles et du harcĂšlement sexuel dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visuelles fort probablement influencĂ©e par le mouvement Metoo. De ce fait, nous souhaitons aussi dĂ©montrer l’influence d’un mouvement social sur le mĂ©dium de la tĂ©lĂ©vision, ainsi que la rĂ©ciproque, soit l’influence de la tĂ©lĂ©vision sur cette mĂȘme sociĂ©tĂ©. 3 Notre hypothĂšse est donc la suivante nous avons cru constater dans les fictions tĂ©lĂ©visuelles amĂ©ricaines de 2018 et 2019 une rĂ©cupĂ©ration importante des mĂȘmes enjeux et thĂšmes que ceux abordĂ©s dans le mouvement social Metoo. Nous croyons, mĂȘme nous l’espĂ©rons, que l’impact du mouvement social Metoo fut vecteur de grands changements dans nos sociĂ©tĂ©s occidentales. Nous pensons qu’il serait possible que la reprĂ©sentation du harcĂšlement sexuel et autres crimes sexuels dans les fictions tĂ©lĂ©visuelles ait pu changer aprĂšs ce vĂ©ritable raz de marĂ©e engendrĂ© par le mouvement Metoo, et par le fait mĂȘme, ait pu contribuer Ă  un changement sociĂ©tal important. Nous diviserons notre Ă©tude en cinq parties distinctes afin de bien vĂ©rifier notre hypothĂšse et rĂ©pondre Ă  cette problĂ©matique Dans le premier chapitre de ce mĂ©moire, nous prĂ©senterons les grandes lignes du mouvement Metoo dans le style d’une enquĂȘte journalistique. À l’aide de sources tirĂ©es d’articles de journaux, nous tenterons de dĂ©montrer l’impact du mouvement sur la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine et aussi plus prĂšs de nous, au QuĂ©bec. Nous viendrons aussi dĂ©finir en quoi consiste le harcĂšlement sexuel afin que ce qui englobe celui-ci soit clarifiĂ© pour tous. Pour notre deuxiĂšme chapitre, nous nous servirons d’un cadre sociologique, afin de mieux comprendre l’impact des reprĂ©sentations sociales sur l’individu. Pour ce faire, nous nous appuierons, notamment, sur les travaux des sociologues et chercheurs Émile Durkheim, Serge Moscovici, Pascal Moliner et Denise Jodelet. Nous verrons aussi l’impact des reprĂ©sentations sociales vĂ©hiculĂ©es par la tĂ©lĂ©vision Ă  l’aide de la Cultivation Theory » de George Gebner et de ses acolytes. Nous tenterons d’appuyer cette thĂ©orie par les travaux de chercheurs comme Pierre- Olivier Dupuy et Pascal Marchand ainsi que la chercheuse Judith Lazar. Nous conclurons ce chapitre par les Ă©tudes de Sheila T. Murphy et de Lee Ann Khalor et Matthew Eastin, Ă©tudes qui nous aideront Ă  dĂ©montrer l’impact des stĂ©rĂ©otypes et autres reprĂ©sentations sociales nĂ©fastes vĂ©hiculĂ©s par les mĂ©dias sur la population. Nous poursuivrons ensuite, dans le chapitre trois, en prĂ©sentant les mythes et stĂ©rĂ©otypes qui entourent les reprĂ©sentations de la victime et de l’agresseur. Nous baserons notre argumentation sur les travaux des chercheuses Helen Benedict, Esther Madriz et Sarah Eschhols et Jana Bufkin. 4 Nous effectuerons, par la suite, une collecte de donnĂ©es, suivie d’une analyse de rĂ©sultats en rĂ©alisant une Ă©tude de comparaison qui opposera un corpus tĂ©lĂ©visuel prĂ©-mouvement Metoo, soit des Ă©pisodes diffusĂ©s lors de la saison tĂ©lĂ©visuelle de 2007-2008 [soit dix ans avant], Ă  un corpus tĂ©lĂ©visuel post-mouvement Metoo, soit des Ă©pisodes diffusĂ©s lors de la saison tĂ©lĂ©visuelle de 2018-2019. Ces analyses nous permettront, nous l’espĂ©rons, de distinguer les changements possibles dans les reprĂ©sentations des crimes sexuels et du harcĂšlement sexuel. Nous nous servirons des Ă©tudes portant sur les reprĂ©sentations de la victime et de l’agresseur des chercheuses citĂ©es au paragraphe prĂ©cĂ©dent. Enfin, pour mieux saisir et cerner l'impact du mouvement Metoo sur la reprĂ©sentation du harcĂšlement sexuel Ă  la tĂ©lĂ©vision post mouvement, nous effectuerons, dans notre cinquiĂšme chapitre, une analyse filmique d’un Ă©pisode. Il s’agira de l’épisode The Last Nice Guy in New York de la sĂ©rie You diffusĂ©e sur Netflix. Nous avons choisi cet Ă©pisode particulier car nous trouvons qu’il permet de bien dĂ©montrer la reprise des codes et stĂ©rĂ©otypes utilisĂ©s auparavant par les diffĂ©rents mĂ©dias et exposĂ©s par la chercheuse Helen Benedict. Nous croyons aussi que celui-ci permet de bien comprendre comment le langage cinĂ©matographique tĂ©lĂ©visuel est utilisĂ© afin de dĂ©jouer les perceptions du public. Ce qui nous intĂ©ressera est de voir comment l’univers cinĂ©matographique peut avoir un impact ou non dans les reprĂ©sentations de la victime et de l’agresseur. Ainsi, nous tenterons de voir, dans ce dernier chapitre, comment les mythes entourant les crimes sexuels sont rĂ©utilisĂ©s, aujourd’hui, pour influencer, ou mĂȘme transformer, le jugement du spectateur. Pour renforcer notre argumentaire, nous ferons un parallĂšle entre la figure de la femme fatale, figure iconique du cinĂ©ma, et le mythe de la victime vamp » Ă©laborĂ© par la chercheuse Helen Benedict et exposĂ© dans le chapitre trois de ce mĂ©moire. Enfin, notre conclusion nous permettra de confirmer ou non notre hypothĂšse de dĂ©part et d’effectuer un bilan utile sur notre parcours de recherche. 5 Chapitre 1 – L’impact du mouvement Metoo Nous sommes, Ă  l'heure actuelle, en 2019, soit deux ans aprĂšs le scandale de l’affaire Weinstein et de l'entrĂ©e fracassante de la vague du mouvement mondial nommĂ© Metoo. Afin de mieux comprendre la situation actuelle, nous essayerons d’illustrer ce qui s’est dĂ©roulĂ© au cours des deux derniĂšres annĂ©es, soit 2017 et 2018. Nous approcherons la premiĂšre partie du chapitre I comme une enquĂȘte journalistique afin de prĂ©senter aux lecteurs l’historique du mouvement Metoo. De cette façon, nous dĂ©montrerons l’impact de celui-ci sur la sociĂ©tĂ©. Ainsi, dans les prochaines pages, nous discernerons les principaux Ă©vĂšnements entourant l’affaire Weinstein qui a provoquĂ© la spectaculaire vague de dĂ©nonciations du harcĂšlement et des violences de nature sexuelle et engendrĂ© le mouvement Metoo. De plus, nous dĂ©crirons les dĂ©buts de ce mouvement en nous penchant sur l’histoire de sa fondatrice, Tarana Burke, pour ensuite nous intĂ©resser Ă  la rapide et importante propagation de ce mouvement sur les rĂ©seaux sociaux. Enfin, plus prĂšs de nous, nous verrons les particularitĂ©s de l'Ă©mergence de ce mouvement au QuĂ©bec. Puis, nous tenterons aussi de dĂ©montrer l’impact du mouvement sur la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine et plus concrĂštement sur leur systĂšme de justice. En terminant, nous tenterons de mieux dĂ©finir ce qui englobe le harcĂšlement sexuel. En analysant le mouvement Metoo, nous dĂ©sirons dĂ©terminer si celui-ci pourrait avoir bel et bien influencĂ© l’évolution des reprĂ©sentations sociales dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es amĂ©ricaines, plus prĂ©cisĂ©ment les reprĂ©sentations des crimes sexuels et du harcĂšlement sexuel. En d’autres termes, se peut-il que ce mouvement social ait eu un impact rĂ©el sur l’imaginaire tĂ©lĂ©visuel? EnquĂȘte journalistique les grandes lignes du mouvement Metoo Tarana Burke et les dĂ©buts de mouvements Metoo En 2006, dans l’État de New York, une travailleuse sociale du nom de Tarana Burke dĂ©bute le mouvement Metoo Moi aussi. Tarana a grandi dans le quartier The Bronx de la ville de New York, oĂč le mouvement a d’ailleurs vu le jour. En 1996, une dĂ©cennie auparavant, alors monitrice dans un camp de vacances, une jeune fille dĂ©voile Ă  Burke qu’elle se fait abuser sexuellement par le 6 petit ami de sa mĂšre. Tarana reste sans mots et se sent incapable d’aider la petite I was horrified by her words, the emotions welling inside of me ran the gamut, and I listened until I literally could not take it anymore ... which turned out to be less than five minutes
1» Criss, 2018. Elle dĂ©cide donc de mettre fin Ă  la conversation et envoie l’enfant consulter une de ses collĂšgues. Burke regrette de n’avoir pas Ă©tĂ© capable d’aider cette petite qui se confiait Ă  elle. Elle explique, dans une entrevue accordĂ©e pour CNN plusieurs annĂ©es plus tard, qu’elle s’est sentie impuissante et complĂštement submergĂ©e par son propre passĂ©, car elle aussi avait Ă©tĂ© victime d'agressions sexuelles I watched her walk away from me as she tried to recapture her secrets and tuck them back into their hiding place. I watched her put her mask back on and go back into the world like she was all alone and I couldn't even bring myself to whisper ... me too2.» Criss, 2018. Cet instant sera le moteur du mouvement Metoo. Ainsi, en 2006, Tarana Burke crĂ©e la Just Be inc., une organisation sans but lucratif qui a pour mandat d’aider les victimes d’abus sexuels. Elle lance par la suite le mouvement Metoo dans l’espoir de dĂ©noncer ces gestes inacceptables, mais aussi de gĂ©nĂ©rer un mouvement de solidaritĂ© chez les victimes. En effet, par ces deux mots, elles clament Je ne suis pas seule. ». Plus tard, elle expliquera le choix de ce slogan en ces mots bien sentis On one side, it's a bold, declarative statement that, "I'm not ashamed", and "I'm not alone", she said. On the other side, it's a statement from survivor to survivor that says, 'I see you, I hear you, I understand you and I'm here for you
3» Criss, 2018. Ces paroles puissantes soulĂšveront des marĂ©es, une dĂ©cennie plus tard, lorsque l’actrice Alyssa Milano rĂ©utilisera cette formule de ce nouveau mot-symbole, Metoo, prĂ©cĂ©dĂ© d’un hashtag, sur Twitter, aprĂšs la sortie du scandale de l’affaire Weinstein en octobre 2017. Tarana Burke, surprise 1 Traduction libre de l’auteure J’étais horrifiĂ©e par ses paroles, les Ă©motions qui jaillissaient Ă  l’intĂ©rieur de moi passaient par toutes les gammes, et je l’ai Ă©coutĂ© jusqu’à ce que je n’en puisse plus, c’est-Ă -dire moins de cinq minutes. » 2 Traduction libre de l’auteure Je l’ai regardĂ©e s’éloigner alors qu’elle tentait de reprendre ses secrets et de les replacer dans un endroit bien cachĂ©. Je l’ai regardĂ©e remettre son masque et retourner dans le monde comme si elle Ă©tait complĂštement seule et je n’avais mĂȘme pas la force de lui chuchoter
 moi aussi. » 3 Traduction libre de l’auteure D’un cĂŽtĂ©, c’est une dĂ©claration courageuse de dire "Je n’ai pas honte" et Je ne suis pas dit-elle. Mais d’un autre cĂŽtĂ© c’est une dĂ©claration de Ă  qui dit "Je te vois", "Je t’entends"," Je te comprends" et "Je suis lĂ  pour toi"
 » 7 par la rĂ©utilisation de son slogan social, ressentira alors un fort sentiment d’injustice et d’incomprĂ©hension I felt a sense of dread, because something that was part of my life’s work was going to be co-opted and taken from me and used for a purpose that I hadn’t originally » Garcia, 2018. Milano, qui n’était pas au courant du mouvement de 2006 initiĂ© par la travailleuse sociale new-yorkaise, appellera, quelques jours plus tard, Burke et l’impliquera comme porte-Ă©tendard du projet. À ce sujet, l’actrice hollywoodienne, dira What the Me Too campaign really does, and what Tarana Burke has really enabled us to do, is put the focus back on the victims
5» Garcia, 2018. En ce sens, nous tenterons de vĂ©rifier, dans les prochains chapitres, Ă  l’aide d’un corpus d’émissions diffusĂ©es avant et aprĂšs le mouvement, si la victime tient une place nouvelle dans les reprĂ©sentations tĂ©lĂ©visuelles des crimes et des diverses formes d'abus sexuels. Peut-on, par exemple, voir les consĂ©quences d’une agression sexuelle sur celle- ci? Est-elle culpabilisĂ©e? La reprĂ©sentation du type de victimes a-t-elle Ă©voluĂ©? En est-il de mĂȘme pour les types d'agresseurs? Nous tenterons de rĂ©pondre Ă  toutes ces questions dans les prochaines pages et autres chapitres de ce mĂ©moire. L’affaire Weinstein en trois dates importantes Le 5 octobre 2017 Le 5 octobre 2017, le cĂ©lĂšbre quotidien le New York Times publie un article-choc dĂ©nonçant des ententes Ă  l’amiable qu’aurait eues le cĂ©lĂšbre producteur de cinĂ©ma hollywoodien, Harvey Weinstein, avec certaines de ses collĂšgues fĂ©minines du milieu artistique Kantor et Twohey, 2017. Les journalistes, Megan Twohey et Jodi Kantor, couvrent cette enquĂȘte journalistique durant plusieurs mois. Au cours de cette investigation, les deux femmes rĂ©cupĂšrent une panoplie de tĂ©moignages et de preuves contre le cĂ©lĂšbre producteur dans le but de lever le voile sur ce qui sera l’un des plus gros scandales de 2017. Ainsi, l’article, Harvey Weinstein Paid off Sexual Harassment Accusers for Decades, Ă©crit par le duo chevronnĂ© Kantor et Twohey, dĂ©montre que l’influent producteur aurait tentĂ© de garder secrĂštes plusieurs accusations de harcĂšlements 4 Traduction libre de l’auteure J’ai ressenti un sentiment d’effroi, car quelque chose qui faisait partie du travail de ma vie allait ĂȘtre cooptĂ©e, pris de moi et utilisĂ© pour un but qui n'Ă©tait pas celui que j'avais prĂ©vu initialement ». 5 Traduction libre de l’auteure Ce que la campagne Me too fait rĂ©ellement et ce que Tarana Burke nous a permis Ă  tous de faire, c’est de reporter l'attention sur les victimes
 » 8 sexuels en Ă©change de sommes faramineuses, allant de 80 000$ Ă  150 000$ Le Monde avec AFP et Reuters, 2017. QuestionnĂ©es Ă  ce sujet, les journalistes Megan Twohey et Jodi Kantor expliquent que les agissements douteux de Harvey Weinstein Ă©taient un secret » Ă©talĂ© aux yeux de tous, mais que presque personne de l’industrie ne connaissait l'ampleur du problĂšme Almost nobody knew the full extent of what was going on. I have sources who knew a fair amount and have still been shocked by what’s come » Lang, 2017. L'onde de choc est alors d'autant plus grande que, personne jusqu’ici n’avait osĂ© parler contre Weinstein, vu sa grande ascendance dans l’industrie. En effet, comme l’indique l’article du New York Times, une douzaine d’employĂ©s savaient trĂšs bien ce qui se tramait, mais seulement quelques-uns d’entre eux ont confrontĂ© Weinstein Ă  ce propos Kantor et Twohey, 2017. L’article mentionne aussi un accord entre la Weistein Company et ses employĂ©es qui stipule que ceux-ci devaient s'abstenir de critiquer leurs dirigeants, si ces dĂ©clarations pouvaient nuire Ă  la bonne rĂ©putation de la compagnie Kantor et Twohey, 2017. Dans les prochains chapitres de ce mĂ©moire, nous essaierons d’en connaĂźtre davantage sur la reprĂ©sentation des agresseurs dans les mĂ©dias, plus prĂ©cisĂ©ment dans les fictions tĂ©lĂ©visĂ©es. Ainsi, nous nous questionnons Ă  savoir s’il existerait un profil de l’agresseur, et si oui, si celui-ci s’apparente, de prĂšs ou de loin, Ă  la figure d’autoritĂ© et de puissance de Harvey Weinstein, Ă  cette Ă©poque. Comme le mentionne l’article choc, il y avait une forte prescription de garder le silence dans la Weinstein Company. Cette obligation de silence Ă©tait d'autant plus Ă©crasante qu'elle Ă©tait exacerbĂ©e par le statut important et influent des frĂšres Weinstein Ă  Hollywood et partout Ă  travers le monde dans l’univers cinĂ©matographique. En effet, Harvey Weinstein pouvait ouvrir ou fermer beaucoup de portes Ă  ceux et celles qui souhaitaient avoir une chance de faire carriĂšre Ă  Hollywood. Dans une entrevue accordĂ©e au Variety, les journalistes, Twohey et Kantor, confirment cette idĂ©e A letter of recommendation from Harvey Weinstein will open doors to get you the jobs that you dream of getting some day. By the same token, if you speak out, those pathways will close Lang, 2017. Sachant la puissance de la relation de pouvoir de 6 Traduction libre de l’auteure Presque personne ne savait tout ce qui se passait. J’ai des sources qui en savaient pas mal et qui ont quand mĂȘme Ă©tĂ© choquĂ©es par ce qui est sorti ». 7 Traduction libre de l’auteure Une lettre de recommandation de d’Harvey Weinstein vous ouvrira des portes pour obtenir le job que vous rĂȘvez d’obtenir un jour. De la mĂȘme façon, si vous parlez, ces mĂȘmes avenues se fermeront. 9 Weinstein sur ses pairs, nous nous interrogeons Ă  savoir si de telles relations seront mises en scĂšne dans notre corpus tĂ©lĂ©visuel post Metoo. Pourrons-nous observer diffĂ©rents abus de pouvoir qui serviront, dans le cas d’une agression ou de harcĂšlement, Ă  mieux manipuler la victime? Y trouverons-nous une diffĂ©rence notable avec le corpus tĂ©moin prĂ©-Metoo, que nous Ă©tudierons pour mieux marquer l'impact du mouvement sur les sĂ©ries tĂ©lĂ©visuelles? Avant cet automne agitĂ© de 2017, la carriĂšre de Weinstein Ă©tait prospĂšre et un exemple de succĂšs dans la ville des anges, Los Angeles. Weinstein avait rĂ©coltĂ© plusieurs prix comme producteur pour la Miramax Company, dont un Oscar et plusieurs Tony Awards pour des films et des comĂ©dies musicales, telles que Shakespeare in Love et Billy Elliot The Musical. Il a ensuite fondĂ© sa propre maison de production avec son frĂšre, Bob Weinstein, la Weinstein Company, qui produira de trĂšs grands succĂšs cinĂ©matographiques, tels que Django Unchained, The King’s Speech, Silver Linings Playbook, pour ne nommer que ceux-ci. Comme le mentionne l’article du New York Times de Twohey et Kantor, plusieurs actrices rencontraient le mĂ©ga producteur dans l’espoir de se tailler une place dans l’un de ses films et nombre d’entre elles Ă©taient invitĂ©es, pour ces rencontres, dans une suite d’hĂŽtel Two decades ago, the Hollywood producer Harvey Weinstein invited Ashley Judd to the Peninsula Beverly Hills hotel for what the young actress expected to be a business breakfast meeting. Instead, he had her sent up to his room, where he appeared in a bathrobe and asked if he could give her a massage or she could watch him shower, she recalled in an » Kantor et Twohey, 2017 Et encore In 2014, Mr. Weinstein invited Emily Nestor, [
] to the same hotel and made another offer If she accepted his sexual advances, he would boost her career9 » Kantor et Twohey, 2017. 8 Traduction libre de l’auteure Il y a deux dĂ©cennies, le producteur hollywoodien Harvey Weinstein a invitĂ© Ashley Judd Ă  l’hĂŽtel Peninsula Beverly Hills pour ce que la jeune actrice pensait ĂȘtre un dĂ©jeuner d’affaire. Au lieu de cela, il l’a fait monter dans sa chambre, oĂč il est apparu en peignoir et lui a demandĂ© s’il pouvait lui faire un massage ou si elle pouvait le regarder se doucher, se rappelle-t-elle dans une entrevue. » 9 Traduction libre de l’auteure En 2014, M. Weinstein a invitĂ© Emily Nestor 
 au mĂȘme hĂŽtel et lui a fait une autre offre Si elle acceptait ses avances sexuelles, il favoriserait sa carriĂšre. » 10 La position d’autoritĂ© du producteur, le manque de tĂ©moins dans ces rĂ©unions » plus qu’intimes, ainsi que le malaise ressenti, sont les raisons Ă©voquĂ©es par les victimes lorsqu’on leur demanda pourquoi elles avaient gardĂ© le silence Kantor et Twohey, 2017. Lors de la sortie de cette affaire, plusieurs victimes Ă©mergent de l’ombre. Les preuves et les tĂ©moignages des anciens employĂ©s de Weinstein sont si nombreux et si sĂ©rieux que la mĂȘme journĂ©e, soit le 5 octobre 2017, le producteur choisit alors de s’excuser de ses agissements des derniĂšres annĂ©es dans un communiquĂ© Ă  l’intention des mĂ©dias J’ai conscience que la maniĂšre dont je me suis comportĂ© avec des collĂšgues par le passĂ© a causĂ© beaucoup de souffrances et j’en demande sincĂšrement pardon. Quoi que j’essaie de mieux faire, je sais qu’il me reste un long chemin Ă  parcourir » Le Monde avec AFP et Reuters, 2017. Mais au lendemain du scandale, le riche producteur fait volte-face et annonce qu’il poursuit en justice le New York Times pour diffamation. Il dĂ©clare qu’il n’a jamais forcĂ© qui que ce soit dans une relation sexuelle sans consentement. Il sera, par la suite, congĂ©diĂ© de la Weinstein Company, qu’il avait fondĂ©e en 2005. Le 10 octobre 2017 Quelques jours suivant la sortie du scandale de l’affaire Weinstein, le 10 octobre 2017, le quotidien new-yorkais, The New Yorker, sort un article coup de poing Ă©crit par le journaliste Ronan Farrow. L’article, From Aggressive Overtures to Sexual Assault Harvey Weinstein’s Accusers Tell Their Stories, dĂ©voile de nouvelles victimes et parmi elles, des cĂ©lĂ©britĂ©s internationales. Lors d’une enquĂȘte de plus de dix mois, le journaliste rĂ©colta les tĂ©moignages poignants de plusieurs prĂ©sumĂ©es victimes de Weinstein viols, actes sexuels forcĂ©s et trafics sexuels seront parmi les dĂ©lits mentionnĂ©s Three of the women [
] told me that Weinstein had raped them, forcibly performing or receiving oral sex or forcing vaginal sex. Four women said that they had experienced unwanted touching that could be classified as an » Farrow, 2017. Parmi les femmes qui ont dĂ©noncĂ© le producteur lors de ces entrevues, l’on retrouve l’actrice italienne 10 Traduction libre de l’auteure Trois de ces femmes ... m’ont dit que Weinstein les avait violĂ©es, les forçant Ă  performer ou Ă  recevoir du sexe oral ou des rapports vaginaux. » Quatre de ces femmes ont dit qu'elles avaient subi des attouchements non dĂ©sirĂ©s qui pouvaient ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des voies de fait. 11 Asia Argento, l'irlando-zimbabwĂ©enne Lucia Evans, la française Emma de Caunes, les amĂ©ricaines Mira Sorvino, Rosanna Arquette et Jessica Barth. Dans toutes ces histoires troublantes, on retrouve le mĂȘme modus operandi du producteur qui utilise la vulnĂ©rabilitĂ© de ses victimes ainsi que le miroitement de ses contacts et a contrario, la fermeture du milieu si elles refusent, afin qu’elles lui consentent des actes sexuels. Dans presque chaque agression, le producteur a prĂ©cĂ©dĂ© sa rencontre d’une rĂ©union avec une femme cadre, afin de mettre en confiance la victime. Lors de son entrevue avec le journaliste Ronan Farrow, une employĂ©e de Weinstein dĂ©crit ces rencontres comme Ă©tant comme un pot de miel afin de mieux coincer ces femmes It almost felt like the executive or assistant was made to be a honeypot to lure these women in, to make them feel safe11» Farrow, 2017. Le 12 octobre 2017, une enquĂȘte de police est officiellement ouverte Ă  l’endroit du gĂ©ant hollywoodien Harvey Weinstein. Les dĂ©nonciations contre celui-ci se multiplieront et s’empileront jusqu'Ă  obtenir une liste de 80 noms de victimes. Le 25 mai 2018 Le 25 mai 2018, Harvey Weinstein, qui est finalement inculpĂ© de viol au premier degrĂ© usage de la force et au troisiĂšme degrĂ© sur une personne incapable de donner son consentement, ainsi que d’agression sexuelle sur deux victimes, plaide non coupable Ă  ces accusations. En fĂ©vrier dernier, l’État de New York poursuivait la Weinstein Company pour violation des droits civils et pour avoir failli Ă  ses obligations de protection envers ses employĂ©s, ayant menĂ© Ă  la non- protection de ceux-ci face aux harcĂšlements sexuels de l’un des fondateurs. À ce jour, Harvey Weinstein est toujours au milieu de procĂ©dures judiciaires12. Selon un article du journal, Le Monde, l’accusĂ© est passible, en principe, d'une peine de 25 ans de prison Eudes, 201813. 11 C'Ă©tait presque comme si le cadre ou l'assistant Ă©tait utilisĂ© comme un pot de miel pour attirer ces femmes dans un piĂšge, pour qu'elles se sentent en sĂ©curitĂ©... 12 Rectification de l’auteure En date de la soutenance, le 27 mars 2020, Harvey Weinstein fut reconnu coupable d’agression sexuelle et de viol et devra purger une peine de 23 ans de prison. Un second procĂšs attend l’ex producteur de cinĂ©ma inculpĂ© pour deux autres agressions sexuelles. 13 Ajout actualitĂ©, note de l’auteure En aoĂ»t 2019, son procĂšs qui devait s'ouvrir en septembre, a d'ailleurs Ă©tĂ© reportĂ© Ă  janvier 2020, aprĂšs qu'une nouvelle prĂ©sumĂ©e victime se soit identifiĂ©e et eut acceptĂ© de tĂ©moigner contre lui. Le producteur a plaidĂ© non-coupable Ă  ce nouvel acte d'accusation dĂ©posĂ© contre lui par le procureur. 12 En octobre 2017, l’affaire Weinstein fait donc couler beaucoup d’encre, surtout avec la vague d’inculpations qui s'ensuit contre l’un des plus grands producteurs de cinĂ©ma au monde. On assiste Ă  des dĂ©bats sur la place publique, dans les milieux de travail. Le cas de l’affaire Weinstein, qui Ă©branle instantanĂ©ment toute l’industrie artistique hollywoodienne, dĂ©clenche la dĂ©ferlante Metoo qui se fracasse alors sur les eaux troubles du Web Ă  grands coups de Tweet et de publications poignantes. Le mouvement Metoo les points saillants Le 15 octobre 2017, l’actrice Alyssa Milano, connue pour ses rĂŽles de Phoebe Halliwell dans la sĂ©rie Charmed et de Jennifer Mancini dans la sĂ©rie Melrose Place, publie un message simple et pourtant efficace sur son compte Twitter, afin d’inciter les femmes et les hommes Ă  crĂ©er un mouvement social en rĂ©ponse au scandale Weinstein qui Ă©branle alors le Tout-Hollywood et la planĂšte entiĂšre. Cette initiative permet de mettre en lumiĂšre les agissements fautifs de certains hommes Ă  l’égard des femmes et de gĂ©nĂ©rer un mouvement de solidaritĂ©. En effet, en quelques jours seulement, Milano reçoit 60 000 messages en rĂ©ponse Ă  son tweet Croquet, 2018, reproduit ici Figure 1. – Tweet de l’actrice Alyssa Milano, 15 octobre 2017, via la plateforme Twitter Si vous avez Ă©tĂ© victime de harcĂšlement ou d’agression sexuelle, Ă©crivez "moi aussi" en rĂ©ponse Ă  ce tweet. » Croquet, 2018 13 Le mouvement prend une ampleur planĂ©taire et le mot-clic anglophone Metoo est rapidement partagĂ© et ce, plus de 17,2 millions de fois Croquet, 2018. Plusieurs pays se rĂ©approprient Ă  leur tour le mouvement. Ainsi, bien rapidement et sur plusieurs rĂ©seaux sociaux, les internautes de partout dans le monde tĂ©moignent des histoires d’abus sexuels, de harcĂšlements au travail, dans la rue, dans leur milieu familial Des faits survenus au travail, mais qui s’étendent aussi Ă  l’enfance, Ă  la famille, Ă  la fac, Ă  l’espace public. L’amoncellement de ces rĂ©cits en quelques centaines de caractĂšres montre que le harcĂšlement sexuel des femmes ne s’arrĂȘte pas Ă  Hollywood; il n’épargne aucune classe sociale, aucun milieu. Croquet, 2018 Un vĂ©ritable phĂ©nomĂšne se produit sur la toile et dans les mĂ©dias, phĂ©nomĂšne dĂ©crit ainsi par l’anthropologue VĂ©ronique Nahoum-Grappe Mouvement social fĂ©minin du XXIe siĂšcle, qui sait user des outils technologiques de l’époque pour faire apparaĂźtre un point de vue non pris en compte Ă  la mesure de sa rĂ©alitĂ© massive et tragique » Croquet, 2018. L’anthropologue poursuit, par la suite, en expliquant l’importance de ce mouvement social dans une Ăšre Ă  l’apogĂ©e de l’individualisme À force de s’amonceler, de s’internationaliser, ces rĂ©cits nĂ©s du “je” solitaire, glissant vers le “moi aussi”, et “elle aussi” et une autre encore, finissent par dessiner un “nous”, Ă©tonnante prĂ©sence collective, oĂč chacune reste debout prĂšs de sa phrase lancĂ©e [
] » Croquet, 2018. Cet effet de solidaritĂ© expliquĂ© par Nahoum-Grappe semble ĂȘtre l’un des Ă©lĂ©ments clĂ©s du mouvement Metoo. Serait-il possible que, lors de la reprise de ce mouvement social dans les fictions tĂ©lĂ©visuelles, les scĂ©naristes aient tentĂ© de dĂ©montrer ce sentiment de solidaritĂ© de victime Ă  victime? Nous tenterons de rĂ©pondre Ă  cette question dans les prochains chapitres. Un Ă©veil collectif Le Metoo comme un Ă©veil collectif » est ainsi qualifiĂ© dans un article du Devoir, sorti en octobre 2018. En effet, les victimes ont soudainement un sentiment d’unitĂ© et de force comme le prouvent les rĂ©percussions Ă©normes qu’ont suscitĂ©es ce mouvement. Rapidement, nombreux sont ceux et celles qui ont pris la parole sur les rĂ©seaux sociaux pour dĂ©noncer leurs agresseurs. Au QuĂ©bec, le nombre de dĂ©nonciations et de demandes d’aide pour et par les victimes a dĂ©cuplĂ© 14 trĂšs rapidement Ă  la suite de ces sorties publiques sur le Web. Comme le dĂ©montre cet article de la journaliste Jessica Nadeau du Devoir publiĂ© en 2018 Dans les centres d’aide et de lutte contre les agressions sexuelles CALACS, le nombre de demandes d’aide a triplĂ© en octobre 2017. L’an passĂ©, on a observĂ© une augmentation de 25 % [
] Du jamais vu depuis la sortie publique de Nathalie Simard en 2004 » Nadeau citant StĂ©phanie Tremblay porte-parole CALACS, 2018. La sociologue, Sandrine Ricci, nomme ce phĂ©nomĂšne de grandes dĂ©nonciations comme une logique de solidarisation ». Elle s’explique Devant les tribunaux, c’est gĂ©nĂ©ralement la parole d’une femme contre celle d’un homme. C’est donc un calcul logique des femmes de se dire si on est plusieurs Ă  dire la mĂȘme chose, peut-ĂȘtre qu’on va enfin commencer Ă  nous croire » Nadeau, 2018. Il sera intĂ©ressant d’observer si l’acte de dĂ©nonciation est encouragĂ© dans les reprĂ©sentations tĂ©lĂ©visuelles qui ont suivi le mouvement Metoo ou s’il est, au contraire, dĂ©couragĂ©. Pourra-t-on observer un changement face Ă  cet enjeu dans nos corpus prĂ©- mouvement et post-mouvement? Dans son entrevue avec l’essayiste fĂ©ministe, Pascale Navarro, la journaliste Jessica Nadeau du quotidien Le Devoir, met en lumiĂšre l’éveil des communautĂ©s face au harcĂšlement sexuel. Ainsi, comme le fait remarquer l’essayiste, cet Ă©veil fonctionne notamment par le rapport intime qu’ont certaines personnes avec les individus qui ont dĂ©noncĂ© ces agissements fautifs sur la toile Pour les gens qui Ă©taient sceptiques de cette culture du viol, de voir que leur cousine, leur amie, leur collĂšgue ou le gars avec qui ils jouent au hockey a Ă©tĂ© victime de violence sexuelle, ça ouvre certaines consciences » Nadeau, 2018. En voyant le nombre d’individus touchĂ©s par le harcĂšlement sexuel dans leur quotidien, la sociĂ©tĂ© est amenĂ©e Ă  se requestionner qu’est-ce qui est acceptable et qu’est-ce qui ne l’est pas? Pourquoi autant de femmes sont victimes de harcĂšlement sexuel, Ă©duquons-nous bien nos garçons face au consentement, au respect et Ă  la sexualitĂ©? On assiste Ă  une redĂ©finition sociĂ©taire de ce qui est acceptable ou non, comme l’explique Navarro Si le mouvement Moiaussi prend autant de place aujourd’hui, c’est parce qu’on est moins tolĂ©rantes. La frontiĂšre de ce qui est acceptable est en train de bouger » Nadeau, 2018. Nous pensons que cette nouvelle dĂ©limitation, de ce qui est tolĂ©rĂ© et ce qui ne l’est plus, pourra bel et bien ĂȘtre mise de l’avant dans les diffĂ©rents Ă©pisodes qui ont suivi le mouvement. De ce fait, serait-il possible que cette nouvelle frontiĂšre vienne marquer une disparitĂ© entre les 15 mƓurs et façons de penser avant Metoo et aprĂšs Metoo, de façon Ă  ce qu’on y dĂ©cĂšle un conflit entre les gĂ©nĂ©rations? Nous tenterons d’y rĂ©pondre dans les prochains chapitres. Hollywood On observe aussi ce phĂ©nomĂšne Ă  Hollywood oĂč le mouvement social Metoo, vĂ©ritable raz de marĂ©e, arrache tout sur son passage, dont plusieurs tĂȘtes de l’industrie artistique amĂ©ricaine, telles que celles de l’acteur Kevin Spacey, le rĂ©alisateur James Tobak, le journaliste sportif Matt Lauer, le chef d’orchestre du Metropolitain Opera de New York James Levine, qui deviennent les cibles de dĂ©nonciations publiques. En effet, le New York Times rapporte, en octobre 2018, qu’un an aprĂšs la sortie du scandale Weinstein, prĂšs de 200 hommes hauts gradĂ©s ont perdu leur emploi Ă  la suite de dĂ©nonciation publiques A New York Times analysis has found that, since the publishing of the exposĂ© followed days later by a New Yorker investigation, at least 200 prominent men have lost their jobs after public allegations of sexual harassment »14 Carlsen et al., 2018. Un chiffre Ă©norme et du jamais vu. Aux États-Unis, les dĂ©nonciations ont rapidement eu un effet boule de neige et trĂšs vite, plusieurs actions et nouvelles rĂšglementations sont mises en place par des compagnies afin d’encadrer et d’éliminer le harcĂšlement sur les milieux de travail. AprĂšs la vague Metoo, les rapports de plaintes de harcĂšlement ont augmentĂ© d’environ 84% chez 54% des compagnies amĂ©ricaines Elting, 2018. Notamment, Ă  Hollywood, la guilde des producteurs a dĂ©cidĂ©, aprĂšs le scandale de l’affaire Weinstein, d’instaurer une rĂšglementation plus sĂ©vĂšre vis-Ă -vis le harcĂšlement durant les tournages Collard, 2018. Des hommes de pouvoir Comme le dĂ©montre bien l'analyse ci-haut, les histoires d’hommes de pouvoir qui ont Ă©tĂ© accusĂ©s d’harcĂšlement sexuel vis-Ă -vis de leurs employĂ©es se succĂšdent. Ce phĂ©nomĂšne a intĂ©ressĂ© Francesca Gino, professeure d’administration des affaires Ă  l’UniversitĂ© Harvard. En effet, cette chercheuse a examinĂ© la fonction du pouvoir dans les cas de harcĂšlement sexuel au travail. Elle dĂ©montre, dans une entrevue accordĂ©e au Harvard Gazette, que les hommes en situation 14 Traduction libre de l’auteure Une analyse du New York Times a rĂ©vĂ©lĂ© que, depuis la publication de l'article suivie quelques jours plus tard d'une enquĂȘte du New Yorker, au moins 200 hommes importants ont perdu leur emploi Ă  la suite d'allĂ©gations publiques de harcĂšlement sexuel. » 16 d’autoritĂ© auraient, selon ses recherches, plus tendance Ă  se rendre fautifs d’abus sexuel que les femmes dans cette mĂȘme position The different ways that men and women tend to handle power may account for why so many male industry titans have been accused, and almost no women leaders so far. Gino’s work shows that men tend to unconsciously associate sex and power more readily and frequently than women do [
] Other research found that powerful men often inaccurately convince themselves that others are more sexually interested in them than they are, prompting them to act out Pazzanese et Walsh, 2017.15 Les gens qui ont du pouvoir auraient aussi plus tendance Ă  objectifier les individus qui les entourent et, bien sĂ»r, Ă  porter davantage leur attention sur leur propre personne. Dans les prochaines pages, nous tenterons de remarquer, par ailleurs, si, dans la majoritĂ© des sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es faisant partie de notre corpus incluant l'avant et l'aprĂšs Metoo, ce sont les hommes en situation de pouvoir qui ont le rĂŽle d’agresseur. Nous nous questionnerons aussi Ă  savoir si cette reprĂ©sentation de l’agresseur a toujours Ă©tĂ© ainsi. A-t-elle changĂ© avec les annĂ©es, s’inscrit- elle dans ce qu’on pourrait appeler les mythes » entourant les crimes sexuels? Nous tenterons de rĂ©pondre Ă  cette question dans les prochaines pages de ce mĂ©moire. Cette relation supĂ©rieur/infĂ©rieur reprĂ©sente, selon nous, l’essence mĂȘme du mouvement Metoo, c’est-Ă -dire que ce mouvement repose essentiellement sur une relation immorale d’harcĂšlement sexuel d’une personne de pouvoir sur une personne en situation d’infĂ©rioritĂ©. Nous tenterons de mieux dĂ©finir cette interprĂ©tation du mouvement dans les chapitres qui suivront. 15 Traduction libre de l’auteure La façon diffĂ©rente dont les hommes et les femmes ont tendance Ă  gĂ©rer le pouvoir peut expliquer pourquoi tant de titans masculins de l'industrie ont Ă©tĂ© accusĂ©s, et presque aucune femme dirigeante jusqu'Ă  maintenant. Les travaux de Gino dĂ©montrent que les hommes ont tendance Ă  associer inconsciemment le sexe et le pouvoir plus facilement et plus frĂ©quemment que les femmes ... D'autres recherches ont montrĂ© que les hommes puissants se convainquent souvent Ă  tort que les autres sont plus sexuellement intĂ©ressĂ©s par eux qu'ils ne le sont en rĂ©alitĂ©, ce qui les incite Ă  agir. » 17 La narration au cƓur du mouvement Metoo L’historien Tim McCarthy croit en la puissance et en l’efficacitĂ© des histoires racontĂ©es comme vecteur de changements dans une sociĂ©tĂ©. Ainsi, ce professeur de l’UniversitĂ© Harvard nous explique Narrative has been a unifying and mobilizing force through history [
] In the first half of the 19th century, slave narratives — stories that bore witness to the brutality committed against people treated as property — “were incredibly powerful in terms of moving public opinion of a culture that was increasingly literate and increasingly divided” over abolition.[
] All of these movement moments that changed hearts and minds and moved a nation in the direction of justice have been rooted in storytelling.Pazzanese et Walsh, 201716 Ainsi, ces tĂ©moignages racontĂ©s sur la toile, comme ceux que l’on a pu lire lors de l’explosion du mouvement Metoo, s’inscrivent dĂ©jĂ  dans l’idĂ©e de narration. Comme le dĂ©montre l’historien Tim McCarthy en rĂ©habilitant des faits provenant du passĂ© amĂ©ricain, les histoires vĂ©cues, lorsqu'elles sont racontĂ©es, ont la capacitĂ©, voire la propension, de faire changer les choses, en facilitant la connaissance et la comprĂ©hension d'une rĂ©alitĂ© mal connue des personnes extĂ©rieures Ă  cet enjeu. En se basant sur les propos de McCarthy, on comprend que le mouvement social Metoo et la possible influence de celui-ci dans les fictions tĂ©lĂ©visuelles sont intrinsĂšquement liĂ©s. En effet, nous pensons que tous les deux rĂ©pondent Ă  cette idĂ©e de raconter et aux changements sociaux que les rĂ©cits ont le pouvoir d'engendrer. La narration permet Ă  celui qui Ă©coute, de mieux comprendre les enjeux impliquĂ©s, d’ĂȘtre empathique Ă  une situation, car elle devient, par le fait mĂȘme, plus humaine. Dans ce sens, le mouvement Metoo a dĂ©butĂ©, de 16 Traduction libre de l’auteure La narration a Ă©tĂ© une force unificatrice et mobilisatrice Ă  travers l'histoire ... Dans la premiĂšre moitiĂ© du 19e siĂšcle, les rĂ©cits d'esclaves - des histoires qui tĂ©moignent de la brutalitĂ© commise contre des personnes traitĂ©es comme des biens - " Ă©taient incroyablement puissants en termes d'Ă©mouvoir l'opinion publique d'une culture de plus en plus instruite et divisĂ©e " sur l'abolition [...] Tous ces mouvements qui ont changĂ© les esprits et les cƓurs et qui ont fait avancer une nation dans la voie de la justice ont Ă©tĂ© fondĂ©s sur des rĂ©cits. » 18 prime abord, par des tĂ©moignages, par de lourds secrets dĂ©voilĂ©s sur la place publique, sur Internet. Comme l’a mentionnĂ© l’essayiste fĂ©ministe, Pascale Navarro, constater qu’un de nos proches a vĂ©cu un prĂ©judice nous rend encore plus sensible, voire plus investi, dans ce qui peut ĂȘtre un enjeu sociĂ©tal Nadeau, 2018. Par sa fonction narrative, la fiction tĂ©lĂ©visuelle permet Ă  un tĂ©lĂ©spectateur lambda de mieux saisir la portĂ©e d'une situation donnĂ©e, d'y ĂȘtre sensible et de devenir empathique Ă  cette situation Ă  laquelle il Ă©tait indiffĂ©rent quelques heures plus tĂŽt, tout simplement parce que le fait de raconter permet d’émouvoir et de toucher l’autre de multiples façons. Les sĂ©ries, en ce sens, peuvent avoir une fonction transformatrice lorsqu’elles rĂ©ussissent Ă  influencer l’opinion d’un spectateur attentif. En effet, comme le dit bien Iris Brey, spĂ©cialiste de la reprĂ©sentation du genre au cinĂ©ma et dans les sĂ©ries, dans son ouvrage Sex and the Series sexualitĂ©s fĂ©minines, une rĂ©volution tĂ©lĂ©visuelle La sĂ©rie est un outil de communication de masse qui peut avoir un impact profond sur la reprĂ©sentation 
. C’est en cela que les sĂ©ries prennent une fonction rĂ©volutionnaire 
 » 2016, L’identification du spectateur avec le personnage, ou du rĂ©cepteur avec celui qui tĂ©moigne, participe Ă  cette prise de conscience. Dans le chapitre II de ce mĂ©moire, nous tenterons de mieux comprendre le fonctionnement des reprĂ©sentations sociales sur l’humain et plus prĂ©cisĂ©ment dans le cas oĂč elles sont vĂ©hiculĂ©es par les mĂ©dias. À l’aide d’études sociologiques, nous dĂ©sirons, notamment, discerner si la tĂ©lĂ©vision peut rĂ©ellement avoir un impact sur un tĂ©lĂ©spectateur. Ce faisant, nous pensons que nous pourrons mieux mesurer » l’influence de la possible Ă©volution des reprĂ©sentations des abus sexuels dans les fictions tĂ©lĂ©visuelles, suivant le mouvement Metoo. Le mouvement Metoo au QuĂ©bec et la reprĂ©sentation des victimes mĂąles Au QuĂ©bec, le mouvement Metoo a frappĂ© fort. En octobre 2017, alors que les tweets se multiplient sur la toile, plusieurs QuĂ©bĂ©cois et QuĂ©bĂ©coises participent, Ă  leur tour, au mouvement. Les tĂ©moignages fusent et bientĂŽt, des noms circulent. Parmi eux, de gros noms » de l’industrie comme Éric Salvail, animateur et producteur tĂ©lĂ© et Gilbert Rozon, producteur et fondateur du Festival Juste pour rire. Le cas d’Éric Salvail nous intĂ©resse plus particuliĂšrement puisqu’il met de l’avant un autre type » de victime, les hommes. 19 Le 18 octobre 2017, un article du journal La Presse dĂ©clare que le producteur tĂ©lĂ© Éric Salvail aurait fait preuve, Ă  plusieurs reprises et selon plusieurs tĂ©moignages rĂ©coltĂ©s, d’inconduites sexuelles. Une des victimes, le coiffeur Marco Berardini, avoue avoir eu peur des consĂ©quences de son aveu public sur sa carriĂšre et sa rĂ©putation Marco Berardini a longuement hĂ©sitĂ© avant de nous parler. Il l'a fait lorsque nous lui avons rapportĂ© avoir recueilli plusieurs autres tĂ©moignages, des gens qui requĂ©raient l'anonymat, car ils avaient peur des reprĂ©sailles qu'Éric Salvail pourrait exercer Ă  leur endroit » Gagnon et Vallet, 2017. En effet, Éric Salvail Ă©tait un homme trĂšs influent du paysage artistique quĂ©bĂ©cois, mais aussi, un animateur adorĂ© du public. Avances sexuelles dĂ©placĂ©es, exhibitionnismes rĂ©pĂ©tĂ©s, harcĂšlements, sĂ©questrations et mĂȘme agressions sexuelles s’ajouteront sur la liste des mĂ©faits de ce cĂ©lĂšbre producteur dans les semaines qui vont suivre les dĂ©nonciations. Dans son entrevue pour La Presse, la victime Berardini, explique son silence des derniĂšres annĂ©es par la honte et la peur de faire rire de lui par le corps policier. Étant un homme et de surcroit, Ă©tant de grande taille et de forte musculature, ce coiffeur des vedettes n’a pas vraiment le profil type » d’une victime Pour Marco Berardini, maintenant ĂągĂ© de 41 ans, l'affaire Harvey Weinstein a aussi Ă©tĂ© un dĂ©clencheur. Le harcĂšlement dont le producteur hollywoodien a fait preuve Ă  l'endroit de dizaines d'actrices l'a profondĂ©ment bouleversĂ©. Jusqu'Ă  ce que l'affaire Harvey Weinstein survienne, jusqu'Ă  ce que vous me contactiez, je me disais que ce n'Ă©tait pas si grave, ce que j'avais vĂ©cu. Mais maintenant que je sais qu'il a fait ça Ă  d'autres, je me sens justifiĂ© de m'ĂȘtre senti mal Ă  l'Ă©poque » Gagnon et Vallet, 2017. Dans plusieurs prises de paroles publiques contre les crimes sexuels, que ce soit par des politiciens, des personnalitĂ©s publiques, par des journalistes ou des commentateurs, les victimes de sexe masculin sont oubliĂ©es. Ces allĂ©gations contre le producteur Éric Salvail et les dĂ©nonciations faites par des victimes hommes, tels que Donald Duguay autre victime connue de Salvail ou Marco Berardini, mettent en lumiĂšre cette rĂ©alitĂ© et redĂ©finissent la question du profil type » de la victime, voire de la reprĂ©sentation de celle-ci dans les mĂ©dias et autres 20 imaginaires tĂ©lĂ©visuels et cinĂ©matographiques, car aprĂšs tout, Ă  quoi devrait ressembler une victime? Ou plutĂŽt, comment est-elle reprĂ©sentĂ©e? Est-ce que le mouvement Metoo a modifiĂ© la reprĂ©sentation de la victime Ă  la tĂ©lĂ©vision? Nous investiguerons ces excellentes et importantes questions dans les prochains chapitres et tenterons d’y rĂ©pondre Ă  l’aide d’analyses de sĂ©ries tĂ©lĂ©visuelles et d’épisodes particuliĂšrement ciblĂ©s. L’impact du mouvement dans les milieux de travail et backlash AprĂšs les Ă©clats de l’affaire Weinstein et la vague du mouvement Metoo sur les rĂ©seaux sociaux, les chiffres des dĂ©nonciations de harcĂšlement sexuel dans les milieux de travail ont indĂ©niablement augmentĂ©. Plusieurs compagnies amĂ©ricaines et canadiennes ont remarquĂ© une hausse marquĂ©e des plaintes de harcĂšlement sexuel parallĂšlement au mouvement et au scandale d’octobre 2017. En effet, un article de la NBC NEWS dĂ©montre une hausse de 12 % des cas de plaintes rĂ©pertoriĂ©es lors d’une enquĂȘte faite auprĂšs de compagnies amĂ©ricaines, et ce, un an aprĂšs les Ă©vĂšnements The Equal Employment Opportunity Commission, which investigates complaints of workplace sexual harassment and discrimination, saw about 7,500 harassment complaints filed from October 2017 to September 2018, a 12 percent increase compared to the previous year17Chiwaya, 2018. Avec le nombre de dĂ©nonciations qui augmente, les entreprises ont vite fait d’adopter de nouveaux rĂšglements afin de limiter les inconduites au sein de leur personnel. Malheureusement, certaines nouvelles rĂšgles imposĂ©es sont trĂšs sĂ©vĂšres et engendrent un effet de recul vis-Ă -vis le mouvement social au lieu d’amĂ©liorer les conditions de travail des employĂ©s. On assiste par exemple Ă  une surrĂšglementation qui pourrait bel et bien nuire Ă  la gent fĂ©minine embauchĂ©e dans de grandes entreprises. Comme le dĂ©montre cet article du magazine new-yorkais Fortune, les nouvelles lĂ©gislations engendrĂ©es par la vague Metoo restreignent les contacts entre les 17 Traduction libre de l’auteure La Equal Employment Opportunity Commission qui enquĂȘte sur les plaintes de harcĂšlement sexuel et de discrimination en milieu de travail, a reçu environ 7 500 plaintes de harcĂšlement dĂ©posĂ©es entre octobre 2017 et septembre 2018, une augmentation de 12 % par rapport Ă  l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. » 21 employĂ©s. La SociĂ©tĂ© pour la Gestion des Ressources Humaines Society for Human Resource Management SHRM invoque, Ă  cet effet, les paroles d’un gestionnaire questionnĂ© Ă  ce sujet Male mentors can no longer be assigned to women less senior then themselves. Working in the office after hours is no longer allowed “for groups of fewer than three employees and must include a manager.” No touching ever, and “asking permission to enter a 3-foot space, and NEVER [caps theirs] closer than 3 feet.” One manager told SHRM he’s “scared to say anything” to or about women, Fisher, 2018 Ce vĂ©ritable backlash postmouvement Metoo inquiĂšte la femme d’affaire amĂ©ricaine et nouvelle directrice des opĂ©rations de Facebook, Sheryl Sandberg, qui craint une rĂ©duction du mentorat homme/femme dans les milieux de travail en raison de la peur de ceux-ci d’ĂȘtre faussement accusĂ©s d’inconduite Alini, 2018. Les inquiĂ©tudes de Sheryl Sandberg semblent fondĂ©es selon un sondage effectuĂ© par la fondation Sandberg’s Thirty per cent of male managers surveyed said they are uncomfortable working alone with female colleagues, over twice the percentage who said so in the past. Meanwhile, the number of male managers who have concerns about mentoring women more than tripled, from 5 per cent to 16 per Alini, 2018 18 Traduction libre de l’auteure Les mentors masculins ne peuvent plus ĂȘtre affectĂ©s Ă  des femmes moins seniors qu'eux. Le travail au bureau en dehors des heures de travail n'est plus autorisĂ© pour les groupes de moins de trois employĂ©s et doit inclure un gestionnaire ». Ne jamais toucher, et demander la permission d'entrer dans un espace de 3 pieds, et JAMAIS Ă  moins de 3 pieds. » Un gestionnaire a dit Ă  la SHRM qu'il avait peur de dire quoi que ce soit » aux femmes ou au sujet des femmes, Ă  jamais. » 19 Traduction libre de l’auteure Trente pour cent des gestionnaires masculins interrogĂ©s se disent mal Ă  l'aise Ă  l'idĂ©e de travailler seuls avec des collĂšgues fĂ©minines, soit plus du double du pourcentage de ceux qui l'ont dit dans le passĂ©. Par ailleurs, le nombre de gestionnaires de sexe masculin qui s'inquiĂštent de mentorer des femmes a plus que triplĂ©, passant de cinq pour cent Ă  seize pour cent ». 22 En effet, les PDG apprĂ©hendent que des allĂ©gations de harcĂšlement sexuel puissent nuire Ă  la bonne rĂ©putation de leur compagnie. Des femmes ont ressenti le backlash du mouvement trĂšs rapidement aprĂšs que certaines grandes tĂȘtes d’entreprise aient refusĂ© de les rencontrer sans tĂ©moin prĂ©sent selon une nouvelle rĂšglementation Alini, 2018. À l’aide de notre corpus divisĂ© entre l’avant et l’aprĂšs Metoo, nous tenterons de dĂ©terminer s’il y a prĂ©sence d’une Ă©volution dans le traitement de la victime lorsqu’elle s’affiche comme telle. Par exemple, est-ce que ces allĂ©gations sont prises au sĂ©rieux par ses pairs, par son employeur si tel est le cas, par le systĂšme carcĂ©ral et judiciaire? Quel message est envoyĂ© au tĂ©lĂ©spectateur par cette reprĂ©sentation positive ou nĂ©gative de la gestion et des consĂ©quences d’une plainte? Impact du mouvement sur les mƓurs On pourrait croire que la vague Metoo, surnommĂ©e ainsi par plusieurs quotidiens de la province, a rĂ©ussi Ă  Ă©branler les façons de penser, les mƓurs et agissements des individus de notre sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise. En effet, selon un sondage effectuĂ© sur 1 020 QuĂ©bĂ©cois par SOM-L’actualitĂ©-98,5,20 un an aprĂšs les Ă©vĂšnements Moiaussi, plus de 80% des rĂ©pondants croyaient que dorĂ©navant les plaintes de harcĂšlement sexuel seraient davantage prises au sĂ©rieux, 70% des rĂ©pondants se disaient plus prudents face Ă  leurs agissements paroles, actes et gestes. Les trois quarts des femmes rĂ©pondantes disaient croire aux effets positifs du mouvement dans le futur comparativement Ă  57% des rĂ©pondants de sexe masculin. Il semblerait aussi que plus de 30% des hommes quĂ©bĂ©cois, selon le sondage, trouveraient maintenant plus compliquĂ©es les relations hommes/femmes tant au travail entre collĂšgues que dans un contexte de relation sexuelle/amoureuse Mercier, 2018. En faisant la lecture de ce sondage, on constate aussi que le malentendu sur la notion du consentement sexuel perdure entre les hommes et les femmes, et ce mĂȘme aprĂšs les nombreux tĂ©moignages d’inconduite et les revendications pour une meilleure Ă©ducation face au 20 MĂ©thodologie Le sondage SOM a Ă©tĂ© menĂ© en ligne du 28 aoĂ»t au 2 septembre 2018 auprĂšs de 1 020 QuĂ©bĂ©cois francophones ĂągĂ©s d’au moins 18 ans, soit 511 femmes et 509 hommes. Plus de 90 % des rĂ©pondants se prĂ©sentent comme hĂ©tĂ©rosexuels, et 60 % travaillent. Les participants ont Ă©tĂ© recrutĂ©s de façon alĂ©atoire par tĂ©lĂ©phone fixe et cellulaire ; il s’agit donc d’un Ă©chantillon probabiliste. Les donnĂ©es ont Ă©tĂ© pondĂ©rĂ©es pour reflĂ©ter au mieux les caractĂ©ristiques de la population. La marge d’erreur maximale, pour l’ensemble des rĂ©pondants, est de 4,1 %, 19 fois sur 20. » Mercier, 2018 23 consentement lors de relation sexuelle. Il sera important, selon nous, d’examiner si cette notion de consentement comme un vĂ©ritable enjeu est reprĂ©sentĂ© comme tel dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es qui ont suivi le mouvement. Pourra-t-on, ainsi, distinguer une Ă©volution de la reprĂ©sentation du consentement sexuel dans les reprĂ©sentations tĂ©lĂ©visuelles tirĂ©es de notre corpus? Nous tenterons d’y rĂ©pondre aprĂšs nos diffĂ©rentes recherches et analyses de visionnements. La population sondĂ©e semble aussi trĂšs sĂ»re que dorĂ©navant les plaintes pour harcĂšlement sexuel seront prises au sĂ©rieux, mais doute, tout de mĂȘme, de l’hospitalitĂ© du systĂšme judiciaire face aux victimes qui voudraient dĂ©noncer leur agresseur Mercier, 2018. Ainsi, on peut constater, grĂące Ă  ce sondage, que le mouvement Metoo a bel et bien créé un rĂ©el impact sur la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise, en jouant un rĂŽle d'Ă©veilleur de conscience sur un phĂ©nomĂšne d'abus trop souvent banalisĂ© et peu dĂ©noncĂ© jusqu'Ă  ce que l’on assiste Ă  cette vĂ©ritable prise de conscience sociĂ©tale. Est-ce que cette prise de conscience collective se reflĂšte Ă  la tĂ©lĂ©vision? Et si oui, durera-t-elle? Nous demanderons-nous en conclusion. Impact du mouvement sur le systĂšme judiciaire Sur la scĂšne quĂ©bĂ©coise Le nombre de dĂ©nonciations de harcĂšlement et autres crimes sexuels dans l’annĂ©e de 2017 Ă  2018 au QuĂ©bec a vĂ©ritablement explosĂ©. InterrogĂ©e Ă  ce sujet, l’avocate Marie-Claude Perreault estime que les enquĂȘtes de harcĂšlement sexuel ont augmentĂ© de 60% comparativement aux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes Scali, 2018. Cette augmentation indĂ©niable du nombre de plaintes a certainement engendrĂ© une remise en question du systĂšme judiciaire et de la prise en charge de la victime par les Ă©lus quĂ©bĂ©cois. En effet, au QuĂ©bec, en 2019, quatre Ă©lues, toutes issues de partis politiques diffĂ©rents, se sont rencontrĂ©es afin de discuter d’une mise en place d’un tribunal spĂ©cialisĂ© contre les crimes sexuels et de la violence conjugale dans le systĂšme de justice quĂ©bĂ©cois. Bien que cette initiative soit prise au QuĂ©bec et non aux États-Unis jusqu’à maintenant, nous trouvions important de mentionner cet ajout possible dans le systĂšme de justice quĂ©bĂ©cois puisqu’il dĂ©montre un 24 vĂ©ritable besoin, mais aussi un dĂ©sir de faire bouger les choses. Par le fait mĂȘme, il prouve aussi l’influence positive et grande du mouvement sur une sociĂ©tĂ© donnĂ©e, ici celle du QuĂ©bec. Ainsi, comme le dĂ©montre, la professeure Chantal MaillĂ© Ă  l’Institut Simone de Beauvoir de Concordia dans une entrevue accordĂ©e au journal La Presse, ces dĂ©nonciations soudaines et en masse ont pointĂ© du doigt les failles de notre systĂšme de justice qui ne semble pas adĂ©quat et convenable pour des crimes et cas de ce genre Leduc, 2018. Car oui, c’est une chose de dĂ©noncer, mais c’en est une autre d’avoir un systĂšme lĂ©gal qui protĂšge ou peut adĂ©quatement entendre les victimes
 La professeure MaillĂ© prĂ©cise Car ce qu’ont parfaitement illustrĂ© les sorties dans les mĂ©dias de victimes de Gilbert Rozon, d’Éric Salvail et des autres, c’est le manque de confiance des victimes dans les voies officielles et l’incapacitĂ© de la justice Ă  endiguer les violences sexuelles et Ă  pĂ©naliser les agresseurs » Leduc, 2018. Face Ă  cette nouvelle rĂ©solution des partis politiques, un communiquĂ© de presse rĂ©alisĂ© par la FĂ©dĂ©ration des Femmes du QuĂ©bec FFQ prouve cette mĂ©fiance face au systĂšme Depuis plusieurs dĂ©cennies, les chiffres sur le fossĂ© existant entre le nombre d’agressions sexuelles dĂ©clarĂ©es Ă  la police et le nombre d’agressions sexuelles dĂ©clarĂ©es dans les sondages suscitent de nombreux questionnements quant Ă  notre capacitĂ© Ă  prendre en charge les crimes sexuels dans nos services de police, puis dans nos tribunaux. Aujourd’hui, seulement 5% des crimes sexuels sont dĂ©clarĂ©s Ă  la police, et 3 sur 1000 plaintes d’agressions sexuelles aboutissent Ă  une condamnation. Le mouvement MeToo a amorcĂ© un changement de culture et une prise de conscience du manque de ressources institutionnelles dans le suivi des crimes sexuels FĂ©dĂ©ration des femmes du QuĂ©bec, 2019. QuĂ©bec s’engage donc Ă  crĂ©er un nouveau comitĂ© d’experts qui prendra mieux en charge les victimes et qui tentera de mieux les soutenir en les aidant psychologiquement et socialement afin de leur redonner confiance au systĂšme. La dĂ©putĂ©e VĂ©ronique Hivon du Parti QuĂ©bĂ©cois, en entrevue, insiste sur le fait que le mouvement Metoo est au cƓur de cette initiative 25 Comme Ă©lues, nous avons l'Ă©norme responsabilitĂ© de transformer le mouvement Moiaussi en gestes concrets, en politiques concrĂštes, qui vont changer les choses, et faire en sorte que c'est le systĂšme qui va s'adapter Ă  la rĂ©alitĂ© des personnes victimes de violence sexuelle et conjugale, et non l'inverse. Ducas, 2019 Sur la scĂšne amĂ©ricaine Aux États-Unis, l’impact du mouvement sur la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine est indĂ©niable. Les effets du mouvement Metoo se font surtout ressentir dans le domaine cinĂ©matographique, dans celui des mĂ©dias, de la technologie et dans les milieux de travail des grandes entreprises Guevara Frey, 2018. On peut aussi voir son influence en politique alors que le PrĂ©sident actuel des États-Unis, Donald Trump, pointe du doigt cette mobilisation qui, selon lui, est allĂ©e trop loin. Ce mouvement blĂąmerait faussement les hommes qui sont, ici, les vĂ©ritables victimes comme il le dira lors d’une entrevue It is a very scary time for young men in America, where you can be guilty of something you may not be guilty of21 » Klein et al., 2018. Bien que chez nos voisins du Sud on assiste aussi Ă  une prise de conscience sociĂ©tale, de nouvelles lois pour mettre en place une meilleure prise en charge des plaintes de harcĂšlement sexuel et un meilleur soutien des victimes tardent Ă  venir comme le prouve cet article du Usa Today MeToo has raised awareness and made it easier for ongoing reform efforts to get traction. Elected officials across the country have held hearings and introduced resolutions and bills in support. But a closer analysis reveals few new laws that substantially remove the barriers for victims to report and seek justice or that increase accountability for perpetrators and employers22 Hegarty et Kelly, 2018. 21 Traduction libre C'est une pĂ©riode trĂšs effrayante pour les jeunes hommes en AmĂ©rique, oĂč vous pouvez ĂȘtre coupable de quelque chose dont vous n'ĂȘtes peut-ĂȘtre pas coupable. » 22 Traduction libre MeToo a sensibilisĂ© l’opinion publique et facilitĂ© les efforts de rĂ©forme en cours pour faire avancer les choses. Des Ă©lus de tout le pays ont tenu des audiences et prĂ©sentĂ© des rĂ©solutions et des projets de loi Ă  l'appui. Mais une analyse plus approfondie rĂ©vĂšle que peu de nouvelles lois Ă©liminent substantiellement les obstacles qui empĂȘchent les victimes de dĂ©noncer et de demander justice ou qui augmentent la responsabilitĂ© des perpĂ©trateurs et des employeurs. » 26 En effet, trĂšs peu d’États ont modifiĂ© concrĂštement leur systĂšme judiciaire aprĂšs la vague Metoo. On dĂ©note 11 États sur 50, dont la Californie et le Vermont qui ont ajoutĂ© de nouvelles mesures de protection contre le harcĂšlement sexuel et l’interdiction d’une clause de non-divulgation lors de l’embauche. La Californie a d’ailleurs instaurĂ© une nouvelle loi qui exigerait la mise en poste de femmes au conseil d’administration des entreprises Daniels, 2018. Ainsi, nous tenterons de voir, prochainement, si l’impact de ce mouvement est remarquable dans les reprĂ©sentations fictionnelles et tĂ©lĂ©visuelles de la victime et de l’agresseur, mais aussi de l’acte de l’agression sexuelle en lui-mĂȘme. Ce faisant, nous devrons chercher Ă  connaĂźtre comment Ă©taient reprĂ©sentĂ©es ces diffĂ©rentes figures avant le mouvement afin de mieux dĂ©terminer s’il y a une prĂ©sence possible d’évolution. Nous commencerons donc nos recherches en ce sens et dĂ©velopperons nos rĂ©sultats dans les prochains chapitres. Le harcĂšlement sexuel clarification Nombreux se sont demandĂ©s s’ils avaient dĂ©jĂ  posĂ© un geste dĂ©placĂ©, si l’un ou l’une de leur collĂšgue s’était dĂ©jĂ  sentie menacĂ©e par leur prĂ©sence ou encore si leur façon de flirter pouvait ĂȘtre maladroite ou inconsidĂ©rĂ©e. Dans cette nouvelle Ăšre de dĂ©nonciations sur la toile, le harcĂšlement sexuel s’affiche comme un vĂ©ritable flĂ©au. Bien qu’il ait toujours Ă©tĂ© prĂ©sent, aujourd’hui, et grĂące notamment au mouvement Metoo, il est moins tolĂ©rĂ©. Il sera justement intĂ©ressant de voir si cette rĂ©cente intolĂ©rance est dĂ©montrĂ©e dans notre corpus tĂ©lĂ©visuel post Metoo. Nous pensions donc qu’il Ă©tait important de dĂ©terminer, de prime abord, une dĂ©finition adĂ©quate de ce qu’est le harcĂšlement sexuel. Ainsi, selon la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du QuĂ©bec CDPDJ Le harcĂšlement sexuel est un abus de pouvoir d’un individu personne qui harcĂšle sur un autre victime » CDPDJ, Il s’agit donc d’un comportement, des gestes, des paroles dĂ©placĂ©es et Ă  connotation sexuelle qui entraĂźnerait la crainte ou la peur chez une victime. Selon MĂ©lanie Lemay, fondatrice du collectif QuĂ©bec Contre 27 Les Violences Sexuelles, la ligne entre ce qui est du harcĂšlement sexuel ou pas est loin d’ĂȘtre ambiguĂ« On a traversĂ© la ligne dĂšs que l’on s’attaque Ă  l’intĂ©gritĂ© d’une personne » Vigneault, 2017. Le consentement serait aussi au fondement mĂȘme des violences sexuelles puisque celui- ci aide Ă  distinguer une relation sexuelle d’une agression sexuelle. Cet accord ou refus, donnĂ© verbalement ou implicitement par un individu, serait aussi, bien sĂ»r, Ă  la base du harcĂšlement sexuel. C’est ce qui le distingue du phĂ©nomĂšne des jeux de sĂ©duction, qui sont Ă  la base des relations sexuelles consentantes. Dans le cas de harcĂšlement sexuel, la notion de pouvoir revient Ă  maintes reprises. Comme le mentionne la sexologue Laurie FrĂ©chette Le consentement libre doit se faire entre deux partenaires Ă©gaux [
] Quand il y a une notion d’autoritĂ© – un patron, un enseignant, une grande diffĂ©rence d’ñge entre deux jeunes ou un jeune et un adulte –, les deux personnes ne sont pas Ă  Ă©galitĂ© » Vigneault, 2017. Cette dĂ©finition du harcĂšlement sexuel nous permettra de mieux analyser les comportements nĂ©fastes qui pourront ĂȘtre mis de l’avant lors des reprĂ©sentations de comportements d’inconduites sexuelles dans les diffĂ©rents Ă©pisodes qui seront analysĂ©s dans le chapitre IV. Afin de mieux repĂ©rer le harcĂšlement sexuel Ă  l’écran, nous nous intĂ©resserons davantage Ă  ces diffĂ©rentes manifestations. Ainsi, selon l’organisme Sans Oui c’est Non, le harcĂšlement sexuel peut se rĂ©vĂ©ler de diverses façons. En voici quelques-unes rĂ©pertoriĂ©es par l’organisme Ă  but non lucratif ‱ Des promesses de rĂ©compenses, implicites ou explicites, faites dans le but d’obtenir un accord quant Ă  une demande de caractĂšre sexuel; ‱ Des menaces de reprĂ©sailles, implicites ou explicites, qu’elles se concrĂ©tisent ou non, faites dans le but d’obtenir un accord quant Ă  une demande de caractĂšre sexuel ou faites Ă  la suite d’un refus d’acquiescer Ă  une telle demande;
 ‱ Des commentaires inappropriĂ©s d’ordre sexuel, des remarques sur le corps de la personne ou sur son apparence, des plaisanteries qui dĂ©nigrent l’identitĂ© sexuelle ou l’orientation sexuelle de la personne; 28 ‱ Des questions intimes intrusives; ‱ Des regards concupiscents, notamment dirigĂ©s vers les parties sexuelles de la personne; Sans Oui C’est Non, 2019 Nous tenterons d’examiner si ces diffĂ©rentes manifestations sont bel et bien reprĂ©sentĂ©es dans les fictions tĂ©lĂ©visuelles qui mettent de l’avant des cas de harcĂšlement sexuel. Cette dĂ©finition du harcĂšlement sexuel nous permettra aussi de mieux prĂ©ciser notre corpus, en nous permettant d'identifier les sĂ©ries et les Ă©pisodes qui ont traitĂ© ce sujet. 29 Chapitre 2 – L’impact des reprĂ©sentations sociales Dans le chapitre prĂ©cĂ©dent, nous avons tentĂ© d’exposer les points saillants du mouvement Metoo et de prĂ©senter l’impact de celui-ci sur les sociĂ©tĂ©s amĂ©ricaines et quĂ©bĂ©coises. Dans les pages qui suivront, nous nous intĂ©resserons, plus prĂ©cisĂ©ment, Ă  la question des reprĂ©sentations sociales. De fait, nous nous questionnons Ă  savoir comment fonctionnent les reprĂ©sentations. Ainsi, les reprĂ©sentations sociales utilisĂ©es par la fiction tĂ©lĂ©visuelle pourraient-elles participer Ă  influencer la pensĂ©e d’une sociĂ©tĂ© donnĂ©e? Nous tenterons d’exposer, ici, les notions primordiales de la thĂ©orie de la reprĂ©sentation sociale en nous basant sur le travail et les ouvrages des thĂ©oriciens comme Émile Durkheim, Serge Moscovici, Pascal Moliner et Denise Jodelet. Nous tenterons aussi d’aborder la thĂ©orie de la cultivation du chercheur George Gerbner. Ce plongeon dans les mĂ©andres de la thĂ©orie des reprĂ©sentations sociales nous permettra, sans doute, de mieux comprendre le fonctionnement des reprĂ©sentations du harcĂšlement sexuel et des crimes sexuels par les fictions tĂ©lĂ©visuelles qui feront l'objet de notre analyse dans les prochains chapitres. Les bases de la thĂ©orie des reprĂ©sentations sociales par Durkheim, Moscovici, Moliner et Jodelet. Le sociologue français Émile Durkheim fut le premier Ă  s’intĂ©resser aux structures de la pensĂ©e sociale au 19e siĂšcle. À cette Ă©poque donc, Durkheim dĂ©veloppe la thĂ©orie des reprĂ©sentations collectives qu’il dĂ©finit comme l’ensemble des croyances et des valeurs communes Ă  une sociĂ©tĂ© Savard-Moisan, 2017, Ces reprĂ©sentations collectives ne sont pas des reflets Ă©quivoques de la rĂ©alitĂ©, mais sont plutĂŽt influencĂ©es par l’expĂ©rience, l’histoire d’une sociĂ©tĂ©. Selon Durkheim, ces reprĂ©sentations collectives dĂ©passent l’individu et sont en quelque sorte inĂ©vitables Or si l'on ne voit rien d'extraordinaire Ă  ce que les reprĂ©sentations individuelles, produites par les actions et les rĂ©actions Ă©changĂ©es entre les Ă©lĂ©ments nerveux, ne soient pas inhĂ©rentes Ă  ces Ă©lĂ©ments, qu'y a-t-il de surprenant Ă  ce que les 30 reprĂ©sentations collectives, produites par les actions et les rĂ©actions Ă©changĂ©es entre les consciences Ă©lĂ©mentaires dont est faite la sociĂ©tĂ©, ne dĂ©rivent pas directement de ces derniĂšres et, par suite, les dĂ©bordent? Durkheim,1898, Des chercheurs comme Serge Moscovici ont, depuis, repris le concept d’une pensĂ©e collective et sociale avancĂ© par Durkheim au 19e siĂšcle. En effet, selon Moscovici, les reprĂ©sentations sociales seraient une sorte de savoir naĂŻf produit et engendrĂ© par la sociĂ©tĂ© [
] les reprĂ©sentations sociales sont des formes de savoir naĂŻf et destinĂ©es Ă  organiser les conduites et Ă  orienter les communications. Ces savoirs naturels constituent les spĂ©cificitĂ©s de groupes sociaux qui les ont produits » Moscovici citĂ© dans Moliner, 1996, Selon le chercheur, un individu pourrait ĂȘtre influencĂ© par ces savoirs collectifs jusqu’au point oĂč, parfois, ceux-ci ne seraient pas requestionnĂ©s. En effet, la pensĂ©e dite naĂŻve » se caractĂ©riserait par son mode de raisonnement naturel. L’individu ferait alors appel Ă  des formules prĂ©construites et Ă  des clichĂ©s produits par la sociĂ©tĂ© dans laquelle il Ă©volue. Selon le sociologue, ces informations ponctuelles apparaĂźtraient Ă  l’homme comme une Ă©vidence ». Pourtant, ce savoir est bien loin de la vĂ©ritĂ©, car il se base, en grande majoritĂ©, sur une interprĂ©tation et une perception et non sur un savoir Ă©tabli Mais cette connaissance spontanĂ©e se fonde sur la tradition et le consensus et c’est sans doute la premiĂšre raison pour laquelle elle apparaĂźt Ă©vidente aux individus. C’est en quelque sorte une connaissance irrĂ©futable puisque chacun la partage » Moliner selon les travaux de Moscovici sur les savoirs naĂŻfs, 1996, Pour la chercheuse Denise Jodelet, les reprĂ©sentations sociales se dĂ©finissent ainsi une forme de connaissance, socialement Ă©laborĂ©e et partagĂ©e, ayant une visĂ©e pratique et concourant Ă  la construction d’une rĂ©alitĂ© commune Ă  un ensemble social » Jodelet citĂ© dans Moliner, 1996, Pour ainsi dire, les reprĂ©sentations sociales, selon Jodelet, seraient une forme de connaissance prodiguĂ©e par les individus d’une mĂȘme sociĂ©tĂ© qui leur permettrait de mieux dĂ©coder cette mĂȘme sociĂ©tĂ©. Plus simplement, on pourrait voir les reprĂ©sentations sociales comme un outil d’interprĂ©tation. Les savoirs naĂŻfs Comme le mentionne le sociologue Pascal Moliner en se basant sur les Ă©tudes de Moscovici, ces savoirs naĂŻfs que partagent les individus d’une mĂȘme sociĂ©tĂ© ne sont pas ancrĂ©s dans une rĂ©alitĂ© 31 concrĂšte À la diffĂ©rence d’une thĂ©orie scientifique qui se base sur des constructions abstraites destinĂ©es Ă  rendre compte du rĂ©el, la reprĂ©sentation se donne pour le reflet du rĂ©el » 1996, Ces savoirs naĂŻfs seraient donc Ă  l’origine des stĂ©rĂ©otypes et autres clichĂ©s qui naissent de ce qu’on pourrait appeler imaginaire collectif ». Encore selon Moscovici, les reprĂ©sentations sociales incarnent pour les collectivitĂ©s humaines une façon d’interprĂ©ter le rĂ©el et constituent, en ce sens, un outil d’analyse et de catĂ©gorisation efficace. Nous verrons comment fonctionne cette catĂ©gorisation dans les prochaines pages de ce chapitre. Les stĂ©rĂ©otypes Les stĂ©rĂ©otypes sont une partie intĂ©grante du fonctionnement des reprĂ©sentations sociales. Ils dĂ©signent [
] l’ensemble des caractĂ©ristiques que les membres d’un groupe social s’attribuent systĂ©matiquement Ă  eux-mĂȘmes autostĂ©rĂ©otype ou attribuent aux membres d’un autre groupe hĂ©tĂ©rostĂ©rĂ©otype » Moliner, 1996, Comme mentionnĂ© plus tĂŽt, les stĂ©rĂ©otypes rĂ©sultent d’un besoin innĂ© pour l’homme de catĂ©goriser l’information qu’il reçoit. Ainsi, l’humain catĂ©gorise un objet ou un autre individu en observant si celui-ci dĂ©tient plusieurs caractĂ©ristiques appartenant Ă  une catĂ©gorie prĂ©cise par exemple la pomme appartient Ă  la catĂ©gorie des fruits puisqu’elle est sucrĂ©e, qu’elle se mange crue et provient de l’organe comestible des plantes Ă  fleurs. Les stĂ©rĂ©otypes guident les perceptions d’un individu sur un autre individu ou sur un groupe donnĂ©. Plusieurs stĂ©rĂ©otypes et mythes semblent entourer le harcĂšlement sexuel et les agressions sexuelles, nous tenterons de prĂ©senter ces diffĂ©rents stĂ©rĂ©otypes dans les prochaines pages de ce mĂ©moire. Plusieurs Ă©tudes Benedict, 1992; Dupuy et Marchand, Gerbner et Signorielli, 1989; Greer, 2003; Murphy, 1998 ont dĂ©montrĂ© l’influence nĂ©faste de l’utilisation de stĂ©rĂ©otypes dans les mĂ©dias. Bien qu’ils soient utilisĂ©s fortement en tĂ©lĂ©vision et au cinĂ©ma afin de faciliter la communication des informations en prĂ©sentant au spectateur des codes et des rĂ©fĂ©rences qui lui sont dĂ©jĂ  connus par exemple en mettant en scĂšne une petite fille blonde, le spectateur s’attend Ă  ce qu’elle soit ingĂ©nue et innocente, le rĂ©alisateur n’a donc pas besoin de communiquer cette information au spectateur, nous pensons que les stĂ©rĂ©otypes contribuent Ă  favoriser des rapports sociaux nĂ©fastes entre groupes ethniques, entre les sexes et entre les gĂ©nĂ©rations. À ce 32 sujet, les chercheurs Pierre-Olivier Dupuy et Pascal Marchand se sont prononcĂ©s dans un article intitulĂ© MĂ©dias, stĂ©rĂ©otypes et discrimination Quant Ă  l’impact sur les tĂ©lĂ©spectateurs, les Ă©tudes montrent que, sur une Ă©chelle de sexisme », les tĂ©lĂ©spectateurs les plus assidus rĂ©vĂšlent des scores supĂ©rieurs aux tĂ©lĂ©spectateurs occasionnels. Les enfants qui regardent le plus la tĂ©lĂ©vision dĂ©veloppent davantage de stĂ©rĂ©otypes sexuels traditionnels tant Ă  propos des activitĂ©s faire la cuisine ou faire du sport que sur des qualitĂ©s personnelles cordialitĂ© ou indĂ©pendance. La tĂ©lĂ©vision peut ainsi cultiver des conceptions telles que les femmes sont plus heureuses Ă  la maison en Ă©levant leurs enfants » ou les hommes naissent avec plus d’ambition que les femmes ». On comprend donc que les tĂ©lĂ©spectateurs considĂ©rĂ©s comme assidus sont plus enclins Ă  assimiler les stĂ©rĂ©otypes qui leur sont prĂ©sentĂ©s, car ils seraient plus exposĂ©s Ă  ceux-ci. De mĂȘme, plusieurs Ă©tudes Benedict, 1992; Dupuy et Marchand, Gerbner et Signorielli, 1989; Greer, 2003; Khalor et Eastin, 2011; Murphy, 1998; O’Hara, 2012 dĂ©montrent une surutilisation des stĂ©rĂ©otypes raciaux et sexuels par les mĂ©dias. Nous pensons que ces stĂ©rĂ©otypes seraient plus restrictifs. En effet, comme le mentionne la professeure Ă  l’École des mĂ©dias Ă  l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al StĂ©fany Boisvert le problĂšme des stĂ©rĂ©otypes est d'abord et avant tout leur caractĂšre restrictif dans le cas des victimes, la gĂ©nĂ©ralisation qu'entraĂźne un stĂ©rĂ©otype contribue Ă  invisibiliser certaines personnes et Ă  proposer une vision restrictive du viol et du harcĂšlement sexuel et/ou discriminatoire par ex., lorsqu'un seul groupe social - souvent racisĂ© - est associĂ© Ă  la figure de l'agresseur ». Il y aurait donc un clivage dans la rĂ©ception entre tĂ©lĂ©spectateurs assidus et sporadiques. Celui-ci rappelle bien la thĂ©orie de la cultivation amenĂ©e par le thĂ©oricien George Gerbner. Nous tenterons d’approfondir les principes de cette thĂ©orie dans les prochaines pages de ce chapitre. 33 La Cultivation Theory de George Gerbner Une Ă©tude Ă©crite au milieu des dĂ©cennies 60 et 70 s’intĂ©resse Ă  l’influence qu’aurait la tĂ©lĂ©vision sur notre perception du monde. Nombre de recherches Potter, 1993 ; Shrum, 1995 seront faites Ă  ce sujet, par la suite, et bien que la thĂ©orie menĂ©e par Gerbner ait soulevĂ© de nombreux dĂ©bats Doob et Macdonald, 1979; Hirsch, 1980; Potter,1993, nous croyons Ă  sa pertinence dans cette Ă©tude. Aussi, la thĂ©orie de la cultivation de Gerbner est mentionnĂ©e, d’ailleurs, par plusieurs chercheurs, comme dans l’étude de Dupuy et Marchand ou encore dans l’étude de Khalor et Eastin sur le rĂŽle de la tĂ©lĂ©vision dans la culture de violence envers les femmes. La cultivation theory », exposĂ©e par le sociologue et journaliste George Gerbner et son Ă©quipe de chercheurs, se base sur le principe que la tĂ©lĂ©vision pourrait avoir des effets Ă  long terme sur ses utilisateurs. À cette Ă©poque 60 et 70, la tĂ©lĂ©vision n’est pas encore celle que l’on connaĂźt aujourd’hui, qui offre une tĂ©lĂ©vision Ă  la carte en temps rĂ©el, grĂące aux diverses mĂ©ga productions, tels que Netflix, et la possibilitĂ© d'une consommation en rafale d’épisodes plus communĂ©ment appelĂ©e binge watching ». Elle est alors, pour bien des foyers, un rendez-vous quotidien que l’on s’accorde aprĂšs le travail, le centre des rassemblements familiaux devant un sitcom par exemple et une source d’information importante pour plusieurs, parfois, mĂȘme, la seule. Comme le mentionne Gerbner, ce mĂ©dium arrive trĂšs tĂŽt dans la vie de l’enfant de la fin du 20e siĂšcle et aussi, nous pensons, dans la vie des enfants du 21e siĂšcle Gerbner et al., 1986, C’est en se penchant sur cette prĂ©misse que le chercheur a commencĂ© Ă  s’intĂ©resser Ă  l’influence de celle-ci sur la sociĂ©tĂ©. Se pourrait-il que nous sous-estimions l’impact que peuvent avoir les mĂ©dias? Oui, rĂ©pondra le chercheur. Comme l’explique Judith Lazar, dans son article portant sur l’apport des recherches de Gerbner, la tĂ©lĂ©vision participerait Ă  entretenir certaines valeurs amendĂ©es par la sociĂ©tĂ© et favoriserait, de ce fait, la fabrication de normes sociales En fait, la tĂ©lĂ©vision ne crĂ©e ni ne reflĂšte images, croyances ou opinions, mais elle fait partie d’un processus dynamique. [
]. Des besoins institutionnels de la tĂ©lĂ©vision influencent la crĂ©ation et la distribution des messages produits en masse, lesquels crĂ©ent, exploitent et soutiennent les besoins, les valeurs et les idĂ©ologies des publics et s’y ajustent. Ces publics, 34 Ă  leur tour, acquiĂšrent des identitĂ©s distinctes en tant que publics [
] Dans la mesure oĂč la tĂ©lĂ©vision est la source primordiale des informations et du divertissement, la consommation constante de ses messages rĂ©itĂšre, confirme et nourrit les valeurs et les perspectives des diffuseurs d’idĂ©es. C’est dans ce sens que Gerbner 1990 parle de cultivation et de mainstream. » Lazar se basant sur les Ă©tudes de la Cultivation Theory de George Gerbner, 2001, Afin de dĂ©montrer les consĂ©quences » d’une consommation rĂ©guliĂšre de tĂ©lĂ©vision sur un tĂ©lĂ©spectateur, Gerbner divise le public tĂ©lĂ©visuel en deux catĂ©gories, le spectateur dit heavy » assidu et le spectateur dit light » sporadique. Le spectateur dit heavy, consommant plus de 4 heures de tĂ©lĂ©vision par jour, subirait une plus grande influence tĂ©lĂ©visuelle sur sa perception du monde tandis que le spectateur dit light, consommant 2 heures et moins, ressentirait des effets moindres Gerbner et Signorielli, 1978, Plusieurs autres facteurs viendraient influencer cet impact comme le sexe, l’ñge, l’appartenance sexuelle, le niveau d’éducation, le contexte social et les relations personnelles Lazar, 2001, Toutefois, il serait en effet important de prendre en considĂ©ration que les tĂ©lĂ©spectateurs demeurent actifs » lors de leur visionnement d'une sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e, et donc que toute reprĂ©sentation tĂ©lĂ©visuelle peut ĂȘtre interprĂ©tĂ©e de diffĂ©rentes façons par diffĂ©rents individus Hall, 1994. Selon la proposition centrale de la thĂšse, il existe une relation linĂ©aire positive entre la consommation du petit Ă©cran et les indicateurs culturels. L’influence s’exercerait de maniĂšre unidirectionnelle au fur et Ă  mesure de la consommation des programmes tĂ©lĂ©visuels, le spectateur changera ses perceptions sur son environnement et donnera des rĂ©ponses plus proches de celles du monde symbolique. Lazar, 2001, p. 4 En examinant le mĂ©dium tĂ©lĂ©visuel, Gerbner dĂ©sirait dĂ©montrer, plus prĂ©cisĂ©ment, l’impact que pourrait avoir la diffusion de la violence Ă  la tĂ©lĂ©vision chez les tĂ©lĂ©spectateurs. En Ă©tudiant la rĂ©ception chez diffĂ©rents tĂ©lĂ©spectateurs Light et Heavy, ce chercheur est parvenu Ă  trouver un 35 lien entre un trop grand visionnement tĂ©lĂ©visuel et une peur irrationnelle de la sociĂ©tĂ© We have found that people who watch a lot of TV see the real world as more dangerous and frightening than those who watch very little. Heavy viewers are less trustful of their fellow citizens, and more fearful of the real world23 » Gerbner et Gross,1976, p. 5. Il appela ce concept Mean World Syndrome ». La chercheuse Cynthia Vinney, dans un article pour Thoughco., explique bien ce phĂ©nomĂšne exposĂ© par Gerbner [
] people who viewed a great deal of television became fearful of the world, believing that crime and victimization were rampant. Research showed that lighter television viewers were more trusting and saw the world as less selfish and dangerous than heavy television viewers. This phenomenon is called the "mean world syndrome"24 Vinney, 2019. Encore d’aprĂšs les recherches effectuĂ©es par Gerbner, il existerait une façon de penser homogĂšne - dite phĂ©nomĂšne de mainstream » - chez les grands tĂ©lĂ©spectateurs heavy. En effet, les individus qui consommeraient une trĂšs grande part de tĂ©lĂ©vision dans leur quotidien seraient plus enclins Ă  partager une vision analogue du monde, car ils seraient les rĂ©cepteurs d’un message similaire Gerbner et Gross,1976, p. 5. Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©e, un effet de rĂ©sonnance » tĂ©lĂ©visuelle surviendrait chez les tĂ©lĂ©spectateurs qui ont vĂ©cu une situation similaire Ă  celle vĂ©cue par le protagoniste ou celle vĂ©hiculĂ©e par les mĂ©dias. Lors de cet effet de rĂ©sonnance, l’impact sur le tĂ©lĂ©spectateur serait alors beaucoup plus grand Vinney, 2019. Plusieurs opposants de la thĂ©orie de la cultivation ont reprochĂ© Ă  Gerbner de percevoir le tĂ©lĂ©spectateur comme un ĂȘtre passif et de faire un lien rapide de cause Ă  effets entre la violence 23 Traduction libre Nous avons constatĂ© que les gens qui regardent beaucoup la tĂ©lĂ©vision considĂšrent le monde rĂ©el comme plus dangereux et plus effrayant que ceux qui la regardent trĂšs peu. Les grands tĂ©lĂ©spectateurs ont moins confiance en leurs concitoyens et ont davantage peur du monde rĂ©el. » 24 Traduction libre de l’auteure Les gens qui regardaient beaucoup la tĂ©lĂ©vision ont commencĂ© Ă  avoir peur du monde, croyant que le crime et la victimisation Ă©taient endĂ©miques. Les recherches ont montrĂ© Gerbner que les tĂ©lĂ©spectateurs sporadiques ou lights » Ă©taient plus confiants et voyaient le monde comme moins Ă©goĂŻste et moins dangereux que les tĂ©lĂ©spectateurs assidus ou heavy ». Ce phĂ©nomĂšne est appelĂ© le "syndrome du monde vil ". » 36 et la tĂ©lĂ©vision. D’autres encore Hirsh,1980; Doob et McDonald,1979 dĂ©mentent l’effet de cultivation » soutenue par le chercheur. En rĂ©ponse Ă  ses dĂ©tracteurs, Gerbner rĂ©pond que la thĂ©orie de la cultivation fonctionne si l’on considĂšre la tĂ©lĂ©vision comme un mĂ©dium auquel personne ne peut Ă©chapper. En effet, nous croyons que le mĂ©dia audiovisuel permet, par sa nature de fait social total, d’offrir des modĂšles de conduite et d’inconduite au tĂ©lĂ©spectateur Mauss, 2012. En ce sens, on pourrait dire que la tĂ©lĂ©vision accomplit une influence certaine sur notre perception du monde, allant donc jusqu’à transcender le spectateur » Lazar, 2001, et floutant de ce fait les frontiĂšres entre rĂ©el et faux. La sociologue Judith Lazar rĂ©itĂšre cette thĂšse du chercheur amĂ©ricain En rĂ©sumĂ©, il ne s’agit pas de discuter la frĂ©quence des actes ou des scĂšnes, mais de mettre en Ă©vidence que la frontiĂšre entre monde symbolique et monde rĂ©el est condamnĂ©e Ă  progressivement disparaĂźtre ; les individus, indĂ©pendamment du fait qu’ils croient Ă  ce qu’ils voient Ă  l’écran ou non, ont de plus en plus de difficultĂ©s Ă  distinguer entre reprĂ©sentations factuelles et reprĂ©sentations symboliques. Cela a Ă©tĂ© clairement dĂ©montrĂ© au niveau de la perception de la violence 1976, 1977, 1980. Ce que nous savons ou croyons savoir, selon Gerbner, rĂ©sulte d’un mĂ©lange que nous avons absorbĂ© au cours de notre vie. Les leçons » rĂ©pĂ©titives donnĂ©es par la tĂ©lĂ©vision sont devenues, depuis notre enfance, la base de nos valeurs et croyances. 2001, De ce fait et selon la thĂ©orie de la cultivation de George Gerbner, on assisterait Ă  un amenuisement possible de la distinction entre monde fictif et rĂ©el. Une rĂ©alitĂ© autre dans les mĂ©dias selon Marchand et Dupuy Une Ă©tude se basant sur l’article, Violence et terreur dans les mĂ©dias, de Georges Gerbner et de Nancy Signorielli, fait rĂ©fĂ©rence, entre autres, aux stĂ©rĂ©otypes entourant la criminalitĂ© qui sont vĂ©hiculĂ©s dans les mĂ©dias. Tout comme Gerbner, les chercheurs Pierre-Olivier Dupuy et Pascal Marchand croient en une influence des mĂ©dias sur la population 37 Les nombreuses Ă©tudes concernant le traitement mĂ©diatique de la criminalitĂ© montrent rĂ©guliĂšrement l’utilisation de biais, souvent raciaux et discriminants, Ă  travers l’emploi rĂ©gulier de stĂ©rĂ©otypes et a priori largement diffusĂ©s dans la sociĂ©tĂ©. [
] Gerbner montre clairement cette distance entre la rĂ©alitĂ© sociale et la rĂ©alitĂ© cathodique qui ne reprĂ©sente pas la premiĂšre. Les statistiques indiquent que, dans la grande majoritĂ© des agressions, l’agresseur et la victime se connaissent, que ce soit en France ou aux États- Unis. A contrario de ces donnĂ©es policiĂšres, la tĂ©lĂ©vision prĂ©sente une image de la criminalitĂ© qui consiste essentiellement en homicides et agressions par des inconnus » Dupuy et Marchand, De ce fait, on comprend que la reprĂ©sentation de la criminalitĂ© dans les mĂ©dias n’est pas conforme Ă  la rĂ©alitĂ©. Se pourrait-il que cette reprĂ©sentation engendre une peur irrationnelle chez les tĂ©lĂ©spectateurs? Peut-elle rĂ©ussir Ă  contrĂŽler » les esprits et Ă  propager des vĂ©ritĂ©s restrictives sur diffĂ©rents actes de violence, comme les agressions sexuelles par exemple? À ce sujet, Pascal Marchand explique que ce n’est pas tous les rĂ©cepteurs qui sont ouverts Ă  la transmission d’informations et donc qu’il ne faut pas surĂ©valuer l’impact des stĂ©rĂ©otypes sur le public [
] les gens ont tendance Ă  confondre l’importance qualitative d’un phĂ©nomĂšne la rĂ©sonance qu’il trouve avec nos propres attentes, besoins et motivations, fortement influencĂ©e par la tonalitĂ© dramatique qui lui est donnĂ©e et son importance quantitative ce qu’il reprĂ©sente rĂ©ellement dans la sociĂ©tĂ© et le nombre d’individus concernĂ©s Éric Champagne citant Marchand dans Champagne, 2006, Mais nous sommes d’avis qu’il ne faut pas non plus nĂ©gliger ce phĂ©nomĂšne. La chercheuse et professeure Ă  l’UniversitĂ© de Californie, Sheila Murphy, croit plutĂŽt en l’impact des stĂ©rĂ©otypes sur les individus. Murphy soutient que les contre-stĂ©rĂ©otypes reprĂ©sentation positive venant contredire la reprĂ©sentation nĂ©gative des stĂ©rĂ©otypes pourraient eux aussi avoir un impact certain sur l’individu. En se basant sur les travaux ultĂ©rieurs du psychologue amĂ©ricain, Jerome Bruner, Murphy croit, qu’en effet, un individu peut ĂȘtre fortement influencĂ© par son environnement jusqu’à en modifier sa perception d’une situation, d’un objet ou d’un ĂȘtre [
] the way in which we perceive the world around us is not merely a 38 neutral registration of some external reality. Instead, perception involves an active construction that incorporates our past memories and expectations as well as the current » Murphy citant les travaux de Bruner,1998, Afin de vĂ©rifier l’impact des reprĂ©sentations sociales et des stĂ©rĂ©otypes sur l’individu, Sheila Murphy, en collaboration avec d’autres chercheurs, rĂ©alisera une Ă©tude sur l’influence des stĂ©rĂ©otypes et des contre-stĂ©rĂ©otypes vĂ©hiculĂ©s par les mĂ©dias. Nous examinerons plus en profondeur les rĂ©sultats de cette Ă©tude dans les prochaines pages de ce mĂ©moire. Le script, un scĂ©nario plus ou moins efficace selon Moliner Le concept de script » serait une partie intĂ©grante des stĂ©rĂ©otypes. Il consisterait au scĂ©nario auquel un individu s’attend dans une situation x le script est une sĂ©quence cohĂ©rente d’évĂšnements attendus par l’individu et l’impliquant lui-mĂȘme comme participant ou comme observateur » Moliner, 1996, Le script permet Ă  l’individu de mieux se protĂ©ger dans une situation de danger ou de mieux s’adapter Ă  son environnement. Lorsque dans une situation x un individu est confrontĂ© Ă  un script diffĂ©rent duquel il s'attend, il pourra se montrer moins rĂ©ceptif Ă  la situation. Il est intĂ©ressant de penser qu’il n’existe pas de script vĂ©ridique », de scĂ©nario tout fait, quand il s’agit d’agression sexuelle. Et que lorsque celle-ci survient, l’individu ne dĂ©tient, parfois, pas les codes pour dĂ©coder cette situation de danger. Comme le mentionne la psychologue, Kimberly A. Lonsway dans une entrevue pour le New York Times, les agressions sexuelles ne se dĂ©roulent pas comme l’on imagine qu’elles se produisent There’s something really unique about sexual assault in the way we think about it, which is pretty upside down from the way it actually operates26» Dewan, 2018. Elle ajoute que le public s’attend gĂ©nĂ©ralement Ă  un script » diffĂ©rent And when it comes to the most serious assaults, the public imagines that 25 Traduction de l’auteure La façon dont nous percevons le monde qui nous entoure n'est pas simplement un enregistrement neutre d'une rĂ©alitĂ© extĂ©rieure. Au lieu de cela, la perception implique une con- struction active qui incorpore nos souvenirs et attentes passĂ©s ainsi que le contexte actuel. » 26 Traduction libre de l’auteure Il y a quelque chose de vraiment unique dans la façon dont nous envisageons l'agression sexuelle, ce qui est plutĂŽt Ă  l'inverse par rapport Ă  la façon dont elle fonctionne rĂ©ellement» 39 they are committed by strangers in a dark alley, [
] — even though the vast majority of assaults occur between people who know one another27 » Dewan, 2018. Pourtant, les Ă©tudes de Marchand, ici expliquĂ©es et Ă©tudiĂ©es par le chercheur Éric Champagne de l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al, dĂ©montre que le concept de scripts est largement utilisĂ© dans l’univers des mĂ©dias Les rĂ©sultats statistiques de l’expĂ©rimentation montrent que les journalistes, de par leur formation et leur propension Ă  s’informer plus que la moyenne des gens, auraient tendance Ă  construire de tels scripts, et que les lecteurs et spectateurs, de leur cĂŽtĂ©, seraient bien exercĂ©s Ă  lire les informations selon de tels scripts, d’autant plus s’ils ont dĂ©jĂ  assimilĂ© une telle maniĂšre de faire par leur assiduitĂ© aux mĂ©dias Champagne se basant sur les Ă©tudes de Marchand, 2006, p. 3 Ainsi, si l’on se fie aux dires du chercheur, les scripts peuvent aussi ĂȘtre propagĂ©s par les mĂ©dias et avoir une affection certaine sur l’individu. L’image sociale selon Moliner Selon le sociologue français, Pascal Moliner, l’image jouerait un grand rĂŽle dans les perceptions sociales. En effet, Moliner mentionne dans son ouvrage, Image et reprĂ©sentations sociales de la thĂ©orie des reprĂ©sentations Ă  l’étude des images sociales, [
] qu’une image visuelle reflĂšte toujours plus ou moins les conceptions, les croyances et les valeurs de celui qui l’a produite. De mĂȘme qu’elle reflĂšte aussi les conceptions, les croyances et les valeurs de ceux Ă  qui elle est destinĂ©e » Moliner, 1996, Ainsi l’on peut dire qu’une image dessine en quelque sorte la sociĂ©tĂ© Ă  laquelle elle appartient et que, de mĂȘme, cette sociĂ©tĂ© peint l’image visuelle. De nos jours, notre sociĂ©tĂ© fourmille d’images. Les publicitĂ©s, les mĂ©dias, le cinĂ©ma, la tĂ©lĂ©vision, le web font, aujourd’hui, partie intĂ©grante de nos vies. On peut supposer que l’individu du 21e siĂšcle a bien compris le pouvoir de celles-ci. En effet, et comme le mentionne le chercheur, l’image dĂ©tient 27 Traduction libre de l’auteure Et lorsqu'il s'agit des agressions les plus graves, le public imagine qu'elles sont commises par des Ă©trangers dans une ruelle sombre, mĂȘme si la grande majoritĂ© des agressions ont lieu entre personnes qui se connaissent. » 40 sur l’individu un grand pouvoir d’attraction et de communication. Elle fait appel aux Ă©motions, au ressenti de la personne, Ă  son vĂ©cu et aux images mentales qui l’habitent. L’image permet, bien sĂ»r, de vĂ©hiculer des idĂ©es, par exemple des messages politiques comme le font les affiches de propagande ou encore, elles peuvent servir Ă  informer rapidement et efficacement la population, comme c’est le cas des panneaux de signalisation sur la route. Mais comme le dirait le sociologue Dominique Wolton quant Ă  la polysĂ©mie de l’image [
] Ce n’est pas parce que tout le monde voit la mĂȘme chose que la mĂȘme chose est vue par tout le monde » Wolton, 1990 p. 67. Alors, comment fonctionne ce concept d’image collective? Comment faire pour permettre Ă  plusieurs individus de dĂ©coder cette mĂȘme signification picturale? L’historien de l’art, Ernst Gombrich, y rĂ©pond en mentionnant que l’artiste ou dans notre cas le rĂ©alisateur ou le scĂ©nariste peut fournir des pistes et faire des suggestions qui guideront le processus interprĂ©tatif du spectateur » Gombrich citĂ© dans Moliner, 1996, p. 116. Nous essaierons de voir, dans les prochains chapitres de ce mĂ©moire, si lors de la reprĂ©sentation des crimes sexuels et du harcĂšlement sexuel Ă  la tĂ©lĂ©vision diffusĂ©e post-mouvement Metoo, certains codes ont Ă©tĂ© utilisĂ©s par les auteurs afin d’aider les tĂ©lĂ©spectateurs Ă  mieux dĂ©coder la signification derriĂšre ces sĂ©quences audiovisuelles. L’idĂ©e du mythe selon Moscovici et Moliner Selon cette dĂ©finition tirĂ©e du Larousse, le mythe dĂ©signerait un Ensemble de croyances, de reprĂ©sentations idĂ©alisĂ©es autour d'un personnage, d'un phĂ©nomĂšne, d'un Ă©vĂ©nement historique, d'une technique et qui leur donnent une force, une importance particuliĂšre » dictionnaire Larousse, 2019. Pour ainsi dire, le mythe correspond Ă  un systĂšme de comprĂ©hension du monde et se propose donc comme l’origine de ce qui existe » Durand citĂ© dans Moliner, 1996, On comprend donc qu’il correspond Ă  une construction sociale tirĂ©e d’un imaginaire collectif afin de mieux expliquer un phĂ©nomĂšne. Bien qu’ils aient longtemps renvoyĂ© au rĂ©cit de crĂ©ation, les mythes, aujourd’hui, peuvent ĂȘtre utilisĂ©s au service d’une idĂ©ologie. Ils peuvent donc ĂȘtre vecteurs d’un discours mensonger et dĂ©former la rĂ©alitĂ©. Ainsi, ils peuvent ĂȘtre synonymes de savoir erronĂ©. On pourrait dire que les reprĂ©sentations sociales participent Ă  la propagation de mythes et de stĂ©rĂ©otypes, car comme mentionnĂ© plus tĂŽt, elles se construisent par un mode de raisonnement des savoirs naĂŻfs Moscovici qui, lui, favorise la 41 propagation des stĂ©rĂ©otypes et autres mythes. Selon Moliner, le mythe n’est pas neutre. Il correspond Ă  une intention qui, elle, n’est pas innocente 1996, À la suite de nos recherches, nous avons constatĂ© que plusieurs mythes sont liĂ©s Ă  la reprĂ©sentation des agressions sexuelles dans les mĂ©dias et dans le mĂ©dium cinĂ©matographique et tĂ©lĂ©visuel. Nous tenterons d’analyser ces diffĂ©rents mythes dans le prochain chapitre de ce mĂ©moire. Impact des stĂ©rĂ©otypes et autres reprĂ©sentations sociales nĂ©fastes vĂ©hiculĂ©s par les mĂ©dias sur la population. Comme nous l’avons vu un peu plus tĂŽt en Ă©voquant la Cultivation Theory de George Gerbner, les recherches de Pascal Marchand et Pierre-Olivier Dupuy, ainsi qu’en nous basant sur les principes de la thĂ©orie des reprĂ©sentations sociales dĂ©veloppĂ©e par Durkheim, Moscovici, Jodelet et Moliner, les stĂ©rĂ©otypes et autres mythes vĂ©hiculĂ©s par les mĂ©dias peuvent façonner le jugement d’un individu. Nous Ă©voquerons dans cette partie de notre mĂ©moire les travaux sur l’impact des stĂ©rĂ©otypes culturels dans les mĂ©dias. Nous tenterons d’examiner l’étude, The impact of factual versus fictional media portrayals on cultural stereotypes, de la chercheuse Sheila T. Murphy en collaboration avec ses collĂšgues J. Gerard Power et Gail Coover ainsi que l’article, Television’s role in the culture of violence toward women A study of television viewing and the cultivation of rape myth acceptance in the United States, de LeeAnn Khalor et de Matthew S. Eastin. Ces deux Ă©tudes nous permettront de dĂ©montrer l’impact des stĂ©rĂ©otypes sur l’individu. Nous nous intĂ©ressons plus particuliĂšrement aux prĂ©jugĂ©s entourant la violence envers la gent fĂ©minine puisqu’il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que bien que les hommes soient aussi victimes des viols et autres crimes sexuels, 82% des victimes d’agressions sexuelles sont de sexe fĂ©minin Ă  noter que 97% des agresseurs sont des hommes statistiques selon le MinistĂšre de la sĂ©curitĂ© publique du QuĂ©bec RQ CALACS, 2019. En ce sens, nous souhaitons concevoir, concrĂštement, l’influence des stĂ©rĂ©otypes sur une population Ă©chantillonnĂ©e et ainsi mieux comprendre l’impact des mĂ©dias et, par le fait mĂȘme, des reprĂ©sentations sociales nĂ©fastes chez un tĂ©lĂ©spectateur. Ce dernier aspect nous servira lors de l’analyse de notre corpus tĂ©lĂ©visuel dans le chapitre suivant. 42 The impact of factual versus fictional media portrayals on cultural stereotypes de Sheila T. Murphy La chercheuse et professeure, Sheila Murphy, croit qu’il existerait une corrĂ©lation entre ce qui est reprĂ©sentĂ© par les mĂ©dias et la façon dont les individus dresseraient le portrait d’un individu appartenant Ă  un autre groupe ethnique, Ă  une autre religion ou Ă  l’autre sexe. Lorsqu’il s’agit de la reprĂ©sentation des femmes dans les mĂ©dias, la chercheuse explique qu’il existe des traits typiques associĂ©s au sexe fĂ©minin Moreover, the women who do appear are typically portrayed as passive, overemotional, dependent on men, and inordinately concerned with "getting rings out of collars and commodes"28 » Murphy, 1998, p. 167. Lors de son Ă©tude visant une population d’étudiants d’une universitĂ© de la cĂŽte ouest amĂ©ricaine 400 Ă©tudiants furent interrogĂ©s, l’universitĂ© choisie n’est pas nommĂ©e dans l’étude, Murphy et ses collĂšgues ont créé deux profils de femmes diffĂ©rents dans un article de style portrait » circulant dans une infolettre. Dans l’un de ces deux profils, appelĂ© profil stĂ©rĂ©otypĂ© », l’équipe de chercheurs a dressĂ© le portrait d’une femme fictive, nommĂ©e Chris Miller. Celle-ci avait les quatre caractĂ©ristiques nĂ©gatives supposĂ©ment propres aux femmes selon un sondage effectuĂ© par la mĂȘme Ă©quipe soit faible », inintelligente », exagĂ©rĂ©ment Ă©motive » et Ă©gocentrique » Ă  noter que l’équipe a effectuĂ© le mĂȘme exercice afin de voir l’impact des stĂ©rĂ©otypes concernant les personnes de race noire. De mĂȘme, l’équipe a aussi dressĂ© le portrait d’une autre, Chris Miller, en crĂ©ant, cette fois, un profil contre-stĂ©rĂ©otypĂ© » dans lequel le personnage fictif contenait des caractĂ©ristiques positives contraires aux Ă©nonciations mentionnĂ©es plus tĂŽt. Ce faisant, l’équipe voulait vĂ©rifier si, Ă  la lecture des portraits stĂ©rĂ©otypĂ©s et contre-stĂ©rĂ©otypĂ©s les jugements des participants sur le blĂąme apportĂ© Ă  une victime de sexe fĂ©minin dans une situation de viol ou de violence conjugale se modifieraient et seraient donc influencĂ©s par la lecture des profils faite prĂ©alablement. Voici les conclusions Ă©noncĂ©es par la chercheuse amĂ©ricaine suite Ă  la compilation des rĂ©sultats Being exposed to a stereotypic portrayal of a female led individuals to doubt the credibility of 28 Traduction libre De plus, les femmes qui apparaissent sont gĂ©nĂ©ralement dĂ©peintes comme Ă©tant passives, trop Ă©motives, dĂ©pendantes des hommes et excessivement prĂ©occupĂ©es par le fait de bien enlever les plis d’un col de chemise » 43 Anita Hill the woman who accused then Supreme Court nominee Clarence Thomas of sexual harassment and Patricia Bowman the woman who accused William Kennedy Smith of rape, whereas exposure to a counterstereotypic portrayal increased the perceived credibility of these women. Similarly, the stereotypic version of the article resulted in more blame being directed at the wife in spousal-abuse situations, whereas the counterstereotypic version resulted in a tendency to direct greater blame at the Murphy, 1998, p. 169 Ainsi, cette Ă©tude dĂ©montre une corrĂ©lation directe entre des stĂ©rĂ©otypes vĂ©hiculĂ©s, ici dans un mĂ©dias Ă©crit contenu dans une infolettre, et le jugement qu’un individu porte Ă  une situation de violence envers les femmes. Murphy croit, par contre, qu’en pointant du doigt ces stĂ©rĂ©otypes et le vĂ©ritable impact que peuvent avoir les mĂ©dias sur un individu et qu’en contrecarrant les reprĂ©sentations sociales nĂ©fastes par de nouvelles reprĂ©sentations, l’on pourra venir Ă  bout de ces prĂ©jugĂ©s The rationale driving the proliferation of this and other counterstereotypic portrayals is that, through exposure to counterstereotypic examples, cultural stereotypes will be disconfirmed and rendered obsolete and, consequently, the prejudice that often accompanies them will be 1998, p. 167. 29 Traduction de l’auteure Le fait d'ĂȘtre exposĂ©e Ă  une reprĂ©sentation stĂ©rĂ©otypĂ©e d'une femme a amenĂ© des personnes Ă  douter de la crĂ©dibilitĂ© d'Anita Hill la femme qui accusait Clarence Thomas, alors candidat Ă  la Cour suprĂȘme, de harcĂšlement sexuel et de Patricia Bowman la femme qui accusait William Kennedy Smith de viol, tandis que l'exposition Ă  une reprĂ©sentation contre-stĂ©rĂ©otypique a accru leur perception de la crĂ©dibilitĂ© des femmes. De mĂȘme, la version stĂ©rĂ©otypĂ©e de l'article a fait en sorte que la femme a Ă©tĂ© davantage blĂąmĂ©e dans les situations de violence conjugale, alors que la version contre-stĂ©rĂ©otypique a donnĂ© lieu Ă  une tendance Ă  blĂąmer davantage le mari. » 30 Traduction de l’auteure La raison d'ĂȘtre de la prolifĂ©ration de ces reprĂ©sentations et d'autres reprĂ©sentations contre-stĂ©rĂ©otypĂ©es est que, par l'exposition Ă  des exemples contre-stĂ©rĂ©otypiques, les stĂ©rĂ©otypes culturels seront infirmĂ©s et rendus obsolĂštes et, par consĂ©quent, le prĂ©judice qui les accompagne souvent sera diminuĂ©. » 44 Television’s role in the culture of violence toward women A study of television viewing and cultivation of rape myth acceptance in the United States par LeeAnn Khalor et Matthew S. Eastin L’étude de Khalor et Eastin se base sur le principe que la tĂ©lĂ©vision, en tant que macro systĂšme, serait un pourvoyeur de normes sociales, de mĂȘme qu’elle contribuerait Ă  entretenir la culture de violence envers les femmes et Ă  lacceptation des mythes entourant le viol. Pour ce faire, les chercheurs ont appuyĂ© leur Ă©tude sur les principes de la thĂ©orie de la cultivation de George Gerbner expliquĂ©e plus haut. Ces chercheurs souhaitaient alors vĂ©rifier les croyances entourant les crimes sexuels, par une Ă©tude de rĂ©ception du public. Ainsi, selon les deux chercheurs, notre sociĂ©tĂ© fonctionnerait sur un principe de rĂŽles de dominĂ© vs dominant qui seraient installĂ©s entre les sexes. La propagation des mythes et des stĂ©rĂ©otypes entourant le viol et le harcĂšlement sexuel par le mĂ©dium de la tĂ©lĂ©vision participerait Ă  occasionner, chez les hommes et les femmes, de fausses croyances. On observerait mĂȘme chez les femmes, un effet de surprotection et de sur-prĂ©vention vis-Ă -vis des crimes sexuels et ce, de par la peur que ces mythes engendrent. Les chercheurs, Eastin et Khalor, soutiennent, que la tĂ©lĂ©vision jouerait un rĂŽle important dans la diffusion et la croyance de ces mythes The persistence of rape myths in society may be facilitated by the prevalence of these myths on television. Research suggests that sex-related crimes account for 10% of all dialogue on television related to sex, and most of it 80% is found in fictional programs, occurring primarily in movies or drama series’’ Kunkel et al., 2003, p. 21. Research further suggests that such content consistently perpetuates rape myths Brinson, 1992; Cuklanz, 2000, Greenberg & Hofschire, 2000. Indeed, these studies documented the prevalence of rape myths on prime time television Brinson, 1992; Brown, 2005; Carll, 2005. For example, in a review of prime time television, Brinson 1992 analyzed 26 storylines that by design contained references to rape, and found that the average storyline contained at least one 45 reference to a rape myth. Brinson found that 42% of the storylines suggested the victim wanted to be raped, 38% suggested the victim lied about the assault, and 46% suggested the victim was to blame for the assault31 2011, p. 17. Afin de mesurer cet impact et par le fait mĂȘme, de mieux comprendre celui-ci, les chercheurs ont concentrĂ© leur Ă©tude sur les tĂ©lĂ©spectateurs de deux genres tĂ©lĂ©visuels bien prĂ©cis, soit les soap operas et les drames criminels. AprĂšs le cumul des diffĂ©rents rĂ©sultats, ils ont trouvĂ© un lien positif entre le visionnement du genre soap opera et l’acceptation des mythes entourant le viol. Ils n’ont pourtant pas obtenu le mĂȘme rĂ©sultat quant au visionnement du genre drame criminel Eastin et Khalor, 2011, 224, 225. En effet, les chercheurs expliquent [
] these data indicate that higher level of rape-related content in genres such as soaps and crime dramas independently cultivate perceptions related to rape and sexual assault32 » 2011, p. 227. D’aprĂšs leur rĂ©sultat, Matthew Eastin et LeeAnn Khalor reconnaissent l’influence de la tĂ©lĂ©vision sur la prĂ©valence des mythes entourant le viol et autres abus sexuels et notent que le genre masculin/fĂ©minin des rĂ©pondants pourrait avoir une influence sur leur perception 2011, 224, 225. Nous comprenons qu’ainsi, il serait probable qu’il y ait une corrĂ©lation entre le genre tĂ©lĂ©visuel et les croyances des tĂ©lĂ©spectateurs entourant certains enjeux, tel que le viol. Le sexe du tĂ©lĂ©spectateur serait aussi, comme l’ont dĂ©montrĂ© les chercheurs, Eastin et Khalor, un facteur 31 Traduction libre de l’auteure La persistance des mythes sur le viol dans la sociĂ©tĂ© peut ĂȘtre facilitĂ©e par la prĂ©valence de ces mythes Ă  la tĂ©lĂ©vision. Les recherches suggĂšrent que les crimes sexuels reprĂ©sentent 10 % de tous les dialogues sur le sexe Ă  la tĂ©lĂ©vision et que " la plupart 80 % se retrouvent dans les Ă©missions de fiction, surtout dans les films ou les sĂ©ries dramatiques " Kunkel et coll., 2003, p. 21. Les recherches suggĂšrent, en outre, qu'un tel contenu perpĂ©tue constamment les mythes sur le viol Brinson, 1992 ; Cuklanz, 2000, Greenberg & Hofschire, 2000. En effet, ces Ă©tudes ont documentĂ© la prĂ©valence des mythes sur le viol Ă  la tĂ©lĂ©vision aux heures de grande Ă©coute Brinson, 1992 ; Brown, 2005 ; Carll, 2005. Par exemple, dans un examen de la tĂ©lĂ©vision aux heures de grande Ă©coute, Brinson 1992 a analysĂ© 26 intrigues qui de par leur conception contenaient des rĂ©fĂ©rences au viol, et a constatĂ© que l'intrigue moyenne contenait au moins une rĂ©fĂ©rence Ă  un mythe du viol. Brinson a constatĂ© que 42 % des intrigues suggĂ©raient que la victime voulait ĂȘtre violĂ©e, 38 % suggĂ©raient que la victime avait menti au sujet de l'agression et que 46 % suggĂ©raient que la victime Ă©tait responsable de l'agression. 32 Traduction libre Ces donnĂ©es indiquent qu'un niveau plus Ă©levĂ© de contenu liĂ© au viol dans des genres tels que le soap opera et les drames criminels cultive indĂ©pendamment les perceptions liĂ©es au viol et Ă  l'agression sexuelle. » 46 dĂ©terminant quant Ă  la perception du tĂ©lĂ©spectateur face aux diffĂ©rentes reprĂ©sentations notamment celles reprĂ©sentant des crimes sexuels. De ce fait, nous nous interrogeons est-ce qu’une reprĂ©sentation erronĂ©e du harcĂšlement sexuel et autres abus du mĂȘme genre pourrait engendrer une perception inexacte des crimes sexuels chez les tĂ©lĂ©spectateurs? Aussi, les chercheurs Eastin et Khalor ont parlĂ© d’un effet de sur-prĂ©vention chez les femmes, est-il rĂ©el et/ou vĂ©ritablement nĂ©cessaire? IrrĂ©mĂ©diablement, quels sont les mythes entourant le viol, et comment fonctionnent-ils? Retrouve-t-on ces mythes dans les reprĂ©sentations tĂ©lĂ©visuelles qui ont suivi le mouvement social Metoo? Nous tenterons de rĂ©pondre Ă  ces diffĂ©rentes questions dans les prochaines pages de ce mĂ©moire. Lors de nos recherches, nous avons dĂ©cidĂ© de baser notre corpus sur diffĂ©rents genres tĂ©lĂ©visuels. Passant de la sitcom, au drame, Ă  la romance pour adolescent, nous dĂ©sirons dĂ©terminer si la reprĂ©sentation du harcĂšlement sexuel et des crimes sexuels Ă  la tĂ©lĂ©vision a pu ĂȘtre modifiĂ©e aprĂšs le passage fracassant du mouvement Metoo et, de mĂȘme, si cette reprĂ©sentation peut influencer les mƓurs et la façon de penser du public. Nous pensons qu’en nous attardant sur les diffĂ©rentes Ă©tudes entourant la perception des tĂ©lĂ©spectateurs et l’influence de la tĂ©lĂ©vision sur celle-ci, ainsi qu’en dĂ©cryptant les bases de la thĂ©orie des reprĂ©sentations sociales nous rĂ©ussirons peut-ĂȘtre Ă  mettre de l’avant le possible impact de ces nouvelles reprĂ©sentations sur le spectateur et donc, par le fait mĂȘme, dĂ©montrer l’impact que peut avoir un mouvement social, tel que le mouvement Metoo, sur la sociĂ©tĂ©. Ainsi, nous essaierons d’exposer, dans le prochain chapitre, les mythes entourant le viol. Pour ce faire, nous nous baserons plus prĂ©cisĂ©ment sur les Ă©tudes d’Esther Madriz, de Helen Benedict et de Sarah Eschholz et Jana Bufkin. Nous tenterons par la suite de dĂ©terminer si ces mythes vĂ©hiculĂ©s par les mĂ©dias se retrouvent dans les Ă©pisodes de notre corpus tĂ©lĂ©visuel prĂ© et post Metoo. 47 Chapitre 3 – Les mythes entourant les crimes sexuels et leurs consĂ©quences sur la sociĂ©tĂ© Entre presque oui et oui, il y a tout un monde. » Alfred de Musset 1810-1857 Nous nous intĂ©resserons aujourd’hui aux ouvrages des chercheuses Helen Benedict, Esther Madriz, Sarah Echholz et Jana Bufkin. Nous avons dĂ©cidĂ© de nous limiter Ă  ces quatre chercheuses puisque celles-ci prĂ©sentaient des Ă©lĂ©ments diffĂ©rents ou particuliers Ă  notre recherche sur la reprĂ©sentation des crimes et du harcĂšlement sexuel dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es. Vous constaterez, peut-ĂȘtre, que le harcĂšlement sexuel ne semble pas ĂȘtre Ă©voquĂ© dans ces diffĂ©rentes Ă©tudes. À notre grande surprise, il fut en effet trĂšs difficile de trouver des ouvrages Ă  ce sujet alors qu’il nous a semblĂ© ĂȘtre un enjeu capital du mouvement social Metoo. Nous tenterons d’expliquer les raisons de cette absence dans le chapitre IV de ce mĂ©moire. Au chapitre prĂ©cĂ©dent, nous avons tentĂ© de mieux dĂ©finir ce qu’était un mythe et comment celui- ci pouvait fonctionner et mĂȘme influencer certains individus rĂ©ceptifs aux messages vĂ©hiculĂ©s par les mĂ©dias. Les mythes entourant le viol sont nombreux. La chercheuse, Helen Benedict, a d’ailleurs, dans son ouvrage, Virgin or Vamp How the Press Covers Sex Crime, tentĂ© de mieux dĂ©finir ceux-ci en dressant une liste des nombreux stĂ©rĂ©otypes et autres croyances qui entoureraient les abus sexuels. Voici quelques-uns des mythes rĂ©pertoriĂ©s par la chercheuse. ‱ Le viol est une relation sexuelle. ‱ L’agresseur est motivĂ© par la luxure. ‱ L’agresseur est un pervers ou un dĂ©viant. ‱ Les femmes provoquent le viol. ‱ Les femmes mĂ©ritent le viol. ‱ Seules les femmes aux mƓurs lĂ©gĂšres » en sont victimes. ‱ Les femmes crient faussement » au viol par vengeance Benedict, 1992, p. 14 Ă  19. Selon cette journaliste et professeure Ă  l’UniversitĂ© de Colombia, ces mythes transmettent une reprĂ©sentation erronĂ©e de la rĂ©alitĂ© et peuvent avoir de lourdes consĂ©quences psychologiques 48 sur la victime. La chercheuse Esther Madriz s’est, elle aussi, penchĂ©e sur la question dans le cadre d’une Ă©tude sur le contrĂŽle social et la peur des femmes liĂ©es aux images de criminels et de victimes vĂ©hiculĂ©es par les mĂ©dias. Madriz croit que ces mythes aident Ă  perpĂ©tuer des stĂ©rĂ©otypes liĂ©s aux crimes sexuels, en ayant comme effet d’exacerber la peur des femmes et de faciliter le contrĂŽle social de celles-ci Fear of crime is one of the most oppressive and deceitful sources of informal social control of women33 » 1997, p. 343. Madriz justifie son intĂ©rĂȘt d’étude non pas parce qu’il n’existe pas de victime de sexe masculin, mais plutĂŽt, car selon plusieurs Ă©tudes Moeller, 1989; Stafford et Gale, 1984 il a Ă©tĂ© prouvĂ© que les femmes craignent beaucoup plus la criminalitĂ© que les hommes alors que leur niveau de victimisation est plus bas 1997, Il y a donc un phĂ©nomĂšne intĂ©ressant Ă  Ă©tudier. Madriz croit qu’en effet, ces mythes sont si ancrĂ©s dans l’imaginaire social et dans les reprĂ©sentations collectives qu’ils permettent de dĂ©terminer, Ă  tort, qui a le profil d’une victime et qui a le profil d’un agresseur. On pourrait mĂȘme Ă©voquer l’idĂ©e de savoir naĂŻf » dĂ©veloppĂ©e par le thĂ©oricien et sociologue Moscovici et expliquĂ©e plus haut, savoir qui serait partagĂ© par les individus d’une mĂȘme sociĂ©tĂ© et qui ne serait point vĂ©rifiĂ©. Car comme l’explique la chercheuse, qui se base entre autres sur les recherches du philosophe, sociologue et spĂ©cialiste en criminalitĂ© Jeffrey Reiman, cette connaissance erronĂ©e » semble presque naturelle These representations reflect "attitudes so deeply embedded in tradition as to appear natural" Reiman, 1995, p. 6, affecting women’s- and men’s lives in a myriad of ways; restricting leisure and professional activities and teaching what crimes to fear, where and when to be afraid, who is dangerous, and who is safe34 Madriz,1997, p. 342-343. 33 Traduction libre de l’auteure La peur de la criminalitĂ© est l'une des sources les plus oppressives et les plus trompeuses de contrĂŽle social informel des femmes ». 34 Traduction libre de l’auteure Ces reprĂ©sentations reflĂštent " des attitudes si profondĂ©ment ancrĂ©es dans la tradition qu'elles paraissent naturelles " Reiman, 1995, p. 6, qui affectent la vie des femmes et des hommes d'une myriade de façons ; restreignant les activitĂ©s professionnelles et de loisirs et enseignant quels crimes craindre, oĂč et quand avoir peur, qui est dangereux et qui est sĂ»r ». 49 Madriz et Benedict s’entendent pour dire que ces mythes dessinent un portrait restrictif de la rĂ©alitĂ© qui prĂȘte Ă  penser que ces agressions n’arrivent seulement qu’à un seul groupe de personnes ou dans une situation oĂč la victime aurait fortement baissĂ© sa garde ». En effet, si l’on reprend quelques-uns des mythes Ă©noncĂ©s par Benedict, on comprend rapidement qu’ils tendent Ă  banaliser l’acte criminel qu’est le viol et Ă  reprocher Ă  la victime son comportement, son accoutrement, etc. Par exemple, le mythe seules les femmes aux mƓurs lĂ©gĂšres se font violer » opĂšrent une dĂ©-victimisation et une culpabilisation de la victime au profit de l’agresseur. Quant Ă  elle, la croyance qu’une dĂ©nonciation de viol est une arme cruelle utilisĂ©e par des femmes emplies de vengeance et de ressentiments » donne Ă  la victime l’impression qu’elle ne sera pas crue par les autoritĂ©s et son entourage aprĂšs une dĂ©nonciation. Cette croyance offre aussi une reprĂ©sentation inexacte de la rĂ©alitĂ©, alors que seulement 2% des cas de viols rĂ©pertoriĂ©s sont considĂ©rĂ©s comme Ă©tant faux Benedict, 1992, p. 18. Le mythe que l’agresseur est un homme dĂ©viant, un vĂ©ritable prĂ©dateur », laisse croire que les agressions fonctionnent comme une attaque par un inconnu sur un[e] inconnu[e]. Ainsi, en suivant ce mĂȘme ordre d’idĂ©e, un individu dit normal » ne peut ĂȘtre un agresseur. Dans la rĂ©alitĂ© et selon les statistiques du Regroupement quĂ©bĂ©cois des centres d’aide et de lutte contre les agressions Ă  caractĂšre sexuel RQ CALACS, 87% des agressions se dĂ©roulent dans un domicile privĂ© donc non pas, dans un lieu public comme le suppose l’idĂ©e de l’attaque et que 96,8% des agresseurs sont connus de la victime RQ CALACS, 2019. Selon la chercheuse, Helen Benedict, ces mythes participeraient surtout Ă  rassurer les non- victimes One function of all those myths, and perhaps the reason why they persist to this day, is to protect nonvictims from feeling vulnerable35 » 1997, p. 18. Ainsi, en catĂ©gorisant la victime, la non-victime peut s’assurer que si elle suit bien un certain comportement, un code de conduite par exemple ne pas sortir le soir, porter des vĂȘtements qui n’évoquent pas sa sexualitĂ©, etc., elle ne pourra ĂȘtre victime d’une agression. 35 Traduction libre de l’auteure L'une des fonctions de tous ces mythes, et peut-ĂȘtre la raison pour laquelle ils persistent encore aujourd'hui, est de protĂ©ger les non-victimes du sentiment de vulnĂ©rabilitĂ©. » 50 La chercheuse Esther Madriz, elle, dĂ©veloppe plutĂŽt l’idĂ©e d’une victime idĂ©ale et non-idĂ©ale. En se basant sur l’étude de Nils Christie intitulĂ©e, The Ideal Victim, Madriz explique que la victime idĂ©ale serait celle qui, lorsqu’affectĂ©e par le crime, reçoit plus souvent le statut lĂ©gitime de victime 1997, La chercheuse ajoute que la reprĂ©sentation de la victime et la perception de celle- ci par le public va de pair avec celle de l’agresseur The more ideal a victim is, the more ideal becomes the offender36 » 1997, La victime non idĂ©ale, selon Madriz, serait celle qui sort le soir, prend de la drogue ou de l’alcool et qui aurait, par ce fait, plus tendance Ă  ĂȘtre discrĂ©ditĂ©e par le procureur de la couronne 1997, Cette reprĂ©sentation d’une victime non idĂ©ale au mode de vie ne correspondant pas aux mƓurs plus traditionnelles de la femme au foyer renvoie aux diffĂ©rentes catĂ©gories de victimes expliquĂ©es par Benedict dans son ouvrage. En effet, selon Helen Benedict, la victime pourrait ĂȘtre casĂ©e par les mĂ©dias dans deux catĂ©gories bien disparates la vierge, innocente et pure, ou la putain, provocante, aguichante et hypersexualisĂ©e. Nous tenterons de voir, plus en profondeur, dans les prochaines pages de ce chapitre comment fonctionnent ces deux reprĂ©sentations. Ces catĂ©gories opposĂ©es ont-elles rĂ©ussi Ă  Ă©voluer avec les annĂ©es? Seront-elles encore prĂ©sentes dans les reprĂ©sentations de la victime lors de nos analyses des Ă©missions diffusĂ©es aprĂšs le mouvement Metoo? Nous essaierons de rĂ©pondre Ă  cette question, dans le chapitre IV de ce mĂ©moire, Ă  l’aide d’analyses tĂ©lĂ©visuelles. La reprĂ©sentation de la victime dans les mĂ©dias la vierge et la putain Dans les annĂ©es 90, lorsque Helen Benedict publia son ouvrage, Virgin or Vamp How the Press Covers Sex Crimes, un sondage tĂ©lĂ©phonique fut effectuĂ© sur la population amĂ©ricaine par le New York Times qui s’intĂ©ressait dĂšs lors aux victimes d’agression Ă  caractĂšre sexuel. À cette Ă©poque, 53% des rĂ©pondants de plus de 50 ans rĂ©pondirent qu’une femme habillĂ©e de façon provocante devait ĂȘtre blĂąmĂ©e dans le cas d’un viol Benedict, 1992, Nous pensons que cette rĂ©ponse dĂ©sarmante met en Ă©vidence l’influence de ces mythes entourant le viol et la catĂ©gorisation de la 36 Traduction libre Plus une victime est idĂ©ale, plus idĂ©al devient le dĂ©linquant. » 51 victime, une consĂ©quence de sa sexualitĂ© explicite ou implicite. L’image de la femme dans les mĂ©dias, dans les publicitĂ©s, dans les rĂŽles tĂ©lĂ©visuels, au cinĂ©ma, contribuerait Ă  la promotion de cette reprĂ©sentation qui associe le viol Ă  une rĂ©primande », Ă  une sexualitĂ© plus explicite » ou, du moins, plus prĂ©sente. Dans le but de mettre en lumiĂšre ces prĂ©jugĂ©s, Helen Benedict a dĂ©terminĂ© certains facteurs qui permettraient de catĂ©goriser une victime comme vamp » putain. ‱ Si la victime connait son agresseur. ‱ Si elle est de la mĂȘme race ou de la mĂȘme classe sociale que son agresseur. ‱ Si aucune arme n’a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour forcer le viol. ‱ Si elle est jeune ou belle. ‱ Si son mode de vie ne correspond pas au rĂŽle traditionnel de la femme au foyer par exemple, si elle sort dans les bars, si elle fait du pouce, si elle a plusieurs partenaires sexuels, etc. 1992, p. 17 Ainsi, la victime portant l’étiquette de vamp » aurait tendance Ă  ĂȘtre perçue comme la vĂ©ritable coupable » des offenses sur sa propre personne puisqu’elle pousserait, par sa sexualitĂ©, l’agresseur Ă  commettre son crime, comme l’explique la chercheuse The woman, by her looks, behavior or generally loose morality drove the man to such extremes of lust that he was compelled to commit the crime37 » Benedict, 1992, p. 23. On retrouve, dans les propos de la journaliste, cette idĂ©e d’ensorcellement, presque comme si l’agresseur agissait malgrĂ© lui, en totale perte de contrĂŽle, et que ce serait la victime qui dĂ©tiendrait celui-ci. Cette image d’ensorceleuse, de sĂ©ductrice rappelle bien la figure de la femme fatale qui poussait les hommes Ă  leur perte dans les films noirs des annĂ©es 40. Ainsi, nous nous questionnons Ă  savoir, peut-on encore voir cette reprĂ©sentation de la victime vamp » de cette femme fatale » dans les reprĂ©sentations du harcĂšlement sexuel et autres crimes sexuels qui furent diffusĂ©es aprĂšs le mouvement Metoo? Nous tenterons de rĂ©pondre Ă  la question dans le prochain chapitre de ce mĂ©moire Ă  l’aide d’une analyse filmique. 37 Traduction libre La femme, par son apparence, son comportement ou sa moralitĂ© en gĂ©nĂ©ral, a poussĂ© l'homme Ă  des dĂ©sirs tellement extrĂȘmes qu'il a Ă©tĂ© contraint de commettre le crime. » 52 La peur des femmes et leurs perceptions sur les actes Ă  caractĂšre sexuel, selon l’étude Images of criminals and victims A study on women’s fear and social control, d’Esther Madriz. Suite Ă  nos lectures, nous nous questionnons Ă  savoir comment fonctionne cette catĂ©gorisation de victime idĂ©ale et non idĂ©ale. A-t-elle rĂ©ellement du retentissement sur la population? Est-ce que les reprĂ©sentations de crimes sexuels dans les mĂ©dias et Ă  la tĂ©lĂ©vision peuvent avoir un impact rĂ©el sur la perception d’un individu? La chercheuse s’est penchĂ©e sur la question lors de diverses entrevues et rencontres avec 140 participantes de diffĂ©rentes nationalitĂ©s, religions, ethnies et gĂ©nĂ©rations, et ce Ă  travers les États-Unis. Cette Ă©tude eut lieu en 1994 et 1995, soit plus de 20 ans avant le dĂ©clenchement de la vague Metoo. Elle nous permet d’observer les thĂšmes communs partagĂ©s par toutes ces femmes et donc de peut-ĂȘtre mieux distinguer l’influence de ces reprĂ©sentations sur un Ă©chantillon donnĂ©. Lors de sa collecte de rĂ©sultats et de ses diffĂ©rentes entrevues, Madriz a remarquĂ© une certaine homogĂ©nĂ©itĂ© dans la reprĂ©sentation que ces femmes se faisaient d’une victime et d’un agresseur, mais aussi sur la perception de l’agression en elle-mĂȘme. Certaines de ces reprĂ©sentations vont de pair avec les facteurs et catĂ©gories observĂ©es par Benedict et Ă©noncĂ©es plus haut. Ainsi, lorsque questionnĂ©es sur l’image d’un criminel typique, la grande majoritĂ© des participantes ont rĂ©pondu un homme de race noire ou de type latino ». Cette perception serait due, selon la chercheuse, Ă  la façon dont les hommes noirs ou provenant de culture latine sont reprĂ©sentĂ©s dans les mĂ©dias Her story se rĂ©fĂ©rant aux propos d’une participante exemplifies the way she believes the media portray images of black men accused of committing crimes as inhuman [
]38 » Madriz,1997, L’image d’un agresseur ou d’un criminel presque animal, un vĂ©ritable monstre empli de folie revenait aussi bien souvent Ă  l’esprit des nombreuses participantes comme le rĂ©vĂšle la chercheuse. Celle d’un sociopathe empreint d’aucune empathie humaine ou de morale fut, elle aussi, souvent utilisĂ©e par les femmes pour dĂ©crire un criminel. L’idĂ©e d’un inconnu ou de crime d’une extrĂȘme violence contre des femmes sans dĂ©fense surgissait plus 38 Traduction libre de l’auteure Son histoire illustre la façon dont elle croit que les mĂ©dias prĂ©sentent les images d'hommes noirs accusĂ©s d'avoir commis des crimes comme Ă©tant inhumains [
] » 53 frĂ©quemment chez les participantes de race blanche These gendered, horror producing, mass- mediated images portray criminals as cruel, inhuman, and violent men who are stranger39 » Madriz, 1997, p. 347. Ce phĂ©nomĂšne s’explique par l’image de la victime qui semble ĂȘtre plus souvent perçue comme Ă©tant de race blanche, car ces femmes s’avĂšrent ĂȘtre aussi vues par le public comme Ă©tant plus vulnĂ©rables White women fit more closely the gendered, racist, and classic concept of " femininity "40 Madriz citant Klein [1995], 1997, La dichotomie de la vierge et de la vamp » fut reprise par les participantes de l’étude de Madriz, alors que nombre d’entre elles expliquaient se reprĂ©senter une victime comme Ă©tant une jeune femme blonde, naĂŻve et pure Beside the innocence and candor [
] Margaret participante chose the figure of a Midwestern girl or a mainstream American girl a white, kind, virtuous, and family oriented young woman41 »1997, p. 349, ce qui peut facilement rappeler l’image de la vierge Ă©voquĂ©e par Benedict. L’image de la victime vamp » revient, quant Ă  elle, elle aussi dans l’imaginaire des participantes alors que selon quelques-unes, les femmes qui dĂ©voileraient, voire arboreraient, trop explicitement leur sexualitĂ© seraient les propres responsables de leur victimisation Yes, I think they like the attention. And men, you know how they are
 The women are inviting trouble42 » Madriz citant une participante de son Ă©tude, 1997, p. 351. On comprend ici, que l’acte reprochable est banalisĂ© par la participante et mĂȘme excusĂ© » par la nature » de l’homme you know how they are » suggĂšre que c’est un comportement commun et prĂ©visible. Selon les rĂ©sultats rĂ©pertoriĂ©s par la chercheuse, certaines caractĂ©ristiques ressortiraient plus souvent afin de dĂ©crire la victime et le criminel. Ainsi, la victime Ă©tait dĂ©crite comme Ă©tant d’allure normale », petite », vulnĂ©rable », bonne », et innocente ». Alors que le criminel Ă©tait dĂ©crit comme Ă©tant bizarre », sale », imposant », irrationnel » et animal » Madriz, 39 Traduction libre Ces images sexuĂ©es, horrifiantes et mĂ©diatiques de masse dĂ©peignent les criminels comme des hommes cruels, inhumains et violents qui sont des inconnus » 40 Traduction libre Les femmes blanches correspondent mieux au concept de " fĂ©minitĂ© " sexuĂ©, raciste et classique. » 41 Traduction libre Margaret participante a choisi la figure d'une fille du Midwest ou d'une jeune fille amĂ©ricaine une jeune femme blanche, gentille, vertueuse et orientĂ©e vers la famille. » 42 Traduction libre Oui, je crois qu'elles aiment l'attention. Et les hommes, vous savez comment ils sont.... Ces femmes attirent les ennuis. » 54 1997, p. 352. Ces images de la victime et de l’agresseur, prĂ©sentes Ă  l’époque, participent Ă  la banalisation des crimes domestiques et de tous ces crimes qui ne correspondent pas nĂ©cessairement Ă  ces reprĂ©sentations. Madriz explique que cette vision erronĂ©e du crime comme Ă©tant gĂ©nĂ©ralement une attaque d’un inconnu sur un inconnu exacerbe le contrĂŽle social de la femme qui se perçoit plus souvent comme une victime potentielle, comme expliquĂ©e ci-haut. À ce sujet, Madriz ajoute These prevalent depictions of criminals and victims oversimplify and distort the reality of crime. For example, popular representations of women as victims reinforce the belief that women have the monopoly on submissiveness and men on aggression, that men have control of the streets, and women belong in the home43 1997, Ce contrĂŽle insidieux suggĂšrerait aux femmes un certain code de conduite Ă  adopter afin de s’assurer de leur sĂ©curitĂ© comme expliquĂ© plus haut. HĂ©las, les victimes qui dĂ©rogeraient de ce code seraient alors catĂ©gorisĂ©es comme des victimes non idĂ©ales. Il dĂ©peint aussi aux victimes les hommes qui, comme l’on a pu le voir plus haut, prennent plus frĂ©quemment, selon les statistiques, le rĂŽle de l’agresseur Ă  craindre et ceux Ă  qui faire confiance alors que dans la rĂ©alitĂ©, ce genre de dichotomie n'existe pas. Il sera fort intĂ©ressant d’observer, dans les prochaines pages de ce mĂ©moire, si, dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es, l’agresseur reprĂ©sentĂ© correspond toujours Ă  cette description. Se pourrait-il que cette reprĂ©sentation ait changĂ©, suite Ă  la vague Metoo? La reprĂ©sentation du viol dans les films de 1996, une Ă©tude de Jana Bufkin et Sarah Eschholz Quant Ă  elles, les chercheuses Jana Bufkin et Sarah Eschholz se sont intĂ©ressĂ©es Ă  la reprĂ©sentation des crimes sexuels au cinĂ©ma dans le cadre d’une Ă©tude intitulĂ©e Images of Sex 43 Traduction libre Ces reprĂ©sentations rĂ©pandues du criminel et de la victime simplifient et dĂ©forment la rĂ©alitĂ© du crime. Par exemple, la reprĂ©sentation populaire des femmes en tant que victimes renforce la croyance que les femmes ont le monopole de la soumission et les hommes de l'agressivitĂ©, que les hommes contrĂŽlent la rue et que les femmes ont leur place dans la maison. » 55 and Rape A content Analysis of Popular Film. Elles ont alors Ă©tudiĂ© et analysĂ© les 50 plus gros films au box-office de l’annĂ©e 1996, afin d’observer s’il existait une reprĂ©sentation homogĂšne de la sexualitĂ© et du viol. Bufkin et Eschholz dĂ©siraient aussi dĂ©couvrir comment Ă©tait reprĂ©sentĂ© et situĂ© le pouvoir lors des rapports sexuels. À leur grand Ă©tonnement, seulement quatre films contenaient des scĂšnes de sexe non consensuel parmi les 50 films choisis pour un total de cinq scĂšnes. Lors de leur analyse, les chercheuses se sont aussi intĂ©ressĂ©es Ă  savoir qui initiait l’acte lors des rapports sexuels. Ainsi, 10% de l’acte sexuel Ă©tait initiĂ© par un partenaire de sexe fĂ©minin, alors que 23% Ă©tait initiĂ© par le partenaire de sexe masculin, Ă  noter que 66% des scĂšnes Ă©taient initiĂ©es de maniĂšre mutuelle par le couple Bufkin et Eschholz, 2000, Les chercheuses concluent, aprĂšs ces rĂ©sultats, que l’homme serait le partenaire sexuel dominant, mais que le rĂŽle de la femme au lit changerait tranquillement afin de renforcer un rapport plus Ă©galitaire. Lors de l’analyse des scĂšnes de viols, les chercheuses ont dĂ©notĂ© que toutes les scĂšnes Ă©taient terriblement violentes. De plus, tous les agresseurs Ă©taient reprĂ©sentĂ©s comme des ĂȘtres tourmentĂ©s, de vĂ©ritables prĂ©dateurs sexuels et sans pitiĂ©, voire complĂštement sadiques The fact that each of the five rapes was extremely brutal exemplifies the myth of the sadistic, psychologically disturbed rapist who preys on innocent victims for sick enjoyment44 » Bufkin et Eschholz, 2000, p. 1332. Cette reprĂ©sentation de l’agresseur comme un ĂȘtre dĂ©viant et le viol comme Ă©tant une attaque va de pair avec les propos de Madriz Ă©voquĂ©s plus haut. Les chercheuses Bufkin et Eschholz reprennent d’ailleurs l’idĂ©e de la victime idĂ©ale et de l’agresseur idĂ©al mentionnant que les reprĂ©sentations de ces deux figures victime et agresseur dans ces quatre films concordaient avec le schĂ©ma Ă©voquĂ© par Madriz dans ses recherches. Selon Bufkin et Eschholz, ces reprĂ©sentations du viol participent Ă  peindre une vision homogĂšne et erronĂ©e des crimes sexuels et Ă  vĂ©hiculer des stĂ©rĂ©otypes. Toutes les scĂšnes qui contenaient des scĂšnes de viol Ă©taient terriblement intenses et cruelles et reprenaient l’idĂ©e du monstre » assaillant l’innocente et vulnĂ©rable victime. Ces reprĂ©sentations peuvent avoir un impact nĂ©faste 44 Traduction libre Le fait que chacun des cinq viols ait Ă©tĂ© extrĂȘmement brutal illustre le mythe du violeur sadique et psychologiquement perturbĂ© qui s'en prend Ă  des victimes innocentes pour leur plaisir malade. » 56 sur les victimes de viols et sur la population en gĂ©nĂ©ral qui ne peuvent pas reconnaĂźtre ou dĂ©finir une agression moins violente qui ne correspondrait pas Ă  cette image. Les chercheuses, Ă  ce sujet, dĂ©clarent que cette vision tordue de la rĂ©alitĂ© nuit Ă  des enjeux bien rĂ©els. In the media, rape is highly selective and promotes a " stranger danger " perception of crime [
] it does nothing to confront the reality of, or notify the public concerning, the frequency with which women are battered, abused, raped, and killed by their lovers, spouses, male relatives, or friends45 2000, p. 1337. En effet, les chercheuses croient que cette reprĂ©sentation homogĂšne que l’on retrouve dans les diffĂ©rents mĂ©dias Ă  cette Ă©poque pourrait, en quelque sorte, influencer la justice et le sort de la victime comme celui de son agresseur. Car, comme elles l’expliquent, si la victime ne rentre pas dans la catĂ©gorie de victime idĂ©alisĂ©e et que l’agresseur ne concorde pas, lui non plus, aux stĂ©rĂ©otypes Ă©voquĂ©s plus haut de monstre » ou de pervers sadique, l’agression aura pour ainsi dire plus de chance d’ĂȘtre dĂ©crĂ©dibilisĂ©e. Cette pensĂ©e est aussi partagĂ©e par la chercheuse Esther Madriz. En effet, Madriz craint une influence de ces mythes vĂ©hiculĂ©s par les mĂ©dias sur les procureurs et donc une ascendance sur le systĂšme de justice How prosecutors’ decision to reject or accept cases are oriented, among others, by factors related to the relationship between the victim and the offender and victim’s behavior and her personal life. Women who are assaulted by offenders known to them and who violate appropriate codes of behavior, such as being on the streets at night or being alcohol and drug users, are more likely to be considered nonideal victims and are frequently discredited by prosecutors46 1997, p. 343 45Traduction libre Dans les mĂ©dias, le viol est trĂšs sĂ©lectif et favorise une perception du crime [...] il ne contribue en rien Ă  confronter la rĂ©alitĂ© de la frĂ©quence Ă  laquelle les femmes sont battues, maltraitĂ©es, violĂ©es et tuĂ©es par leurs amants, conjoints, parents ou amis, ni pour en informer le public. » 46 La dĂ©cision des procureurs de rejeter ou d'accepter des cas est orientĂ©e, entre autres, par des facteurs liĂ©s Ă  la relation entre la victime et le dĂ©linquant et le comportement de la victime et sa vie personnelle. Les femmes qui sont agressĂ©es par des dĂ©linquants qu'elles connaissent et qui violent les codes de conduite appropriĂ©s, comme le fait 57 On comprend donc l’influence et l’impact important qu’auraient ces mythes non seulement sur la population, mais aussi, par consĂ©quence intrinsĂšque, sur les dĂ©cisions prises par la cour de justice. Nous nous demandons alors, si la vague Metoo, avec tout l’impact que celle-ci a eu sur les mƓurs de la sociĂ©tĂ©, comme il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© au chapitre 1, a rĂ©ussi » Ă  modifier ces mythes, voire Ă  les amenuiser ou, au contraire, sont-ils encore aujourd'hui perpĂ©tuĂ©s sur nos Ă©crans? Ainsi, nous tenterons dans le chapitre suivant, d’analyser les reprĂ©sentations du harcĂšlement sexuel et autres crimes sexuels dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es amĂ©ricaines et de repĂ©rer ces mythes afin de voir si oui ou non ils ont Ă©tĂ© dĂ©construits. d'ĂȘtre dans la rue la nuit ou de consommer de l'alcool et des drogues, sont plus susceptibles d'ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des victimes non idĂ©ales et sont souvent discrĂ©ditĂ©es par les procureurs. » 58 Chapitre 4 – La reprĂ©sentation du harcĂšlement sexuel et des crimes sexuels dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es Les lectures effectuĂ©es, dans le cadre de ce mĂ©moire, nous ont amenĂ©s Ă  nous questionner sur l’influence rĂ©elle d’un mouvement sur les reprĂ©sentations sociales vĂ©hiculĂ©es dans les mĂ©dias. En effet, si le mouvement Metoo fut le moteur de grands changements dans la sociĂ©tĂ©, comme on l’a dĂ©montrĂ© dans le chapitre 1, serait-ce possible que nous puissions percevoir ce changement, et donc par le fait mĂȘme son impact, dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es ? Autrement dit, retrouvons-nous encore aujourd’hui, les diffĂ©rents mythes Ă©voquĂ©s par Helen Benedict, Esther Madriz, Sarah Eschholz et Jana Bufkin, dans les reprĂ©sentations transmises par la tĂ©lĂ©vision, plus particuliĂšrement dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es de fiction? Pour le savoir, nous avons effectuĂ© plusieurs recherches et visionnements afin de constituer un corpus qui nous permettra, nous l’espĂ©rons, d’observer la prĂ©sence de changements ou pas. De fait, existe-t-il une certaine transformation dans les reprĂ©sentations du harcĂšlement sexuel et autres crimes sexuels dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es de fiction? Afin de rĂ©pondre Ă  cette question, nous avons rĂ©pertoriĂ©, dans le cadre de la conception de notre corpus tĂ©lĂ©visuel, plusieurs Ă©pisodes qui mettaient de l’avant cette thĂ©matique. Nous souhaitons ainsi constituer un Ă©chantillonnage reprĂ©sentatif de la situation post et prĂ© mouvement Metoo, mais aussi, bien sĂ»r, des Ă©pisodes intĂ©ressants et pertinents Ă  analyser afin de bien saisir cette conversation. La prĂ©misse de notre recherche Lorsque nous avons dĂ©butĂ© la rĂ©alisation de notre corpus, nous avons effectuĂ© une premiĂšre recherche que l’on pourrait qualifier d’intuitive et de subjective. Elle fonctionnait tout d’abord sur un procĂ©dĂ© de bouche-Ă -oreille. Nous nous intĂ©ressions simplement Ă  savoir si la rĂ©cupĂ©ration du mouvement Metoo par les auteurs de sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e pouvait ĂȘtre un phĂ©nomĂšne rĂ©el. AprĂšs plusieurs visionnements et recherches sur le Web, nous avons pu confirmer qu’effectivement, il semblait bien y avoir une rĂ©cupĂ©ration rĂ©elle du mouvement Metoo du cĂŽtĂ© des Ă©missions amĂ©ricaines. Afin de vĂ©rifier notre hypothĂšse de dĂ©part, quant Ă  l’évolution des reprĂ©sentations 59 du harcĂšlement sexuel et des agressions sexuelles, nous avons dĂ©cidĂ© de dĂ©velopper, par la suite, une approche beaucoup plus objective et quantitative lors de la conception de notre corpus. Nous avons donc, d’abord, effectuĂ© une recherche ciblĂ©e sur cette dite rĂ©cupĂ©ration. Nous avons ensuite optĂ© pour un dĂ©coupage de corpus dĂ©terminĂ©. En fonctionnant de cette façon double, dans le cadre de notre recherche, nous voulions avoir un aperçu plus patent de notre prĂ©lĂšvement. Notre objectif Ă©tait de conserver l’approche la plus objective possible. Bien sĂ»r, on pourra nous reprocher de ne pas avoir traitĂ© des sĂ©ries comme Mad Men, Gipsy, Game of Thrones qui seraient tout aussi pertinentes dĂ» Ă  leur traitement des thĂ©matiques des rapports hommes/femmes, des reprĂ©sentations de crimes sexuels et du harcĂšlement sexuel. Cette dĂ©cision s’explique par le fait que nous nous sommes arrĂȘtĂ©es Ă  trois chaĂźnes de diffusion seulement soit HBO, CW et ABC et ce, pour une pĂ©riode prĂ©dĂ©terminĂ©e. Aussi, nous dĂ©sirions privilĂ©gier un corpus quantitatif et objectif plutĂŽt que qualitatif et subjectif. Pour ainsi dire, il nous semblait plus important, afin de bien prendre le pouls de la situation et de l’évolution des reprĂ©sentations, d’analyser un trĂšs grand nombre de sĂ©ries qu’un plus petit nombre de sĂ©ries qui aborderaient, peut-ĂȘtre, de façon plus profonde les thĂ©matiques. Nous voulions analyser le phĂ©nomĂšne d’évolution et pour ce faire nous avions besoin d’un large corpus tĂ©lĂ©visuel. Nos recherches L'Ă©laboration de notre corpus a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© sur deux temporalitĂ©s, afin de permettre une analyse comparative. Lors de nos recherches, nous avons tout naturellement dĂ©cidĂ© de nous intĂ©resser aux sĂ©ries qui furent diffusĂ©es aprĂšs la vague Metoo, c’est-Ă -dire durant les annĂ©es 2018 et 2019. Bien que l’annĂ©e 2019 ne soit pas terminĂ©e, nous avons observĂ© dĂ©jĂ  plusieurs sĂ©ries qui semblaient aborder des thĂšmes similaires aux enjeux soulevĂ©s durant le mouvement social de 2017. Aussi, nous avons remarquĂ© que plusieurs sĂ©ries utilisaient le mouvement Ă  des fins de promotion et de marketing. Il semblait donc exister une rĂ©elle tendance Ă  la rĂ©cupĂ©ration du mouvement et un dĂ©sir de prendre part Ă  la conversation de l’heure ». Par exemple, la sĂ©rie Brooklyn Nine Nine a annoncĂ©, plus tĂŽt cette annĂ©e, la diffusion prochaine d’un Ă©pisode Metoo. Plusieurs autres sĂ©ries ont, par ailleurs, choisi d’intĂ©grer dans leur titre le fameux Metoo comme en clin d’Ɠil Ă  ce mouvement social vous pourrez le constater dans le tableau 1. Nous avons 60 aussi remarquĂ© que dans plusieurs dialogues glissĂ©s dans des Ă©pisodes diffusĂ©s aprĂšs le Metoo, les personnages faisaient Ă©chos aux cas rĂ©els dĂ©noncĂ©s lors d’octobre 2017. Ainsi, on peut entendre, par exemple, le personnage de Kimmy Schmidt, dans l’émission Unbreakable Kimmy Schmidt, dĂ©clarer qu’elle n’est pas un Weinstein or a Spacey » [17 12], deux hommes qui furent tout deux accusĂ©s d’agression sexuelle et dĂ©noncĂ©s lors du mouvement Metoo. Ces annonces et indices inscrits dans le titre et dans les dialogues nous ont aidĂ© Ă  raffiner notre sĂ©lection. Aussi, lors de nos diffĂ©rents visionnements, nous avons remarquĂ© que certains Ă©pisodes semblaient reprendre les thĂšmes, les histoires et mĂȘme des cas similaires dĂ©noncĂ©s dans le cadre du mouvement Metoo. On retrouve donc, dans tous ces Ă©pisodes sĂ©lectionnĂ©s, les thĂ©matiques telles que le harcĂšlement sexuel, agressions et autres crimes sexuels ainsi que la notion de consentement. Aussi, afin de prendre le pouls de la situation actuelle et passĂ©e, nous avons analysĂ© la grille de diffusion de trois grandes chaĂźnes amĂ©ricaines selon une temporalitĂ© prĂ©cise la saison tĂ©lĂ©visuelle de 2007-2008 et la saison tĂ©lĂ©visuelle de 2018-2019. Nous dĂ©sirions constater, en rĂ©alisant un Ă©chantillonnage prĂ©cis sur trois objets » prĂ©-mouvement, puis post-mouvement, si nous obtiendrions des rĂ©sultats disparates ou similaires dans le traitement des thĂ©matiques liĂ©es aux harcĂšlement et aux agressions de nature sexuelle. Nous avons sĂ©lectionnĂ© les chaĂźnes de diffusion CW, ABC et HBO en raison de leur prĂ©dominance sur le rĂ©seau amĂ©ricain. SĂ©lection d’épisodes PremiĂšrement, nous avons repĂ©rĂ© 18 Ă©pisodes tirĂ©s de 15 sĂ©ries amĂ©ricaines. Nous avons effectuĂ© cette sĂ©lection Ă  l’aide du bouche-Ă -oreille, de visionnements personnels et de recherches prĂ©cises sur la Toile exemple de recherche Metoo episode. Nous intitulerons cette premiĂšre sĂ©lection recherche ciblĂ©e ». Nous avons ensuite procĂ©dĂ© au visionnement de tous ces Ă©pisodes et notĂ© les thĂšmes abordĂ©s. DeuxiĂšmement, afin d'obtenir une sĂ©lection plus complĂšte, nous avons rĂ©pertoriĂ© toutes les Ă©missions proposĂ©es dans la programmation des chaĂźnes CW, ABC et HBO et ce, pour les deux regroupements d’annĂ©es visĂ©es 2007-2008 et 2018-2019. Nous avons ensuite Ă©tudiĂ© les synopsis de tous les Ă©pisodes des Ă©missions de fiction rĂ©pertoriĂ©es nous avons donc Ă©liminĂ© de 61 notre Ă©tude les Ă©missions de sport et de variĂ©tĂ©, les reportages, les films ou les Ă©missions de tĂ©lĂ©- rĂ©alitĂ© et nous avons sĂ©lectionnĂ© ceux qui semblaient prĂ©senter des thĂšmes et autres Ă©lĂ©ments de la diĂ©gĂšse qui pourraient ĂȘtre liĂ©s au mouvement Metoo. Ainsi, nous considĂ©rons le harcĂšlement sexuel dans des lieux publics tels que la rue ou dans le milieu de travail, les agressions sexuelles, le viol, le consentement sexuel et la relation victime vs agresseur d’un crime sexuel, comme Ă©tant des thĂ©matiques appartenant au mouvement Metoo. Nous avons ensuite procĂ©dĂ© Ă  l’analyse des rĂ©sultats. Afin de nous assister dans cette compilation de donnĂ©es, nous avons utilisĂ© les tableaux de la victime et de l’agresseur provenant de l’étude Images of Sex and Rape A Content Analysis of Popular Film de Eschholz et Bufkin. Nous pensons que ceux-ci permettent de bien voir les diffĂ©rents stĂ©rĂ©otypes que l’on peut parfois retrouver dans ce genre de reprĂ©sentation. De cette façon, nous voulions vĂ©rifier si ces mythes se retrouvaient, encore aujourd’hui et aprĂšs le mouvement Metoo, dans les reprĂ©sentations de violences sexuelles. Nous avons ensuite procĂ©dĂ© Ă  une analyse globale de notre corpus. Notre corpus tĂ©lĂ©visuel avant le Metoo Tableau 1. – Épisodes sĂ©lectionnĂ©s chaĂźne CW, saison 2007-2008 Nom de NumĂ©ro et Date de Synopsis ThĂšmes abordĂ©s ChaĂźne de l’émission nom de diffusion tĂ©lĂ©vision de l’épisode tĂ©lĂ©vision Gossip Girl Épisode 6/09/07 Serena revient en Consentement, CW Network 1/18, saison ville aprĂšs un long sĂ©duction, tentative 1, sĂ©jour. Chuck, qui d’agression dĂ©sire retrouver la Titre Pilot fille frivole DurĂ©e 42 d’autrefois, tente de min la forcer Ă  coucher avec lui dans la cuisine d’un restaurant. Chuck tente ensuite de piĂ©ger la jeune 62 Jenny pour l’amener Ă  coucher avec lui. Son frĂšre arrĂȘte l’adolescent avant qu’il y ait agression. Gossip Girl Épisode 26/09/07 Jenny va voir Blair, la Culpabilisation de la CW Network 2/18, reine de l’école, afin victime, de discuter avec elle consĂ©quence sur Saison 1, des consĂ©quences de l’agresseur. Titre The son agression sur sa Wild Brunch rĂ©putation. DurĂ©e 37 min 63 Tableau 2. – Épisodes sĂ©lectionnĂ©s chaĂźne ABC, saison 2007-2008 Nom de NumĂ©ro et Date de Synopsis ThĂšmes abordĂ©s ChaĂźne de l’émission nom de diffusion tĂ©lĂ©vision de l’épisode tĂ©lĂ©vision Boston Ă©pisode 2/20 02/09/07 La nouvelle associĂ©e, HarcĂšlement sexuel ABC Legal Lorraine, fait son au travail, Saison 4, entrĂ©e dans la firme commentaires Titre The d’avocats. Les dĂ©placĂ©s innocent man hommes semblent la trouver bien DurĂ©e 49 attirante et tentent min tous de la sĂ©duire. Boston Ă©pisode 22/04/08 Un homme est Viol, pĂ©dophilie ABC Legal 17/20 Saison accusĂ© de viol sur 4, une fillette de 8 ans et fait face Ă  la peine Titre The de mort. La firme se court charge de dĂ©fendre supreme l’accusĂ© devant la DurĂ©e 51 Cour suprĂȘme des min États-Unis. Women’s Épisode 06/05/08 Deux Ă©tudiants sont Viol, vengeance, ABC murder club 12/13 accusĂ©s de viol sur meurtre, une autre Ă©tudiante, culpabilisation de la Saison 1 l’un deux est victime Titre assassinĂ© sur le campus. *deux And the truth agresseurs will sometimes set you free DurĂ©e 42 min 64 Tableau 3. – Épisodes sĂ©lectionnĂ©s chaĂźne HBO, saison 2007-2008 Nom de NumĂ©ro et Date de Synopsis ThĂšmes abordĂ©s ChaĂźne de l’émission nom de diffusion tĂ©lĂ©vision de l’épisode tĂ©lĂ©vision In Épisode 28/01/08 Laura parle avec son Consentement, HBO Treatment 1/43 thĂ©rapeute et lui agression sexuelle. avoue avoir eu une Saison 1 expĂ©rience Titre Laura dĂ©sagrĂ©able avec un week one inconnu dans les toilettes d’un bar DurĂ©e 30 aprĂšs s’ĂȘtre min disputĂ©e avec son copain. L’homme a obligĂ© la jeune femme Ă  une pĂ©nĂ©tration orale aprĂšs qu’elle lui ait refusĂ© un rapport sexuel complet. In Épisode 13/02/08 En thĂ©rapie, Sophie, Viol, abus, HBO Treatment 13/43 une ado, discute de pĂ©dophilie sa relation d’abus Saison 1 sexuel avec son Titre Sophie coach de week 3 gymnastique. DurĂ©e 30 min 65 Les rĂ©sultats de nos visionnements du corpus 2007-2008. Pour la chaĂźne CW des tentatives de viols non-dĂ©noncĂ©es AprĂšs nos visionnements, nous avons sĂ©lectionnĂ© seulement deux Ă©pisodes appartenant Ă  la chaĂźne CW qui prĂ©sentaient un cas de tentative d’agression sexuelle au cours de la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e. Il s’agit de l’émission Gossip Girl, oĂč lors des premiers Ă©pisodes, l’on peut voir une tentative d’agression sur deux personnages diffĂ©rents, Serena et Jenny, faite par un mĂȘme personnage, Chuck. Il est en fait un personnage principal de cette sĂ©rie pour adolescents. Il est dĂ©fini, Ă  plusieurs reprises, comme Ă©tant un jeune homme manipulateur, pervers, Ă©gocentrique et blasĂ© de sa richesse familiale. Fait intĂ©ressant, en aucune circonstance, les tentatives de viol de Chuck ne seront jugĂ©es comme telles par les autres personnages de la sĂ©rie. Elles sont plutĂŽt perçues comme une consĂ©quence, cocasse pour certains, banale pour d’autres, de sa perversitĂ© et de son besoin irrĂ©pressible de tout possĂ©der. Il est ainsi vu comme un chasseur », plus que comme un vĂ©ritable agresseur. Dans l’épisode suivant la tentative d’agression, Jenny s’enquiert des ouĂŻ-dire de sa soirĂ©e avec Chuck Ă  Blair qui lui rĂ©pond, plutĂŽt amusĂ©e Chuck likes to brag about his conquest, not his victims47 » [14 10]. Par ces propos et surtout par son ton, on comprend que le comportement de Chuck est connu, excusĂ© et banalisĂ© par ses camarades de classe. Le fait que Jenny semble se soucier de sa rĂ©putation suite Ă  cet Ă©vĂ©nement laisse croire aussi qu’elle pourrait ĂȘtre prise en faute et que c’est bel et bien Chuck qui dĂ©tient le pouvoir dans cette situation. Pour la chaĂźne ABC le harcĂšlement sexuel comme Ă©lĂ©ment comique Nous avons dĂ©terminĂ©, aprĂšs visionnement, que seulement deux des Ă©missions prĂ©sentes dans la programmation de la chaĂźne ABC, Boston Legal et Women’s Murder Club, prĂ©sentaient des liens similaires aux thĂ©matiques du mouvement Metoo. Nous avons aussi remarquĂ© qu’il Ă©tait plus difficile de percevoir le harcĂšlement sexuel dans les Ă©pisodes provenant de cette Ă©poque 2007- 2008. Il Ă©tait soit totalement absent, comme phĂ©nomĂšne de sociĂ©tĂ©, ou, s'il Ă©tait reprĂ©sentĂ©, il n’était nullement pointĂ© du doigt, voire mĂȘme banalisĂ© et non traitĂ© sciemment et donc, moins Ă©vident » Ă  identifier. L’épisode 2 de la sĂ©rie Boston Legal reprĂ©sente bien cette diffĂ©rence, soit 47 Traduction libre Chuck aime se vanter de ses conquĂȘtes, pas de ses victimes » 66 le non traitement ou la banalisation du phĂ©nomĂšne, dans les reprĂ©sentations de l’époque. Ainsi, dans cet Ă©pisode, une nouvelle avocate, Lorraine, arrive dans la firme de Boston. Elle est belle, Ă©lĂ©gante et empreinte d’une certaine sensualitĂ©. Lorraine connaĂźt dĂ©jĂ  l’un des avocats de la firme, Alan, puisqu’elle a eu une relation sexuelle avec celui-ci auparavant. Cette liaison fait en sorte que les autres avocats de la firme approchent Lorraine afin de goĂ»ter eux aussi Ă  ce type d’expĂ©rience avec la belle. On assiste donc Ă  plusieurs scĂšnes oĂč, dans ce cadre professionnel, ce personnage fĂ©minin est l’objet de remarques dĂ©gradantes reliĂ©es Ă  sa sexualitĂ©. On voit aussi plusieurs personnages de sexe masculin regarder les seins de Lorraine [10 44] ou ses fesses [26 57] et ce, de façon trĂšs peu subtile. Ce harcĂšlement sexuel au travail n’est pointĂ© du doigt par aucun personnage de la sĂ©rie. Plus encore, le personnage de Lorraine semble n’ĂȘtre pas si affectĂ© par ces propos ou regards dĂ©placĂ©s. On dĂ©note, par contre, un certain malaise par exemple, lorsqu’elle reproche Ă  Denny sa proximitĂ© ou le fait qu’il ait les mains sur ses hanches [10 47]. Un peu plus loin dans l’épisode, elle dira Ă  son supĂ©rieur Denny seems to keep finding me » [26 48]. Ce Ă  quoi il rĂ©pond qu’il parlera Ă  Denny avant de, lui aussi, fixer les courbes de la nouvelle avocate [26 52]. Cette scĂšne laisse croire que cette ambiance anxiogĂšne de travail et ces rapports entre collĂšgues sont tout Ă  fait normaux. Nous croyons que cette reprĂ©sentation est conforme au contexte plus permissif de l’époque, plus insouciant de l'impact du phĂ©nomĂšne de harcĂšlement ou tout au moins passif face Ă  ce problĂšme sociĂ©tal, 10 ans avant le mouvement Metoo. Pour la chaĂźne HBO focus sur les victimes AprĂšs avoir explorĂ© l’ensemble de la programmation de la chaĂźne HBO pour la saison tĂ©lĂ©visuelle de 2007-2008, nous avons repĂ©rĂ© seulement une seule Ă©mission qui traitait, dans ses Ă©pisodes, d’abus sexuel, il s’agit de la sĂ©rie dramatique In Treatment qui met en scĂšne les sĂ©ances de thĂ©rapie du psychologue Paul Weston avec ses patients, alors qu’il tente lui-mĂȘme de rĂ©gler les troubles qui l’habitent. Dans cette sĂ©rie, deux personnages vivent des abus sexuels, Laura, une belle femme dans la trentaine et Sophie, une jeune gymnaste encore adolescente. Il est intĂ©ressant de voir que dans les deux cas, et malgrĂ© les situations trĂšs diffĂ©rentes vĂ©cues par les deux personnages, les deux femmes ne mettent jamais de mots sur l’abus qu’elles ont vĂ©cu. Il n’est jamais question de viol ou d’inconduite sexuelle. Elles semblent toutes deux, devant leur 67 thĂ©rapeute, prĂ©senter les faits comme si, tout au long de cette expĂ©rience, elles avaient Ă©tĂ© parfaitement en contrĂŽle de toute la situation, mĂȘme de leur non-consentement implicite et donc, par le fait mĂȘme, comme si elle banalisait celui-ci, comme si un consentement conscient, clair et implicite de leur part n'Ă©tait pas requis dans ce type de situation. Par exemple, dans l’épisode 13 de la sĂ©rie, la trĂšs jeune Sophie raconte la relation ambigĂŒe qu’elle entretient avec son coach Cy, un homme mariĂ© beaucoup plus ĂągĂ© qu’elle. Elle dit avoir eu le contrĂŽle de la situation suggĂ©rant mĂȘme qu’elle aurait commencĂ© les avances, alors que celui-ci tentait d’empĂȘcher la relation d’évoluer de maniĂšre plus intime. Pourtant, lorsqu’elle raconte leur premiĂšre relation sexuelle, elle ne semble pas du tout avoir trouvĂ© chaleur et plaisir dans les bras de son coach I woke up in the middle of the night and he was awake. Then he
 I
 It happened. It felt like nothing at all [
] Kind of like I was watching it happen [
] like I wasn’t really there48. » [1415]. Les propos de Sophie, ses larmes et l’ajout de musique dramatique, tandis qu’elle raconte cet Ă©pisode, laisse tout Ă  croire que cette relation sexuelle n’était pas consentante. Sophie utilise aussi le mĂȘme vocabulaire que de nombreuses victimes qui racontent ĂȘtre sorties de leur corps » durant l’acte. Le fait aussi qu’elle hĂ©site entre qui a initiĂ© l’action he
 I
 et qu’elle n’est pas capable de mettre un mot sur l’acte sexuel qu’elle nomme it » dĂ©montre le trouble de la jeune fille et son sentiment de honte et de culpabilitĂ©. Mentionnons que le fait que cette sĂ©rie se dĂ©roule presqu'Ă  huis clos dans un bureau de psychologue, et que celle-ci se concentre sur les traumas et passĂ©s troubles de diffĂ©rents personnages venus chercher de l’aide psychologique, aide toutefois Ă  exposer les consĂ©quences d’un tel abus comme dans l’histoire de la jeune Sophie ou d’un flirt dans un bar qui se termine en cauchemar comme dans l’histoire de Laura, voir tableau 4. Notre corpus 2007-2008 en bref Ainsi, en se fiant Ă  nos recherches, dans la saison tĂ©lĂ©visuelle de 2007 Ă  2008 pour les chaĂźnes CW, ABC et HBO, cinq Ă©missions, dont sept Ă©pisodes, ont traitĂ© de prĂšs ou de loin de harcĂšlement sexuel ou de crimes sexuels. Plusieurs de ces Ă©pisodes prĂ©sentaient des tentatives de viol ou des 48 Traduction libre de l’auteure Je me suis rĂ©veillĂ©e au milieu de la nuit et il Ă©tait rĂ©veillĂ©. Alors il
 Je
 C’est arrivĂ©. C’est comme si rien ne s’était passĂ© [
] Comme si j’étais en train de regarder ce qui se passait [
] Comme si je n’étais pas vraiment lĂ . » 68 agressions sexuelles. Bien que quelques Ă©pisodes, notons les sĂ©ries In Treatment et Women’s Murder Club, prĂ©sentent les consĂ©quences psychologiques d’un tel traumatisme sur une victime, dans tous ces cas, l’agresseur, lui, ne fait face Ă  aucune consĂ©quence, exceptĂ© dans l’épisode de Women’s Murder Club oĂč la victime assassine ses deux agresseurs, mais lĂ  encore, nous remarquons que la consĂ©quence n'est pas infligĂ©e par la sociĂ©tĂ© pour un geste rĂ©cusable, mais est le fait d'une vengeance personnelle. Nous tenterons d’analyser plus en profondeur ces diffĂ©rents Ă©lĂ©ments des reprĂ©sentations de ces phĂ©nomĂšnes de harcĂšlement sexuel et d'agression, lors de notre analyse globale du corpus tĂ©lĂ©visuel. Un Ă©lĂ©ment important Ă  prendre en compte le traitement du harcĂšlement sexuel Il est ici primordial de noter qu’à la suite de nos visionnements, nous avons eu la forte impression que le harcĂšlement sexuel, si prĂ©sent dans le discours entourant le mouvement social Metoo, Ă©tait rarement prĂ©sent dans les Ă©pisodes avant le mouvement, voire, n’était presque jamais dĂ©noncĂ© publiquement. Cet Ă©lĂ©ment expliquerait aussi son absence dans les Ă©tudes faites par les chercheurs, lorsqu’il est question de crimes sexuels et de reprĂ©sentation sociale dans les mĂ©dias. Il est ainsi plus difficile, pour nous, d’analyser le changement des reprĂ©sentations du harcĂšlement sexuel avant et aprĂšs le mouvement, puisque, contrairement au viol, il semble ĂȘtre plus difficile Ă  dĂ©celer du fait qu’il n’est pas prĂ©sentĂ© comme tel, pointĂ© du doigt, et encore moins l'objet d'un traitement dĂ©libĂ©rĂ© par les auteurs des sĂ©ries analysĂ©es. Nous pensons qu’il est important de prendre en compte cette absence » et de considĂ©rer son apparition » Ă  la suite de la prise de conscience engendrĂ© par le mouvement Metoo, comme un changement dans le discours et la scĂ©narisation tĂ©lĂ©visuels. Petite historique du terme harcĂšlement sexuel » En effet, le terme harcĂšlement sexuel » daterait des annĂ©es 1970, alors qu’un groupe de femmes revendicatrices tentaient de trouver un terme pour dĂ©finir les comportements offensants, que plusieurs femmes, Ă  l’époque, racontaient subir au travail. Comme le mentionnent les chercheurs Morley Glicken et Benny Robinson, dans leur ouvrage, Treating Worker Dissatisfaction During Economic Change, l'usage de ce terme se rĂ©pandit dans le tissu social amĂ©ricain dans les annĂ©es 90, Ă  la suite de la cĂ©lĂšbre dĂ©nonciation de l’avocate Anita Hill Ă  69 l'encontre du juge amĂ©ricain Clarence Thomas Glicken et Robinson, 2013, Il semblerait qu’aprĂšs cet Ă©vĂ©nement trĂšs mĂ©diatisĂ©, ce terme se soit frayĂ© un chemin dans le tissu social, atteignant en 2017, ce qu’on pourrait peut-ĂȘtre appeler son apogĂ©e » lors du mouvement social Metoo. L’activiste et fĂ©ministe, Lin Farley, qui avait, dans les annĂ©es 70, nommĂ©, pour ainsi dire, le phĂ©nomĂšne, a dĂ©voilĂ© lors d’une entrevue pour le Washington Post en novembre 2017, craindre la surutilisation et la galvanisation de ce terme suite aux allĂ©gations nombreuses qui ont succĂ©dĂ© le mouvement d’octobre 2017 Farley noted sexual harassment is now on the radar of every employer and corporation. But the term has also been "co-opted, sanitized, stripped of its power to shock, disturb and galvanize"49» Swenson, 2017. Le terme est donc assez rĂ©cent, malgrĂ© le fait que la rĂ©alitĂ© que recĂšle ce concept, elle, ne l’est pas du tout et existe depuis toujours. On peut lire en tĂȘte d’un article Ă©crit par la journaliste, Erin Blackemore, pour la chaĂźne History, le titre suivant Until 1975, "Sexual Harassment" Was the Menace With No Name50 » Blakemore, 2018. Cette appellation ne pourrait ĂȘtre plus vraie, alors que quelques siĂšcles auparavant, voire quelques dĂ©cennies, le harcĂšlement sexuel Ă©tait vu comme un symptĂŽme de la sĂ©duction, une tare qui devait ĂȘtre tolĂ©rĂ©e. Notre corpus tĂ©lĂ©visuel aprĂšs le Metoo Tableau 4. – recherche ciblĂ©e » pĂ©riode sĂ©lectionnĂ©e 2018-2019. Nom de NumĂ©ro et Date de Synopsis ThĂšmes abordĂ©s ChaĂźne de l’émission de nom de diffusion tĂ©lĂ©vision tĂ©lĂ©vision l’épisode Younger Épisode 1/12 5/06/18 Liza doit encore avoir La solidaritĂ© fĂ©minine, TV Land Ă  faire Ă  l’auteur Ă  rĂ©action d’une MTV Saison 5 succĂšs Edward LL entreprise face au networks Titre Moore qui a les harcĂšlement sexuel Lizatoo mains plutĂŽt baladeuses. Elle se DurĂ©e 23 rend vite compte min qu’elle n’est pas la 49 Traduction libre Farley a fait remarquer que le harcĂšlement sexuel est maintenant Ă  l'ordre du jour de tous les employeurs et de toutes les entreprises. Mais le terme a aussi Ă©tĂ© " cooptĂ©, assaini, dĂ©pouillĂ© de son pouvoir de choc, de perturbation et de galvanisation ". » 50 Traduction libre Jusqu’en 1975, "le harcĂšlement sexuel" Ă©tait la menace sans nom. » 70 seule Ă  avoir Ă©tĂ© victime de ses paroles et gestes pervers
 Glow Épisode 5/10 29/06/18 La lutteuse-actrice, Modus operandi, Netflix Ruth Wilder, se rend reprĂ©sentation de Saison 2. seule Ă  un souper l’agresseur, Titre d’affaire avec un reprĂ©sentation de la important chef d’une victime. Perverts are chaine tĂ©lĂ©visĂ©e, People, Too mais la rencontre DurĂ©e 31 tourne vite au min cauchemar alors que la rencontre est dĂ©placĂ©e du restaurant Ă  la chambre d’hĂŽtel du gĂ©ant diffuseur
 The Good Épisode 3/13 18/03/18 Une participante de ReprĂ©sentation de la CBS All Fight tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© poursuit victime, slut shaming, Access Saison 2. une maison de reprĂ©sentation du Titre production pour systĂšme de justice. complicitĂ© dans une Day 422 agression sexuelle. DurĂ©e 51 min The Good Épisode 5/13 01/04/18 L’équipe d’avocats Backlash du CBS All Fight de Diane fait face Ă  mouvement, Access Saison 2. une affaire reprĂ©sentation de Titre impliquant une l’agresseur, chaĂźne de tĂ©lĂ©vision reprĂ©sentation du Day 436 qui envisage de systĂšme de justice DurĂ©e 54 mettre fin Ă  un min reportage sur une personnalitĂ© hollywoodienne bien-aimĂ©e accusĂ©e d'agression sexuelle The Good Épisode 13/05/18 L'Ă©mission explore ReprĂ©sentation de CBS All Fight 11/13 Saison les Ă©carts de l’agresseur, fausse Access 2 gĂ©nĂ©ration dans la accusation, version F 71 Titre conversation vs version M, MeToo, tels que reprĂ©sentation de la Day 478 prĂ©sentĂ©s dans le victime, DurĂ©e 52 cadre d'un procĂšs reprĂ©sentation du min visant Ă  fermer un mouvement Metoo, site appelĂ© rĂ©fĂ©rence directe au Assholes to Avoid mouvement et »Trou de cul Ă  backlash est-il allĂ© Ă©viter trop loin?. Unbreakable Épisode 1/12 30/05/18 Une satire comique Agresseur femme vs Netflix Kimmy qui renverse les victime mĂąle, Saison 4. Schmidt rĂŽles. Kimmy, en tant reprĂ©sentation de Titre que reprĂ©sentante l’agresseur, climat de des ressources silence d’une Kimmy is
 humaines, doit entreprise. Little Girl, mettre un employĂ© Ă  Big City! la porte. Pour ne pas DurĂ©e 26 lui faire de la peine et min pour se mettre Ă  son niveau, elle dĂ©cide de le complimenter lors du processus de renvoi. Elle est alors accusĂ©e de harcĂšlement sexuel et se rend compte subitement que tous ses collĂšgues trouvent son comportement dĂ©placĂ©. The Épisode 5/8 2/11/18 Une policiĂšre Épisode Ă©crit en Amazon Romanoffs rencontre une mĂšre rĂ©ponse au video Saison 1. de famille, au sujet mouvement Metoo Titre du professeur de oĂč le crĂ©ateur de Bright and piano des enfants, l’émission, Matthew High Circle qui aurait eu une Weiner avait Ă©tĂ© inconduite » avec des accusĂ© de DurĂ©e 88 mineurs
 Sous le harcĂšlement sexuel. min choc, la mĂšre de Backlash contre le famille s’imagine mouvement, fausse divers scĂ©narios. Les accusation, rumeurs sur 72 l’homme faussement pĂ©dophilie, rumeurs, accusĂ© de mĂ©faits rĂ©putation. sexuels se multiplient. The Épisode 3/8 19/10/18 Une actrice tourne Milieu du cinĂ©ma, Amazon Romanoffs une minisĂ©rie en agresseur femme, Video Saison 1. Autriche sur les abus de pouvoir, Titre House Romanoff. La tentative de viol, of Special rĂ©alisatrice et les Purpose acteurs s’amusent Ă  la torturer DurĂ©e 71 psychologiquement min et physiquement. Jane the Épisode 9/03/18 Jane dĂ©cide de Rapport de CW virgin 11/17, confronter son supĂ©rioritĂ©, modus Television Saison 4. professeur qu’elle operandi, solidaritĂ© Network croit coupable fĂ©minine Titre d’utiliser, Ă  mauvais Chapter escient, son autoritĂ© Seventy-six et son pouvoir sur DurĂ©e 42 des jeunes femmes min influençables. You Épisode 16/09/18 L’étudiante Beck doit Relation autoritĂ© Lifetime & 2/10, Saison composer avec des supĂ©rioritĂ©/infĂ©rioritĂ© Netflix 1 avances non dĂ©sirĂ©es ReprĂ©sentation de la de la part de son Titre victime superviseur de thĂšse. The last nice guy in New York DurĂ©e 45 min BoJack Épisode 14/06/18 Satire de sociĂ©tĂ© Conversation sur c’est Netflix Horseman 4/12. Quand la princesse quoi ĂȘtre fĂ©ministe et Carolyn embauche sur la condition des Saison 5. une cĂ©lĂ©britĂ© femmes, Hollywood, Titre disgraciĂ©e pour reprĂ©sentation de inconduites sexuelles l’agresseur BoJack the dans son film, BoJack feminist prend position par 73 DurĂ©e 26 mĂ©garde en tant que min fĂ©ministe. Brooklyn Épisode 28/02/19 Peralta et Amy font ReprĂ©sentation de la Fox jusqu’à Nine Nine 8/18. face Ă  un cas de victime et de 2018 puis tentative d’agression l’agresseur, climat de NBC 2019 Saison 6. sexuelle au travail. silence au travail, Titre Amy se sent solidaritĂ© fĂ©minine, troublĂ©e, car elle l’effet moi aussi », He said, she aussi a vĂ©cu une reprĂ©sentation du said histoire semblable. systĂšme judiciaire et DurĂ©e 21 Elle tente donc de de l’accompagnement min convaincre la victime de la victime par des de porter plainte policiers. contre son ConsĂ©quence des agresseur. accusations sur la victime Will & Grace Épisode 01/11/ 2018 Grace raconte Ă  son DiffĂ©rence d’opinions NBC 5/18, Saison pĂšre qu'Ă  l'Ăąge de 15 gĂ©nĂ©rationnelles, 10 ans, elle a Ă©tĂ© figure du pĂšre, agressĂ©e reprĂ©sentation de la Titre sexuellement par son victime et de son Grace’s employeur, Harry, le entourage Secret meilleur ami de celui- DurĂ©e 21 ci, qui est dĂ©cĂ©dĂ© min depuis. Good Trouble Épisode 8/13 26/02/2019 Mariana fonde un ReprĂ©sentation du Freeform groupe de femmes systĂšme de justice, Saison 1. du secteur de la sexisme dans le milieu Titre technologie, appelĂ© de travail, Fight Club afin de dĂ©nonciation, Byte Club contrer le sexisme reprĂ©sentation de la DurĂ©e 41 dans son milieu de victime, solidaritĂ© min travail. Callie et fĂ©minine, l’effet moi Rebecca travaillent aussi ». sur un cas de harcĂšlement sexuel au travail et celui-ci fait ressortir de douloureux souvenirs chez les deux avocates. 74 The Bold Type Épisode 3/10 23/04/2019 Alex apprend qu’une Consentement, Freeform de ses partenaires victime, Ă©ducation. Saison 3 sexuelles par le passĂ© Vision de l’agresseur Titre se serait sentie ». obligĂ©e » d’avoir un Stroke of rapport sexuel avec Genius lui. DurĂ©e 42 min Murphy Épisode 3/13 11/10/18 AprĂšs avoir suivi un HarcĂšlement sexuel CBS Brown atelier ennuyeux sur au travail, Ă©cart entre Saison 11 le harcĂšlement les gĂ©nĂ©rations, Titre sexuel en milieu de professeur et travail, Murphy Ă©tudiante, Murphytoo Brown se souvient confrontation, d'une Ă©poque oĂč elle DurĂ©e 21 Identification rĂ©cente Ă©tait Ă  l'universitĂ© et min du phĂ©nomĂšne de oĂč son professeur a harcĂšlement sexuel essayĂ© de profiter d'elle. Grown-ish Épisode 7/20 06/02/19 AprĂšs qu’un Ă©tudiant Consentement sexuel, Freeform de l’UniversitĂ© soit agression sur les Saison 2. mis sous enquĂȘte campus Titre pour agression sexuelle, l’école Messy impose une nouvelle DurĂ©e 20 politique de min "Consentement enthousiaste et sobre". Tout le monde a des opinions bien arrĂȘtĂ©es sur le sujet. It’s Always Épisode 4/10 26/09/18 Paddy's un bar a Ă©tĂ© Milieu de travail, FX puis FXX Sunny in mis sur une liste harcĂšlement sexuel, Saison 13. Philadelphia d’établissements qui sexisme Titre sont sexuellement hostiles aux femmes. Time’s up for Le groupe doit donc the gang assister Ă  un 75 DurĂ©e 22 sĂ©minaire sur le min harcĂšlement sexuel. ***Tableau absent pour la chaĂźne CW- 2018-2019 voir explications Ă  la page 78. Tableau 5. – Épisodes sĂ©lectionnĂ©s, chaĂźne ABC, saison 2018-2019 Nom de NumĂ©ro et Date de Synopsis ThĂšmes abordĂ©s ChaĂźne de l’émission nom de diffusion tĂ©lĂ©vision de l’épisode tĂ©lĂ©vision Grey's Épisode 28/03/2019 Une patiente arrive Victime/agresseur, ABC Anatomy 19/25 Ă  l’hĂŽpital le corps viol, rape kit, couvert dĂ©nonciation, Saison 15 d’ecchymoses. Elle traumatisme. Titre avoue Ă  Jo avoir Ă©tĂ© victime d’un viol Silent all violent aprĂšs la these years sortie d’un bar. Les DurĂ©e 43 mĂ©decins passent Ă  min travers le rape kit » avec la patiente, une expĂ©rience Ă©prouvante. 76 Tableau 6. – Épisodes sĂ©lectionnĂ©s chaĂźne HBO, saison 2018-2019 Nom de NumĂ©ro et nom Date de Synopsis ThĂšmes abordĂ©s ChaĂźne de l’émission de l’épisode diffusion tĂ©lĂ©vision de tĂ©lĂ©vision Crashing Episode 4/8 10/02/19 Pete, un Consentement, HBO humoriste, a un victime, Saison 3 contrat avec deux harcĂšlement Titre MC, autres humoristes sexuel. Middle,Headline Jason et Ali. Les propos misogynes DurĂ©e 35 min de Jason rendent l’expĂ©rience de tout le monde dĂ©sagrĂ©able Big Little Saison 2 2019 Dans cette saison, Viol, consĂ©quences HBO Lies on perçoit encore sur la victime, Total de 7 les consĂ©quences culpabilitĂ© Ă©pisodes du viol de Jane sur d’environ 50 sa vie et ses minutes relations. *Saison 1 2017 on apprend que Jane s’est faite violĂ©e par le mari de CĂ©leste lors d’une fĂȘte. De cette agression, elle est tombĂ©e enceinte et a eu le petit Ziggy. Euphoria Saison 1, 23/06/19 On comprend dans Viol, HBO ces deux Ă©pisodes consentement, Épisode 1/8 et 07/07/19 que la jeune trans, pĂ©dophilie, 2/8 Jules, a des transsexualitĂ© Titre Pilot relations plus ou moins DurĂ©e 53 min consentantes avec TitreStutin’ like des hommes plus my daddy ĂągĂ©s DurĂ©e 61 min 77 The Room Saison 2, episode 15/12/18 Une jeune femme Consentement, HBO 104 12/12, Titre Josie tente de revivre droguealcool, and Me une nuit dans un viol, mythes fratparty » avec DurĂ©e 27 min l’aide de la version plus jeune d’elle- mĂȘme. Cette nuit est marquante pour elle puisque c’est la nuit oĂč elle s’est fait violer. The Deuce Saison 2, 28/10/18 Lori tente Viol, prostitution HBO d’échapper Ă  son Épisode 8/9, dangereux Pimp Nobody has to CC qui la force get hurt sauvagement Ă  avoir une relation DurĂ©e 63 min sexuelle avec lui. Les rĂ©sultats de nos visionnements du corpus 2018-2019. Pour notre sĂ©lection dite ciblĂ©e » la zone grise entourant le consentement sexuel mise de l’avant Nous avons Ă©tĂ© heureuse de constater que plusieurs de ces histoires exposaient l’ambiguĂŻtĂ© qui flotte parfois entre deux partenaires sexuels ou un malentendu regrettable entre deux collĂšgues ou deux anciens amants. Nous croyons que cette reprĂ©sentation offre un reflet beaucoup plus rĂ©aliste de la rĂ©alitĂ©. La particularitĂ© du mouvement Metoo est d'avoir dĂ©noncĂ© des situations qui Ă©taient auparavant banalisĂ©es et offert une nouvelle codification dans les relations, soit des barĂšmes plus clairs et nets de ce qui est acceptable ou pas. De ce fait, il Ă©tait important pour nous de dresser une ligne claire en ce qui a trait Ă  l’agresseur et la victime, en nous fiant aux Ă©tudes de nos prĂ©dĂ©cesseurs. Explication de la sĂ©lection d’épisodes pour notre tableau des reprĂ©sentations de la victime et de l’agresseur Puisque plusieurs de ces Ă©pisodes mettent de l’avant la zone grise qui subsiste dans le consentement sexuel, qui est justement au cƓur du problĂšme du harcĂšlement sexuel, il Ă©tait 78 difficile pour nous d’évaluer avec certitude si oui ou non un personnage pouvait ĂȘtre placĂ© dans la catĂ©gorie victime ou encore, si tel autre personnage pouvait ĂȘtre jugĂ© d’agresseur. Nous avons donc dĂ©cidĂ© de conserver, pour notre tableau d’analyse de la reprĂ©sentation de la victime et de l’agresseur, seulement les Ă©pisodes qui prĂ©sentaient une situation d’agression sexuelle ou une tentative d’agression claire, sans ambigĂŒitĂ©. Ainsi, nous considĂ©rons que l’épisode, Perverts are People, Too de la sĂ©rie Glow; l’épisode, Day 422 de la sĂ©rie The Good Fight; l’épisode Murphytoo de la sĂ©rie Murphy Brown; l’épisode The Byte Club de la sĂ©rie Good Trouble; l’épisode He said, She said de la sĂ©rie Brooklyn Nine Nine et l’épisode Grace’s secret de la sĂ©rie Will & Grace prĂ©sentent clairement des cas de viols ou des tentatives de viols. Ces Ă©pisodes seront donc intĂ©grĂ©s Ă  notre tableau de l’agresseur et de la victime. Les autres Ă©pisodes de notre corpus qui ne sont pas sĂ©lectionnĂ©s pour ce tableau prĂ©cis serviront dans le cadre de notre analyse globale, Ă  la toute fin de ce chapitre. Des questions qui restent encore sans rĂ©ponse et qui encouragent la conversation Lors de notre visionnement de ces Ă©pisodes, nous avons remarquĂ© que l’ambiguĂŻtĂ© des rapports entre les partenaires sexuels est, trĂšs souvent, mise de l’avant. Ainsi, on ne sait pas vraiment qui tient le rĂŽle de l'agresseur ou de la victime. La conclusion de ces Ă©pisodes est laissĂ©e ambigĂŒe, laissant son interprĂ©tation au tĂ©lĂ©spectateur, comme elle l’est parfois dans la rĂ©alitĂ© ou tout ne peut ĂȘtre noir ou blanc. Les scĂ©naristes semblent vouloir jouer avec les zones plus grises du consentement sexuel et, par le fait mĂȘme, prendre part Ă  cette discussion initiĂ©e et encouragĂ©e par le mouvement. Par exemple, dans l’épisode Chapter Seventy-six de l’émission Jane The Virgin, Jane ne se considĂšre en aucun cas comme ayant Ă©tĂ© abusĂ©e par son professeur. Elle dit mĂȘme Ă  plusieurs reprises avoir dĂ©sirĂ© cette relation [29 25]. Pourtant, lorsqu’elle apprend que celui-ci semble avoir frĂ©quentĂ© plusieurs de ses Ă©lĂšves, elle commence Ă  remettre en question l’éthique et la morale de son ancien enseignant [26 40]. MĂȘme chose pour les Ă©pisodes, Stroke of Genius, Day 436 et Day 478, appartenant respectivement aux sĂ©ries The Bold Type et The Good Fight. D’autres Ă©pisodes ne comprenaient pas nĂ©cessairement de figures claires et prĂ©cises d’agresseur ou de victime et donc, ne pouvaient faire partie de notre analyse des reprĂ©sentations. Ainsi, 79 l’épisode Time’s Up For The Gang de l’émission It’s Always Sunny in Philadelphia l’épisode met en scĂšne un sĂ©minaire sur le harcĂšlement sexuel au travail; l’épisode Messy de la sĂ©rie Grown- Ish l’épisode est plutĂŽt une discussion entre amis sur le consentement sexuel et l’épisode Bright and High Circle de la sĂ©rie The Romanoffs l’épisode aborde les fausses accusations et la façon dont celles-ci peuvent dĂ©truire une rĂ©putation ne pouvaient ĂȘtre considĂ©rĂ©s. L’émission Bojack Horseman, Ă©tant sous forme de dessins animĂ©s illustrant des animaux anthropomorphiques, ne pouvait faire partie de notre analyse des reprĂ©sentations. Ceci s’explique par le fait que, ne s’agissant pas de figures humaines, il Ă©tait difficile pour nous de dĂ©finir leurs caractĂ©ristiques physiques et sociales. De mĂȘme, l’épisode House of Special Purpose de la sĂ©rie The Romanoff qui flirte avec le rĂ©el, l’irrĂ©el et le surnaturel ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ© pour notre analyse, puisque les lignes sĂ©parant la fiction du rĂ©el y sont trop floues. La victime est bel et bien dĂ©finie dans la sĂ©rie, mais ses agresseurs changent de rĂŽle maintes fois. Pour la chaĂźne CW absence d’épisodes traitant du sujet des crimes sexuels. Nous n’avons trouvĂ© aucun Ă©pisode traitant de sujets connexes liĂ©s aux abus sexuels dans la programmation de la chaĂźne CW pour la saison tĂ©lĂ©visuelle de 2018-2019. Ceci s’explique peut- ĂȘtre par un changement dans la programmation de la chaĂźne qui semble offrir un contenu de sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es plutĂŽt tournĂ© vers la science-fiction et le fantastique. Pour la chaĂźne ABC l’apparition du rape kit » pour la premiĂšre fois Ă  la tĂ©lĂ©vision Lors de nos visionnements, nous n’avons trouvĂ© qu’un seul Ă©pisode abordant des thĂ©matiques similaires au Metoo pour la chaĂźne ABC. Il s’agit de l’épisode Silent All These Years, prĂ©sent dans l’émission Grey’s Anatomy, de la saison 15. Il nous a semblĂ© important d’intĂ©grer l’épisode dans notre analyse, puisqu’il s’agit de la premiĂšre reprĂ©sentation Ă  la tĂ©lĂ©vision du rape kit ». Dans cette scĂšne poignante, toutes les Ă©tapes de l’examen post-viol sont montrĂ©es. Le spectateur peut donc mieux comprendre comment une personne qui dĂ©cide de dĂ©noncer l’acte reprochable est prise en charge, mais aussi, cela lui permet de mieux saisir toute la complexitĂ© du processus de dĂ©nonciation. La reprĂ©sentation de la victime dans cet Ă©pisode est encore plus intĂ©ressante, car celle-ci dĂ©nonce, de façon trĂšs Ă©vidente, les mythes entourant le viol. Ainsi, la victime dira 80 We all know if I do that kit it ends up in the back of a police station ignored for years [
] waiting to see if a jury of my peers will believe
 believe a woman who wore a skirt a few inches too short, who had a few cocktails too many at a bar last night after having a fight about laundry with her husband. And you know the tequila I drank will make it my fault, and whoever did this to me whatever he drank that’ll be his excuse!51 [1850] Ces paroles pointent du doigt les stĂ©rĂ©otypes liĂ©s aux abus sexuels et reprennent l’idĂ©e de victime idĂ©ale et de la victime non idĂ©ale. Parce qu’elle a bu, qu’elle est sortie dans un bar et par son accoutrement, la victime croit qu’elle ne sera pas crue et donc qu’elle ne sera pas considĂ©rĂ©e comme une vĂ©ritable victime. Elle ajoute mĂȘme que, parce que son agresseur a bu, ceci jouera en sa faveur pour attĂ©nuer sa responsabilitĂ©, voire Ă©tablir sa non-responsabilitĂ©. L'on comprend qu'elle Ă©voque le fait que, contrairement Ă  elle, son ivresse Ă  lui deviendra son moyen disculpatoire. On constate bien que cette victime n’a pas foi en le systĂšme. Ce discours Ă©loquent et fort dĂ©nonce le statu quo qui semble persister, encore aujourd’hui, dans la sociĂ©tĂ© vis-Ă -vis des victimes d’un acte sexuel violent ou non-consensuel. Nous verrons, dans les pages suivantes, comment ces diffĂ©rents mythes sont utilisĂ©s par les scĂ©naristes pour, cette fois semble-t-il, dĂ©noncer cette rĂ©alitĂ©. Pour la chaĂźne HBO de nombreux Ă©pisodes et de nouvelles reprĂ©sentations de la victime AprĂšs avoir explorĂ© l’entiĂšretĂ© de la programmation de la chaĂźne HBO voir annexe pour la saison tĂ©lĂ©visuelle de 2018-2019, nous avons dĂ©nichĂ© cinq Ă©pisodes tirĂ©s de cinq Ă©missions diffĂ©rentes qui traitaient de harcĂšlement sexuel, de consentement sexuel ou de crimes sexuels. AprĂšs les Ă©chantillons obtenus dans l'analyse des deux autres chaĂźnes, soit ABC et CW, nous avons Ă©tĂ© surprise d’obtenir un rĂ©sultat aussi favorable. Nous avons toutefois observĂ© que plusieurs Ă©pisodes retenus dans l’analyse de la chaĂźne HBO mettent en scĂšne des personnages qui ne 51 Traduction libre Nous savons tous que si je fais cette trousse, elle finit dans le fond d'un poste de police, ignorĂ©e pendant des annĂ©es ... en attendant de voir si un jury de mes pairs va croire... croire une femme qui portait une jupe quelques pouces trop courte, qui a bu quelques cocktails trop nombreux dans un bar hier soir aprĂšs s'ĂȘtre disputĂ©e avec son mari au sujet de la lessive. Et tu sais que la tequila que j'ai bue en fera ma faute, et celui qui m'a fait ça, quoi qu'il ait bu, ce sera son excuse ! » 81 correspondent pas aux normes et qui dĂ©fient les stĂ©rĂ©otypes liĂ©s aux agressions sexuelles et aux victimes. Nous verrons lors de notre analyse globale comment ces nouvelles » reprĂ©sentations participent Ă  dĂ©fier les conventions et Ă  dĂ©construire les mythes Ă©voquĂ©s dans le chapitre III. Autre rĂ©sultat intĂ©ressant, sur cinq Ă©pisodes, trois d’entre eux prĂ©sentaient une scĂšne de viol. Nous retrouvons ces Ă©pisodes dans les Ă©missions Euphoria, Room 104 et The Deuce. Aussi, nous avons dĂ©cidĂ© d’incorporer l’intĂ©grale » de la deuxiĂšme saison de Big Little Lies dans notre tableau, puisque tout au long de celle-ci, on peut discerner les consĂ©quences psychologiques et relationnelles que peut vivre, encore aujourd’hui, le personnage de Jane, victime de viol comme on l’apprend dans la saison 1, voir tableau 6. Pour le tableau des reprĂ©sentations, nous nous servirons des Ă©chos de la saison 1, afin d’analyser la reprĂ©sentation de l’agresseur de Jane. L’épisode MC, Middle et Headliner, de la sĂ©rie Crashing met en avant-plan les disparitĂ©s prĂ©sentes dans les diffĂ©rents discours touchant le consentement sexuel. En effet, dans cet Ă©pisode, le personnage de Jason, un humoriste sans grand succĂšs Ă  l’humour macho », fait des avances non dĂ©sirĂ©es Ă  une employĂ©e de la salle dans laquelle il se produit avec son numĂ©ro humoristique. Il insiste fortement auprĂšs de la jeune femme, de maniĂšre trĂšs agressive, ce Ă  quoi elle rĂ©pond Dude, wake the fuck up. God, that kind of shit? That’s so over!52 » [27 42]. Ces paroles laissent supposer que si ce genre de comportement Ă©tait acceptĂ© avant, il ne l’est plus aujourd’hui. D’ailleurs, tout l’épisode durant, le personnage de Jason a de la difficultĂ© Ă  adapter son humour et son comportement Ă  cette nouvelle Ăšre qui ne trouve plus drĂŽle des plaisanteries misogynes sur le consentement sexuel [24 05]. Nous verrons dans les prochaines pages de ce chapitre, de façon plus approfondie, ce dĂ©bat pertinent entre l’avant et l’aprĂšs Metoo, ce vĂ©ritable Ă©cart de gĂ©nĂ©ration en ce qui peut ĂȘtre dĂ©signĂ© comme un geste de sĂ©duction » ou du harcĂšlement sexuel, entre les limites maintenant mieux Ă©tablies de la sociĂ©tĂ© d’aujourd’hui et celles presqu' inexistantes » de la sociĂ©tĂ© d’hier. Comme mentionnĂ© plus haut, nous avons dĂ©cidĂ© d’intĂ©grer, dans le tableau des reprĂ©sentations de la victime et de l’agresseur, seulement les Ă©pisodes traitant d’un viol ou d’une tentative de 52 Traduction libre de l’auteure Mec, rĂ©veille-toi putain. Dieu, ce genre de merde? C’est terminĂ©! » 82 viol. C’est pourquoi, malgrĂ© sa pertinence, nous avons dĂ©cidĂ© de retirer du prochain tableau l’épisode MC, Middle and Headliner, qui ne prĂ©sente pas ce genre de scĂšne. Il nous servira toutefois lors de notre analyse globale, lorsque nous reviendrons sur l'Ă©volution de la perception du harcĂšlement sexuel par les victimes elles-mĂȘmes et par la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral, avant et aprĂšs le mouvement Metoo, dans les reprĂ©sentations tĂ©lĂ©visuelles et au sein de la sociĂ©tĂ© dont elle est en quelque sorte le reflet. ReprĂ©sentations de l’agresseur et de la victime, tableaux inspirĂ©s des Ă©tudes de Sarah Bufkin et Jana Eschholz En nous fiant aux Ă©tudes des chercheuses Sarah Bufkin et Jana Eschholz, nous avons assemblĂ© les tableaux suivants, afin de mieux saisir les diffĂ©rentes reprĂ©sentations des agresseurs et des victimes dans l’imaginaire tĂ©lĂ©visuel. Nous avons effectuĂ© ce travail de tri des donnĂ©es parmi tous les Ă©pisodes sĂ©lectionnĂ©s voir tableaux 1,2,3,4,5,6. Comme expliquĂ© un peu plus haut, nous nous sommes intĂ©ressĂ©e plus particuliĂšrement, ici, Ă  ceux qui prĂ©sentaient un viol ou une tentative de viol. De cette façon, nous dĂ©sirons vĂ©rifier si les reprĂ©sentations des agresseurs et celles de la victime dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es de 2018 et 2019 correspondent encore au portrait dessinĂ© par Eschholz et Bufkin Ă  la fin des annĂ©es 90. Par la suite, nous effectuerons dans les prochaines pages de ce chapitre, une analyse globale de notre corpus incluant tous les Ă©pisodes dont ceux traitant de harcĂšlement sexuel et de consentement, afin de saisir vĂ©ritablement l’évolution ou non- Ă©volution de ces reprĂ©sentations sociales. Les reprĂ©sentations de l’agresseur Tableau 7. – ReprĂ©sentation de l’agresseur En bleu 2007-2008 En jaune 2018- 2019 83 Agresseur Occupation Portrait CaractĂ©ristiques Lieu du Relation Race Sexe social physiques crime avec la victime Portrait Pauvre, paresseux, DĂ©viant, Bizarre, imposant, Rue Inconnu Noir/ H idĂ©al nouvel arrivant pervers, sale, animal prĂ©dateur, Latino irrationnel, sociopathe Women’s Étudiant/Ă©tudiant Riche, Jeune/jeune, party Amical/ Blanc/ H/H Murder Club arrogants universitaire au style preppy » amical Blanc *deux agresseurs Gossip Girl Étudiant Riche, Jeune, beau, trĂšs Cuisine amicale blanc H sĂ©ducteur, sophistiquĂ©, restaurant manipulateur, adolescent misogyne, et Party Ă©gocentrique In Treatment Non mentionnĂ© MƓurs Non mentionnĂ© Bar inconnu Non H lĂ©gĂšres, Ă©pisode 1 manipulateur, MentionnĂ© imposant In Treatment Coach de gymnastique PĂšre de Non mentionnĂ© Maison Coach/ Non H famille, Ă©pisode 13 attentionnĂ© athlĂšte MentionnĂ© Glow Directeur d’une chaĂźne Riche, Quarantaine, bel Chambre Relation blanc H de tĂ©lĂ©vision puissant, homme, sophistiquĂ© d’hĂŽtel d’affaires Épisode 5 Important The Good Participant Exhibitionnist Beau, jeune, Jacuzzi, Relation Noir/ H/H tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©/Producteur e, aime faire la soignĂ©/Homme d’ñge Fight de tĂ©lĂ©vision fĂȘte/ mur Ă  l’allure peu Plateau Amicale/ blanc soignĂ©e d’une Épisode 3 Ambitieux, tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© Relation d’affaires puissant, manipulateur *deux agresseurs un qui a violĂ© et l’autre a forcĂ© le viol, indiquĂ© par / Brooklyn EmployĂ© dans une Extraverti, Trentaine, beau, Au travail collĂšgue blanc H Nine Nine firme de marketing social, aime soignĂ© faire la fĂȘte, dĂ©crit comme 84 Ă©tant un peu niais, aisĂ© Will & Grace Patron d’une Non Homme d’ñge mĂ»r Au travail Patron et Non H compagnie mentionnĂ© meilleur ami mentionnĂ© du pĂšre de la victime Good Juge Reconnu Vieux Au travail Patron/ Blanc H Trouble comme ayant les mains EmployĂ© baladeuses, puissant, aisĂ© Murphy Professeur d’universitĂ© Reconnu dans Non mentionnĂ© Remise de Professeur Blanc H Brown son milieu, prix, / aisĂ©, chambre prĂ©tentieux d’hĂŽtel Ă©tudiante Grey’s Non mentionnĂ© Non Non mentionnĂ© Rue Ă  la inconnu Non H Anatomy mentionnĂ©, sortie d'un mentionnĂ© on sait bar seulement qu’il a bu. Big Little Lies Avocat et pĂšre de PĂšre de Beau, grand, Hotel Inconnu Blanc H famille famille, connu imposant, comme quarantaine RencontrĂ© bienveillant, dans un mais party rĂ©ellement violent, riche, puissant Euphoria PĂšre de famille, agent Aime sa Bel homme, Motel Inconnu Blanc H immobilier famille et le cinquantaine, grand succĂšs, et imposant, look RencontrĂ© ambitieux, soignĂ© via une sexualitĂ© application trouble, aisĂ©e Room 104 Étudiant universitaire DĂ©crit comme Jeune, mince, look Party Amical Blanc H Ă©tant de peu soignĂ© gauche, prends des drogues, aime faire la fĂȘte The Deuce ProxĂ©nĂšte TrĂšs violent, StylĂ©, porte beaucoup Hotel ProxĂ©nĂšte/ Noir H Ă©gocentrique, de bijoux, look de prostituĂ© dangereux, bad boy » riche 85 RĂ©sultats Le portrait idĂ©al » rĂ©alisĂ© par les chercheuses Eschholz et Bufkin, en se basant sur les reprĂ©sentations des films Ă  succĂšs de 1996, mettait de l’avant la cruautĂ© de l’agresseur The male rapists were all depicted as disturbed individuals who took pleasure in the cruelty and violence of their offenses53 » 2000, Les caractĂ©ristiques physiques, sociales, le lieu du crime et la relation de l’agresseur avec sa victime illustraient alors, un stĂ©rĂ©otype trĂšs manichĂ©en de l’offenseur. Nous pensons, aprĂšs avoir considĂ©rĂ© nos diffĂ©rents rĂ©sultats, que ce portrait tend, heureusement, Ă  changer pour une image beaucoup plus reprĂ©sentative de la rĂ©alitĂ©. De l’animal » Ă  quelqu’un de connu Nous pouvons, de prime abord, observer que ce caractĂšre animal » du pervers dĂ©viant amenĂ© par Eschholz et Bufkin ne semble plus se retrouver dans les reprĂ©sentations de notre Ă©poque, tous nos tableaux confondus. En effet, si l’on se fie Ă  nos rĂ©sultats, peu, ou presqu’aucune reprĂ©sentation ne correspond rĂ©ellement Ă  ce portrait idĂ©al » de l’agresseur. En effet, 65 % des agresseurs de notre corpus connaissent leur victime. Il ne s’agit donc pas d’une attaque » d’un inconnu sur une inconnue, comme le suppose le profil de Bufkin et Eschholz. Aussi, la grande majoritĂ© de ces agressions se dĂ©roulent dans des lieux plus intimes que la rue, tels qu’une chambre d’hĂŽtel 33% ou au travail 20%. À noter que bon nombre, soit 28%, de ces inconduites se sont dĂ©roulĂ©es dans un lieu propice Ă  la fĂȘte et aux excĂšs alcool, drogue. Ces nouvelles reprĂ©sentations entourant l’acte de l’agression semblent plus reprĂ©sentatives de la rĂ©alitĂ© lorsqu’on sait que dans 8 cas de viol sur 10, l’agresseur connaissait sa victime RAINN, 201954. Le profil physique et social de l’agresseur en transformation? Autres changements constatĂ©s, le profil physique et social de l’agresseur Ă©laborĂ© par les chercheuses Ă  la fin des annĂ©es 90 semble, lui aussi, avoir largement Ă©voluĂ©. Ainsi, une grande 53 Traduction libre de l’auteure Les violeurs masculins ont tous Ă©tĂ© dĂ©peints comme des individus perturbĂ©s qui prenaient plaisir Ă  la cruautĂ© et Ă  la violence de leurs dĂ©lits. » 54 L’organisme Rape, Abuse & Incest National Network RAINN est une organisation amĂ©ricaine qui a pour but de contrer les agressions sexuelles et abus sexuels, d’éduquer la population Ă  ce sujet et de venir en aide aux victimes. Il est le plus gros organisme Ă  but non-lucratif en ce genre aux États-Unis et fut fondĂ© en 1994. 86 majoritĂ© des agresseurs rĂ©pertoriĂ©s dans notre corpus tĂ©lĂ©visuel proviennent de familles aisĂ©es ou mĂȘme, possĂšdent une grande richesse 24 % sont trĂšs riches. De plus, les Ă©pisodes semblent mettre de l’avant cette relation nĂ©faste de pouvoir et d’autoritĂ© d’un ĂȘtre malintentionnĂ© sur sa victime. Ainsi, 7 agresseurs sur 17 41% sont en position d’autoritĂ© ou de pouvoir sur leur victime exemple professeur/ Ă©tudiant, coach/ gymnaste, patron/ employĂ©. Fait intĂ©ressant, 6 de ces 7 reprĂ©sentations de l’agresseur proviennent du corpus post Metoo. Ce nombre nous laisse croire que les diffĂ©rentes dĂ©nonciations de personnages cĂ©lĂšbres et puissants qui ont eu lieu lors du mouvement Metoo ont influencĂ© fortement ces nouvelles reprĂ©sentations. Le portrait physique de l’agresseur semble, lui aussi, s’ĂȘtre modifiĂ©. En effet, alors que dans l’article du duo Bufkin et Eschholz, mais aussi dans l’étude faite par Esther Madriz, l’agresseur idĂ©al » Ă©tait de race noire, dans notre corpus, 65% des agresseurs sont de race blanche, 12% de race noire et dans 24% des cas, le physique ne fut pas mentionnĂ©. Aussi, nombre de ces agresseurs, 41%, sont dĂ©finis comme Ă©tant bel homme », Ă  l’allure soignĂ©e. Un contraste Ă©tonnant avec les descriptions physiques Ă©laborĂ©es par les chercheuses amĂ©ricaines. En effet, l’aspect physique de l’agresseur idĂ©al » semblait dĂ©couler d’une vision beaucoup plus homogĂšne oĂč le potentiel abuseur Ă©tait dĂ©crit comme Ă©tant sale, imposant, bizarre, pauvre, voire monstrueux! Nous pensons que notre corpus dĂ©montre une vision beaucoup plus multiple ou mĂȘme inclusive, de l’agresseur qui prend alors, dans ces reprĂ©sentations, de multiples visages ». Une reprĂ©sentation plus hĂ©tĂ©rogĂšne de l’agresseur ne peut ĂȘtre que bĂ©nĂ©fique pour le spectateur qui risque de mieux reconnaĂźtre les cas d’agressions sexuelles. En effet, comme le mentionnent les chercheuses Eschholz et Bufkin, l’uniformitĂ© des reprĂ©sentations peut avoir des consĂ©quences sur la perception de la sociĂ©tĂ© et sur le nombre de dĂ©nonciations This unidimensional movie picture of rape and its consequences may help to perpetuate the real problem of rape and sexual abuse in our society [
]. Victims of a typical rape may be less likely to report the rape to authorities because they do not see their reflection in the media image of the ideal victim or because their attackers appear rather 87 normal in comparison to television/film perpetrators55. 2000, p. 1338 De 2007- 2008 Ă  2018-2019, y a-t-il eu des changements? Il Ă©tait difficile pour nous de comparer activement les Ă©missions appartenant Ă  la saison tĂ©lĂ©visuelle de 2007-2008 prĂ©-mouvement Metoo avec celles appartenant Ă  la saison 2018- 2019 post-mouvement Metoo, puisque nous n’avons pas trouvĂ© beaucoup d’épisodes prĂ©sentant un crime sexuel durant la premiĂšre pĂ©riode 2007-2008 de notre Ă©tude. Nous avons donc constatĂ© que les reprĂ©sentations de l’agresseur et de la victime se font beaucoup plus rares quelques annĂ©es avant le mouvement. Nous avons, par contre, cru observer une plus grande hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© dans les reprĂ©sentations post-mouvement Metoo. Nous avons aussi remarquĂ©, lors de nos visionnements, que les Ă©pisodes ayant suivi cette pĂ©riode de bouleversements sociaux sont plus enclins Ă  prĂ©senter les consĂ©quences d’une dĂ©nonciation sur l’agresseur. Ainsi, sur les quatre Ă©pisodes prĂ©sents dans notre corpus, Ă©pisodes tirĂ©s de la saison tĂ©lĂ©visuelle 2007-2008, un seul montre l’agresseur subissant les consĂ©quences de son crime. En effet, dans l’épisode de Women’s Murder Club, l’un des deux violeurs se fait assassiner par la victime qui, aprĂšs avoir vu sa dĂ©nonciation rester sans consĂ©quence judiciaire, choisit la vengeance personnelle. ReprĂ©sentations de la victime Tableau 8. – ReprĂ©sentations de la victime En bleu 2007-2008 En jaune 2018-2019 Victime Origne ou Portrait social CaractĂ©ristiques Type de mƓurs SexualitĂ© Ethnie Sexe occupation personnalitĂ© physique 55 Traduction libre Cette image unidimensionnelle du viol et de ses consĂ©quences peut contribuer Ă  perpĂ©tuer le vĂ©ritable problĂšme du viol et de l'abus sexuel dans notre sociĂ©tĂ© ... Les victimes d'un viol typique peuvent ĂȘtre moins susceptibles de signaler le viol aux autoritĂ©s parce qu'elles ne voient pas leur reflet dans l'image mĂ©diatique de la victime idĂ©ale ou parce que leurs agresseurs semblent plutĂŽt normaux par rapport aux agresseurs de tĂ©lĂ©vision ou de film. » 88 Portrait Classe moyenne Vierge » innocente Blonde, jeune et Traditionnelles Implicite blanc F idĂ©al ingĂ©nue, petite Portrait Classe ouvriĂšre Vamp », provocatrice, Sexy, voluptueuse LĂ©gĂšres Explicite Latine/ F non idĂ©al sĂ©ductrice noir Women’s Étudiante Intelligente, Jeune, belle LĂ©gĂšres non blanc F Murder universitĂ© responsable, studieuse mentionnĂ© Club Gossip Girl Étudiante Populaire, sĂ©ductrice, Sexy, voluptueuse, LĂ©gĂšres/ Explicite/ Blanc/ F/F secondaire/ fĂȘtarde, famille riche, blonde, 16 ans, grande, traditionnelles implicite *Deux vamp » / vierge » allure sophistiquĂ©e/ blanc victimes Étudiante innocente, dĂ©sire blonde, ingĂ©nue, allure secondaire l’approbation de ses soignĂ©e, trĂšs jeune 14 pairs, famille aisĂ©e ans In AnesthĂ©siologue Relation compliquĂ©e Voluptueuse, sexy, lĂ©gĂšres explicite blanc F Treatment avec son copain, trentaine, trĂšs troublĂ©e maquillĂ©e Ă©pisode 1 Ă©motionnellement, amoureuse de son psy, sĂ©ductrice In Gymnaste, AthlĂ©tique, dĂ©pressive, Adolescente, look traditionnelles implicite blanc F Treatment Ă©tudiante au famille trouble, sportif, aucun secondaire suicidaire, ingĂ©nue maquillage Ă©pisode 13 Glow Actrice et lutteuse Aime la cĂ©lĂ©britĂ©, Belle, filiforme, LĂ©gĂšres explicite blanc F pour la tĂ©lĂ©vision manipulatrice, trentaine sĂ©ductrice The Good Candidate d’une Provocatrice, Blonde, vingtaine, LĂ©gĂšres explicite blanc F Ă©mission de sexy, voluptueuse Fight tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© sĂ©ductrice, recherche la cĂ©lĂ©britĂ©, exhibitionniste Épisode 3 Brooklyn EmployĂ©e dans Ambitieuse, sĂ©rieuse, Blonde, trentaine, Traditionnelles implicite blanc F Nine Nine une firme de professionnelle belle, look classique marketing, Will & *Ă  l’époque de Adolescente, Non mentionnĂ©e Traditionnelles implicite blanc F Grace l’agression Autres caractĂ©ristiques EmployĂ©e dans non mentionnĂ©es une compagnie non-mentionnĂ©e Good Stagiaire pour un SĂ©vĂšre, rigide, Vingtaine, blonde, Traditionnelles implicite blanc F Trouble juge ambitieuse, belle, look classique professionnelle 89 Murphy *Ă  l’époque de Ambitieuse, journaliste Vingtaine, blonde Traditionnelles Non- blanc F Brown l’agression mentionnĂ©e Étudiante en journalisme Greys Non mentionnĂ© Non mentionnĂ© Trentaine, LĂ©gĂšres Non noir F Anatomy mentionnĂ© Big Little MĂšre, travaille Timide, rĂ©servĂ©e, Vingtaine, belle, traditionnelles implicite blanc F Lies dans une aimante, mĂšre d'un fils, s’habille de maniĂšre bibliothĂšque pas beaucoup d’amis confortable Euphoria Étudiante au Excentrique, aimante, Trans, grande, blonde, lĂ©gĂšres explicite blanc F secondaire trĂšs douce, rĂ©servĂ©e, s’habille de façon trĂšs dĂ©sire se faire aimer colorĂ©e, adolescente The Room Étudiante Confiante, fĂȘtarde, Rousse, voluptueuse, lĂ©gĂšres explicite blanc F 104 universitĂ© arrogante, intellectuelle, sexy, vingtaine dĂ©sire devenir auteure, ambitieuse, sĂ©ductrice The Deuce ProstituĂ©e et DĂ©sire la cĂ©lĂ©britĂ©, vient Fausse blonde, sexy, lĂ©gĂšres explicite blanc F actrice porno de la campagne d’une voluptueuse, vingtaine famille pauvre RĂ©sultats Comme nous avons pu le voir dans le chapitre III de ce mĂ©moire, il existerait deux profils stĂ©rĂ©otypĂ©s » de la victime. Helen Benedict dĂ©signa ces deux catĂ©gories bien opposĂ©es par les termes vierge » et vamp ». Esther Madriz parla plutĂŽt de victime idĂ©ale » et non-idĂ©ale ». En analysant et en classifiant les Ă©pisodes sĂ©lectionnĂ©s dans notre tableau, nous cherchions Ă  savoir si ces deux profils se retrouvaient encore, aujourd’hui, dans les reprĂ©sentations de la victime vĂ©hiculĂ©es par la tĂ©lĂ©vision. Par cette disposition nous avons cru remarquer que ces classifications semblaient bel et bien se retrouver dans les reprĂ©sentations de la victime. Pourtant, la conclusion nous semblait prendre une tournure tout autre
 Une victime blonde, jeune et blanche Dans l’étude effectuĂ©e par Madriz sur 140 participantes en 1997, la victime idĂ©ale Ă©tait dĂ©crite comme Ă©tant blanche, petite, ingĂ©nue, blonde et naĂŻve 1997, p. 349. Ce profil physique semble ĂȘtre encore bien prĂ©sent. En effet, si l’on se fie Ă  notre tableau, les jeunes femmes de moins de 90 25 ans reprĂ©sentent 75% de notre corpus. Aussi, dans 50% de ces cas, la victime a des cheveux blonds. À l’instar de la chercheuse Esther Madriz qui avait mentionnĂ© que la victime d’origine latino ou de race noire Ă©tait moins crĂ©dible, voire sans valeur » 1997, les victimes de notre corpus sont majoritairement de race blanche. Ainsi, dans 93% des Ă©pisodes, la victime est blanche contre seulement 6% de victimes noires. Aucune autre ethnie n’est prĂ©sente dans notre corpus. Comme l’explique Madriz Black and Latina women’s virtue is not as important they are nonideal or "worthless" victims, unless they share common qualities with white middle-class victims56 » 1997, p. 350. La chercheuse ajoute que la victime blanche serait plus aisĂ©ment victimisĂ©e dĂ» Ă  sa plus grande fĂ©minitĂ© » selon les normes et prĂ©jugĂ©s rĂ©pandus dans la sociĂ©tĂ©. Elle serait donc plus vulnĂ©rable et donc plus crĂ©dible » White women fit more closely the gendered, racist, and classist concept of "feminity"57 » 1997, p. 350. Cette donnĂ©e pourrait aussi s’expliquer par la mince reprĂ©sentation des minoritĂ©s visibles sur nos Ă©crans de tĂ©lĂ©vision. ConsidĂ©rant que seulement 22% des personnes de couleurs sont reprĂ©sentĂ©es Ă  la tĂ©lĂ©vision amĂ©ricaine en 2015 Statista58, 2018, cela pourrait, en effet, justifier cette absence de reprĂ©sentation dans les personnages de victime. Il est important d’ajouter que dans toutes ces reprĂ©sentations la victime est de sexe fĂ©minin et l’agresseur, lui, est de sexe masculin. Bien que 96,8% des agresseurs sont des hommes et que 78% des victimes de viols sont des femmes, il aurait Ă©tĂ© intĂ©ressant et pertinent de voir une plus grande diversitĂ© dans les reprĂ©sentations de victimes et d’agresseurs. Nous notons, cependant, la prĂ©sence d’une personne transgenre dans notre corpus, entraĂźnant par le fait mĂȘme une autre rĂ©alitĂ© que nous considĂ©rons comme devant aussi ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e dans l'univers tĂ©lĂ©visuel d'aujourd'hui. 56 Traduction libre La vertu des femmes noires et latines n'est pas aussi importante elles sont des victimes non idĂ©ales ou "sans valeur", Ă  moins qu'elles ne partagent des qualitĂ©s communes avec les victimes blanches de classe moyenne. » 57 Traduction libre Les femmes blanches correspondent mieux Ă  la notion de "fĂ©minitĂ©" sexuĂ©e, raciste et classiste. » 58 Note de l’auteure Statista consolide les donnĂ©es statistiques de plus 80 000 sujets provenant de plus de 22 500 sources instituts, Ă©tudes de marchĂ©, opinions et secteur Ă©conomique. 91 Une victime sĂ©ductrice? Durant nos visionnements, nous avons constatĂ© que plusieurs victimes de viols ou de tentatives de viols Ă©taient prĂ©sentĂ©es comme Ă©tant sĂ©ductrices ou provocatrices. Nous avons dĂ©terminĂ© que 37% des victimes de notre corpus pouvaient ĂȘtre dĂ©crites comme Ă©tant sexy » ou sĂ©ductrices », contre 19% pouvant ĂȘtre dĂ©crites comme Ă©tant sĂ©rieuses », studieuses » ou professionnelles ». De la mĂȘme façon, nous avons voulu dĂ©terminer si la sexualitĂ© de la victime Ă©tait mise de l’avant dans l’épisode, puisque, bien souvent, de nombreuses victimes se font reprocher celle-ci. Afin de dĂ©terminer cette derniĂšre, nous avons cherchĂ© Ă  identifier si la victime mettait de l’avant son corps ou parlait ouvertement de sa sexualitĂ©. Ainsi, 7 victimes sur 16 possĂ©daient une sexualitĂ© dite explicite », alors que 6 sur 16 avait une sexualitĂ© dite implicite ». Si l’on considĂšre que la victime de type vierge » aurait une sexualitĂ© dite implicite et la victime de type vamp » aurait, elle, une sexualitĂ© dite explicite, nous constatons que ces deux catĂ©gories de victimes, Ă©laborĂ©s par Benedict dans les annĂ©es 90, seraient reprĂ©sentĂ©es assez Ă©galement dans les fictions tĂ©lĂ©visuelles contemporaines. De la mĂȘme façon, nous avons dĂ©cidĂ© d’examiner si les victimes reprĂ©sentĂ©es avaient des mƓurs qu’on pourrait dĂ©crire comme Ă©tant lĂ©gĂšres » ou comme Ă©tant plutĂŽt associĂ©es Ă  la bonne morale ». Pour ce faire, nous avons dĂ©terminĂ© que la victime avait des mƓurs lĂ©gĂšres », si celle- ci aimait faire la fĂȘte, si elle consommait drogue ou alcool ou si elle avait plusieurs partenaires sexuels. Au contraire, si elle Ă©tait plutĂŽt casaniĂšre », qu’elle ne consommait aucunement ou trĂšs rarement des boissons alcoolisĂ©es et que son nombre de partenaires sexuels n’était pas mentionnĂ©, nous avons conclu qu’elle correspondait plus Ă  des mƓurs associĂ©es Ă  la bonne morale », correspondant davantage alors au profil de la victime idĂ©ale » prĂ©sentĂ© par Bufkin et Eschholz. Ainsi, encore une fois, les rĂ©sultats sont assez semblables, 50% ont des mƓurs qu’on pourrait dĂ©crire comme lĂ©gĂšres » contre 44% qui prĂ©senteraient une typologie de mƓurs dites bonnes ». Ces diffĂ©rents rĂ©sultats quant Ă  la sexualitĂ© de la victime et Ă  son portrait social nous laissent croire qu’il existerait encore que deux profils de victimes. Les reprĂ©sentations de notre corpus mettent de l’avant presque de façon Ă©quivalente ces deux genres » de victimes. 92 Une victime moins passive qu’autrefois? En comparant les Ă©pisodes prĂ© mouvement et post mouvement, nous avons remarquĂ© non pas une diffĂ©rence au niveau du profil physique de la victime, comme Ă©tabli plus haut, mais plutĂŽt, un contraste encourageant dans la passivitĂ© ou non-passivitĂ© de celle-ci. En effet, nous avons remarquĂ© que dans les Ă©pisodes post Metoo, les personnages victimes de tentatives de viol ou d’agressions sexuelles avaient plus tendance Ă  dĂ©noncer, voire Ă  se venger de leur agresseur. Bien que non-mentionnĂ© dans notre tableau, nous avons Ă©valuĂ© que 63% des victimes du corpus post Metoo prenaient action aprĂšs leur agression ou tentative d’agression, alors que dans le corpus prĂ© Metoo 80% des victimes pouvaient ĂȘtre dĂ©crites comme Ă©tant passives » suite au prĂ©judice subi. Nous tenterons dans les prochaines pages de chapitre de bien analyser l’ensemble de notre corpus ainsi que les consĂ©quences de la reprĂ©sentation des codes avancĂ©s par les chercheuses Benedict, Madriz, Bufkin et Eschholz sur la rĂ©ception du spectateur. Se pourrait-il qu’on assiste Ă  une rĂ©utilisation de ceux-ci afin de jouer avec les perceptions du spectateur? Qu’en est-il du harcĂšlement sexuel, thĂ©matique si prĂ©sente lors de la conversation Metoo? Nous tenterons d’analyser la reprĂ©sentation de ce nouveau » notez ici l’ironie du terme nouveau problĂšme sociĂ©tal dans les Ă©missions de tĂ©lĂ©vision amĂ©ricaines. Analyse globale du corpus Comme nous l’avons vu dans le chapitre II de ce mĂ©moire, nous croyons que les reprĂ©sentations sociales vĂ©hiculĂ©es dans les mĂ©dias, par le biais des Ă©missions de fiction par exemple, peuvent avoir un impact rĂ©el sur une population donnĂ©e. Ainsi, afin de vĂ©rifier notre hypothĂšse, nous dĂ©sirons effectuer une analyse globale de notre corpus afin de bien mettre en Ă©vidence certains Ă©lĂ©ments d’analyse. Lors de nos visionnements des diffĂ©rents Ă©pisodes, nous avons remarquĂ© quelques points importants qui semblaient diffĂ©rer d’une pĂ©riode Ă  une autre. Nous croyons qu’il serait pertinent d’observer si les pĂ©riodes avant Metoo et aprĂšs Metoo peuvent ĂȘtre dĂ©limitĂ©es par leurs diffĂ©rentes reprĂ©sentations des crimes sexuels et du harcĂšlement sexuel. Nous tenterons donc, dans les prochaines pages, de rĂ©pondre Ă  notre problĂ©matique de dĂ©part est-ce qu’un 93 mouvement social, tel que le mouvement Metoo, peut rĂ©ussir Ă  influencer les reprĂ©sentations des crimes sexuels dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es. Un nouveau » venu le harcĂšlement sexuel L’un des changements les plus marquĂ©s qui semblent coĂŻncider avec l’émergence du mouvement Metoo est, selon nous, l’arrivĂ©e du harcĂšlement sexuel dans le discours tĂ©lĂ©visuel. Comme nous l’avons abordĂ©, Ă  plusieurs reprises plus tĂŽt dans ce chapitre, nous avons remarquĂ© que le harcĂšlement sexuel possĂ©dait une place plus importante, comme thĂ©matique abordĂ©e, au sein des Ă©pisodes diffusĂ©s aprĂšs le mouvement social. En effet, dans plusieurs Ă©pisodes, ce grand flĂ©au est abordĂ© sous plusieurs angles que ce soit au travail, comme dans les Ă©missions Good Trouble, Brooklyn Nine Nine, Will & Grace, Younger, Unbreakable Kimmy Schmidt, Crashing, ou dans des relations entre professeur et Ă©tudiant, comme dans les Ă©missions You, Jane the Virgin, Murphy Brown, ou dans une situation x de pouvoir entre deux individus, comme c’est le cas dans l’émission You diffuseur/client, Euphoria majeur/mineur, The Deuce proxĂ©nĂšte/prostituĂ©e, The Good Fight participante de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©/producteur. On constate bien que cet enjeu devient aisĂ©ment le sujet de l’heure. Dans la sĂ©rie Good Trouble, le personnage de Mariana organise un club, le Byte club, oĂč les femmes en technologies peuvent se rassembler Ă  l’extĂ©rieur du travail, afin de trouver, ensemble, des façons concrĂštes de contrer le sexisme et le harcĂšlement sexuel qu’elles subissent au travail [06 20]. GrĂące Ă  cette initiative, elles mettent en plan une liste d’actions Ă  effectuer afin de surmonter ces Ă©preuves humiliantes. Dans une sĂ©quence efficace, oĂč l’on voit les diverses solutions dĂ©nichĂ©es et autres astuces ĂȘtre exĂ©cutĂ©es en salle de rĂ©union [11 56], la sĂ©rie expose une problĂ©matique qui se produit frĂ©quemment dans le milieu des technologies. En mettant des personnages bien-aimĂ©s du public dans cette position dĂ©licate, voire complĂštement dĂ©sagrĂ©able, les auteurs transmettent le message que ces situations d’abus de pouvoir sont bien rĂ©elles, et qu’elles sont plus importantes qu’on pourrait le penser. Elle montre aussi au spectateur comment un tel personnage, s’est sorti ou non de cette histoire traumatisante et pĂ©rilleuse. Enfin, par sa reprĂ©sentation sur nos Ă©crans, elle semble exister davantage. 94 Une perception autre d’une gĂ©nĂ©ration Ă  une autre Le clivage entre les gĂ©nĂ©rations a Ă©tĂ© souvent abordĂ© dans les diffĂ©rentes conversations et dĂ©bats entourant le mouvement Metoo. Par exemple, la trĂšs cĂ©lĂšbre actrice Catherine Deneuve s’est exprimĂ©e au dĂ©but de l’annĂ©e 2018 Ă  ce sujet dans un collectif signĂ© par plusieurs femmes. Celles- ci reprochaient au mouvement de protĂ©ger le puritanisme et de rĂ©primer la libertĂ© sexuelle en comparant, notamment, la drague inoffensive » Ă  une agression sexuelle Des hommes ont Ă©tĂ© "sanctionnĂ©s" dans l'exercice de leur mĂ©tier, contraints Ă  la dĂ©mission, alors qu'ils n'ont eu pour seul tort que d'avoir touchĂ© un genou, tentĂ© de voler un baiser, parlĂ© de choses "intimes" lors d'un dĂźner professionnel ou d'avoir envoyĂ© des messages Ă  connotation sexuelle Ă  une femme chez qui l'attirance n'Ă©tait pas rĂ©ciproque France24 avec AFP citant Catherine Deneuve, 2018 Ce qui Ă©tait vu, autrefois, comme innocent », et mĂȘme drĂŽle » devient dans cette nouvelle Ăšre de dĂ©nonciation des limites Ă  ne pas franchir, une menace et une raison vĂ©ritable de renvoi. Cette dissimilitude se constate dans le traitement du harcĂšlement sexuel dans l’épisode de Boston Legal, qui comme nous l’avons dĂ©montrĂ© plus haut, est prĂ©sentĂ© plutĂŽt comme un Ă©lĂ©ment comique que comme une offense rĂ©elle. Plusieurs des Ă©pisodes de notre corpus de 2018-2019 ont dĂ©montrĂ© cette division entre gĂ©nĂ©rations. Par exemple, dans l’épisode, Grace’s Secret, de l’émission Will & Grace, Grace reproche Ă  son pĂšre, un homme de plus d’une soixantaine d’annĂ©es, son comportement charmeur avec la serveuse. Ce Ă  quoi il rĂ©pond Sometimes I feel that men cannot be man anymore, not with this me stuff59 » [0640]. Marquant ainsi de façon assez claire la frontiĂšre entre l’avant et aprĂšs Metoo. L’avant, oĂč ce comportement Ă©tait acceptĂ©, valorisĂ© et voire mĂȘme un exemple de virilitĂ©, l’aprĂšs oĂč ce comportement est rĂ©primandĂ©. Le mĂȘme Ă©cart entre les gĂ©nĂ©rations est mis en Ă©vidence dans la sĂ©rie Murphy Brown, dans l’épisode Murphytoo, le personnage de Phyllis, la gĂ©rante du bar, dit Ă  Murphy In those days it wasn’t 59 Traduction libre Parfois je sens que les hommes ne peuvent plus ĂȘtre des hommes dorĂ©navant, pas avec ce truc de Moi ». 95 sexual harassment, it was a bad date60 » [13 20]. On comprend par cette tournure de phrase que bien que la situation n’ait pas changĂ©, la perception de celle-ci a Ă©voluĂ©. Et en effet, avec le recul, et avec ces nouvelles limites maintenant mises en place par la sociĂ©tĂ©, la protagoniste Murphy Brown, perçoit d’une toute nouvelle façon une situation pĂ©nible vĂ©cue lorsqu’elle Ă©tait plus jeune avec un professeur. Peut-ĂȘtre, en fait, ne la voit-elle pas diffĂ©remment que naguĂšre, mais aujourd’hui, influencĂ©e par le mouvement et par cette prise de conscience collective, elle a la force et le dĂ©sir de confronter son professeur afin de lui mettre en plein visage son comportement rĂ©cusable et abusif de jadis. Le harcĂšlement sexuel devient, dans ces diffĂ©rentes reprĂ©sentations tĂ©lĂ©visuelles, une situation ou un comportement qui est reprochable voire condamnable et pris au sĂ©rieux. Le consentement sexuel un sujet encore ambigu? Dans notre corpus avant Metoo, le consentement sexuel semble ĂȘtre implicite ou explicite. C’est-Ă -dire, qu’il n’est pas abordĂ© comme Ă©tant un vĂ©ritable enjeu qui pourrait engendrer diffĂ©rents Ă©lĂ©ments de conversation pertinents. Il est, ainsi, soit prĂ©sent, dans les relations sexuelles entre partenaires consentants, ou absent, dans le cas de viol par exemple. Jamais, les diffĂ©rents personnages discutent ou remettent en question le consentement sexuel. Dans le corpus postMetoo, le consentement est maintes fois un sujet de dĂ©bats entre les diffĂ©rents personnages. Non seulement, il semble ne pas ĂȘtre perçu de la mĂȘme façon par les diffĂ©rentes gĂ©nĂ©rations comme dĂ©montrĂ© plus haut, mais aussi entre les diffĂ©rents sexes. L’épisode Day 478 de l’émission The Good Fight, est un bel exemple de l’ambiguĂŻtĂ© » du consentement et des conversations que celle-ci engendre. Dans l’épisode, deux individus qui ont eu un rendez-vous galant n’ont pas la mĂȘme interprĂ©tation de leur soirĂ©e. L’homme raconte Elle envoyait des signaux et j’avais l’impression d’y rĂ©pondre » [07 01] alors que la jeune femme explique Il a tellement insistĂ© que je me suis laissĂ©e faire » [07 15]. On comprend ici que le consentement peut ĂȘtre sujet Ă  dĂ©bat par les deux partenaires lorsqu’il n’a pas Ă©tĂ© dit ou demandĂ© de maniĂšre explicite. L’ambivalence, et les opinions diverses au sujet du consentement sont encore plus exacerbĂ©es dans une prochaine scĂšne de l’épisode oĂč, dans les bureaux de la firme d’avocat, la 60 Traductio libre À cette Ă©poque, ce n’était pas du harcĂšlement sexuel, c’était un mauvais rencard. » 96 cacophonie rĂšgne alors que tous semblent faire valoir leur point face Ă  cet enjeu [24 19]. Un charmant clin d’Ɠil aux dĂ©bats qui existe vĂ©ritablement Ă  ce sujet dans la sphĂšre publique. Au final, nous pensons que l’important Ă  retenir lorsqu’il est question de consentement sexuel est comment les deux partenaires se sont sentis avant, pendant et aprĂšs l’acte. Cette conclusion est avancĂ©e dans l’épisode 12 de la sĂ©rie Room 104. Dans cet Ă©pisode le personnage principal, Josie, rencontre une version plus jeune d’elle-mĂȘme et souhaite revivre un party d’universitĂ© oĂč elle fut agressĂ©e par l’un de ses amis du collĂšge. MĂȘme si, au dĂ©part, elle dĂ©sirait cette relation sexuelle, la victime dĂ©montre trĂšs bien que par la suite, celle-ci fut loin d’ĂȘtre agrĂ©able et voulue. On le voit de maniĂšre trĂšs claire par la façon que le jeune homme la force Ă  rester couchĂ©e et par ses gestes violents [17 20]. Elle tente, aussi, Ă  plusieurs reprises de le ralentir. Lors de l’acte, la camĂ©ra s’attarde, en gros plan, sur les yeux de la victime qui transmettent la tristesse et l’effroi. Il n’y a aucune musique, seulement les sons dĂ©rangeants de ce moment troublant de vĂ©ritĂ©. Dans cette scĂšne, la plus vieille version d’elle-mĂȘme se tient debout, prĂšs du lit, silencieuse, les yeux pleins d’eau. Elle observe la scĂšne, impuissante [1748]. Un peu plus tard, la jeune version d’elle-mĂȘme, lorsque confrontĂ©e par la plus vieille, est incapable de dire que le consentement n’est pas mutuel, qu’elle a bel et bien Ă©tĂ© victime d’une agression, que son ami est en tort Maybe it wasn’t the most consensual thing61 » [22 45]. Alors que la version plus mature de la jeune femme est capable de mettre les mots sur l’évĂšnement qui s’est dĂ©roulĂ© cette soirĂ©e-lĂ , de voir cet acte pour ce qu’il est rĂ©ellement, c’est- Ă -dire un viol. On assiste Ă  une conversation entre le passĂ© et le prĂ©sent, un ĂȘtre qui a du recul sur une situation et l’autre qui refuse de la voir. En exposant leurs opinions sur le consentement, les auteurs invitent le spectateur Ă , lui aussi, se prononcer sur cet enjeu. En prĂ©sentant des situations oĂč il pourrait y avoir une ambiguĂŻtĂ© et en la dĂ©finissant, par la suite, comme une agression sexuelle, on met en Ă©vidence que oui, certaines situations dans un contexte de relation sexuelle ne sont pas blanches ou noires, mais que mĂȘme s’il peut y avoir prĂ©sence de zones plus grises Ă  certains aspects, celle-ci ne devrait pas entacher la perception ou non d’un viol pour la victime comme pour l’agresseur. Pour ainsi dire, les viols ne correspondent pas toujours Ă  un 61 Traduction libre Peut-ĂȘtre que ce n'Ă©tait pas la chose la plus consensuelle ». 97 script préétabli et connu de la victime. Ainsi, comme le dit le personnage de Josie dans l’épisode de The Room 104, There is no such thing as nonconsensual sex. There is just consensual sex and there is rape 62» [17 47]. Les dĂ©nonciations plus prĂ©sentes et encouragĂ©es? La bravoure encourage la prise d’action. En comparant les deux Ă©poques, nous avons remarquĂ© un nombre beaucoup plus Ă©levĂ© de dĂ©nonciations dans le corpus post Metoo. Cet aspect n’est pas si Ă©tonnant si l’on repense aux chiffres exposĂ©s dans le chapitre I qui prouvaient qu’une dĂ©ferlante de dĂ©nonciations a suivi le mouvement d’octobre 2017. Dans cette mĂȘme optique donc, plusieurs Ă©missions, Younger, The Good Fight, Brooklyn Nine Nine, Good Trouble, Grey’s Anatomy, ont mis de l’avant l’importance de dĂ©noncer son agresseur et tentent, par le fait mĂȘme, de rĂ©tablir la foi dans le systĂšme de justice. L’épisode He Said, She Said, de l’émission Brooklyn Nine Nine, dĂ©montre bien l’acharnement des deux policiers et protagonistes de la sĂ©rie, Jake et Amy, qui tentent de trouver les preuves suffisantes Ă  l’arrestation de l’agresseur de celle qu’ils ont convaincue de porter plainte. En effet, dans cet Ă©pisode, on prĂ©sente les cĂŽtĂ©s positifs d’une dĂ©nonciation Ă  la police. À la toute fin de celui-ci, on illustre les consĂ©quences nĂ©fastes qui pĂšseront sur l’agresseur, mais aussi les rĂ©percussions de cet acte de vulnĂ©rabilitĂ© et de courage sur l’entourage de la victime qui pourra, comme on le voit dans la sĂ©rie, ĂȘtre, Ă  son tour, influencĂ© Ă  dĂ©noncer une situation [20 30]. Un effet de solidaritĂ© entre victimes renforcĂ© Comme nous pensons l’avoir dĂ©montrĂ© dans le chapitre I de ce mĂ©moire, le mouvement Metoo fut d’abord un mouvement de solidaritĂ© entre victimes. Par les mots moi aussi » le je », timide, devient un nous » bruyant et solidaire. Cette entraide, qui passe tout d’abord par une mise Ă  nu de la victime pour qu’ensuite s’élĂšvent les voix autour d’elle, fut fortement dĂ©montrĂ©e dans plusieurs Ă©pisodes de notre corpus post Metoo. Cet aspect n’est pas du tout prĂ©sent dans les Ă©pisodes de notre corpus de 2007-2008 et il n’est pas non plus mentionnĂ© dans les Ă©tudes faites dans les annĂ©es 90 par les chercheuses Helen Benedict, Esther Madriz, Sarah Eschholz et Jana 62 Traduction Le sexe non consensuel n'existe pas. Il n'y a que des rapports sexuels consensuels et il y a le viol ». 98 Bufkin. Ainsi, dans les Ă©missions, Younger, You, Brooklyn Nine Nine, Good Trouble, Grey’s Anatomy la victime est jointe par d’autres victimes. Ensemble, ce nous » dĂ©nonciateur se prononce contre les gestes ou paroles rĂ©cusables dont il a souffert. Un bel exemple de cet effet du nous dĂ©nonciateur est dĂ©montrĂ© dans l’épisode The Nicest Guy in New York de la sĂ©rie You Ă  noter que cet Ă©pisode nous servira lors de notre analyse filmique dans les prochaines pages de ce chapitre. Dans cet Ă©pisode, Beck, qui a refusĂ© les avances de son professeur, utilise le nous » Ă  des fins de menace What’s the term again? Harassment or misconduct? Anyway, they were too scared to come forward, but then we realize, it’s harder to dismiss 7 women with the same story63 » [3720]. Ces paroles reprĂ©sentent trĂšs bien, selon nous, l’effet » Metoo. En effet, Beck dĂ©finit, premiĂšrement, les gestes de son professeur par des mots qui, aujourd’hui, pĂšsent trĂšs lourd harcĂšlement, inconduite. Elle ajoute, ensuite, que les victimes avaient peur. Peur de sortir de l’ombre et de dĂ©noncer, mais qu’elles ont rĂ©alisĂ© qu’ensemble, elles ne pouvaient ĂȘtre vaincues
 Le mĂȘme phĂ©nomĂšne se dĂ©roule dans l’épisode Lizatoo de l’émission Younger. Ainsi, au tout dĂ©but de l’épisode, les supĂ©rieurs de Liza le personnage principal de la sĂ©rie lui demandent son avis sur le supposĂ© » comportement dĂ©gradant d’un des clients et auteurs les plus influents de la maison d’édition. MĂȘme si dans les faits, Liza aurait l’opportunitĂ© de dĂ©noncer, Ă  ce moment, les paroles obscĂšnes et les gestes fautifs du fameux client avec qui elle a dĂ©jĂ  eu affaire, ses patrons lui font bien sentir qu’elle ne sera pas rĂ©ellement soutenue Do you wanna say something Liza? It could destroy the company but we’ll support you64 » [02 25]. Liza reste donc silencieuse et devra, une fois de plus, supporter le personnage odieux dans le cadre de son travail. Lors de la sortie du livre de ce client particulier, Liza rencontre plusieurs autres femmes qui ont, elles aussi, subi le comportement grossier du cĂ©lĂšbre auteur [15 55]. ArmĂ©e des tĂ©moignages de ces autres victimes, Liza dĂ©nonce la situation de harcĂšlement sexuel Ă  son patron qui dĂ©cide, sans hĂ©sitation, d’annuler le contrat avec ce fameux auteur [17 41]. 63 Traduction libre Elles avaient trop peur pour se manifester, puis on s’est rendu compte qu'il Ă©tait plus difficile d’ignorer 7 femmes avec la mĂȘme histoire.» 64 Traduction libre Veux-tu dire quelque chose Liza? Cela pourrait dĂ©truire la compagnie, mais nous allons te supporter ». 99 Bien sĂ»r, cet effet de solidaritĂ© ne s’est pas dĂ©montrĂ© seulement entre victimes lors du mouvement d’octobre 2017, mais s’est propagĂ© dans toute la communautĂ©. On peut voir cet aspect de solidaritĂ© entre femmes, par exemple, dans l’épisode Silent all these years de la sĂ©rie Grey’s Anatomy. Dans une scĂšne plus qu’émouvante, une victime d’un viol terriblement violent est effrayĂ©e Ă  l’idĂ©e de se rendre en salle d’opĂ©ration. Toutes les employĂ©es seulement les femmes de l’hĂŽpital sont alors invitĂ©es Ă  se tenir, dans une sorte de haie de courage, dans le corridor comme symbole de solidaritĂ© pour cette victime [34 18]. Le profil de la victime idĂ©ale repris et dĂ©construit Comme nous l’avons dĂ©montrĂ© Ă  l’aide de notre tableau de la victime, les figures de la vamp » et de la vierge » semblent ĂȘtre encore bien prĂ©sentes dans les Ă©missions de tĂ©lĂ©vision qui ont succĂ©dĂ© le mouvement Metoo. Par contre ces figures, et surtout celle de la vamp », semblent ĂȘtre dĂ©tournĂ©es afin de manipuler, en quelque sorte, le jugement du spectateur sur la crĂ©dibilitĂ© de la victime. Cette rĂ©utilisation des codes de la vamp », est bien dĂ©montrĂ©e dans l’épisode Day 422 de la sĂ©rie The Good Fight. En effet, dans cet Ă©pisode, la victime est prĂ©sentĂ©e au spectateur comme une participante de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©, nunuche », Ă  l’allure trĂšs sexy, qui pour trouver gloire et cĂ©lĂ©britĂ© se dĂ©nude sur les ondes. DĂšs le dĂ©but de l’épisode, sa crĂ©dibilitĂ© est mise en doute. Lorsqu’elle fait face aux avocats de la maison de production qu’elle poursuit, on conteste son accoutrement plus sĂ©rieux » que l’on critique comme Ă©tant un costume » Those glasses won’t fool anyone65 » [0 25]. Par la suite, tout au long de l’épisode, l’apparence et le comportement de la jeune femme avant l’acte elle se dĂ©nude, chevauche un autre participant de la tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©, se saoule, etc. nuisent Ă  sa lĂ©gitimitĂ© en tant que victime. On la culpabilise pour le geste qui a Ă©tĂ© commis [02 45], on ridiculise sa poursuite [03 02] et on critique sa sexualitĂ© explicite en la traitant de slut » salope Is that the gossip? No she’s a slut. 
 How many guys did she hook up with? How many guys is on the show? rires66 » [005]. Pourtant, lorsqu’elle se prĂ©sente devant les avocats et lorsqu’elle confronte son agresseur, elle ne correspond plus du tout Ă  cette image de fĂȘtarde aux mƓurs lĂ©gĂšres. Le spectateur est partagĂ© entre deux 65 Traduction libre Ses lunettes ne duperont personne » 66 Traduction libre Est-ce que c’est elle qui potine? Non c’est la salope. 
 Avec combien de gars de l’émission elle a couchĂ©? Combien y-a-til de gars dans l’émission rires. » 100 reprĂ©sentations de la victime, l’une qui est crĂ©dible » selon le profil de la victime idĂ©ale et les normes Ă©tablies, et l’autre qui ne l’est pas puisqu’elle correspond au profil de la vamp ». À la fin de l’épisode, les avocats rĂ©ussissent Ă  prouver la culpabilitĂ© de l’agresseur et de la chaĂźne de production. Nous verrons plus en profondeur cette rĂ©utilisation des codes dans notre analyse filmique de l’épisode The Last Nice Guy in New York, de la sĂ©rie You. Nous avons aussi remarquĂ©, durant nos visionnements, qu’il y avait, dans notre corpus post mouvement Metoo, prĂ©sence de victimes qui ne correspondaient pas tout Ă  fait aux normes sociales ». Ainsi, dans la sĂ©rie Euphoria, le personnage de Jules, une jeune adolescente trans, est victime d’un abus sexuel et le personnage de Lori, une prostituĂ©e, est victime d’un viol dans la sĂ©rie The Deuce. Ces deux figures ne correspondent pas au profil de la victime idĂ©ale » et participent Ă  dĂ©construire celui-ci. En effet, nous pensons que prĂ©senter ces deux figures, la femme trans et la putain, comme pouvant ĂȘtre aussi victimes d’un tel acte, prouve la vĂ©ritable inexistence de ce profil. Briser les tabous, proposer de nouvelles images de la victime, dĂ©montre que la victime au profil idĂ©al n’a pas sa place. Comme nous l’avons mentionnĂ© plus tĂŽt, nous espĂ©rons que, dans le futur, il y ait une place plus importante pour diffĂ©rentes reprĂ©sentations de la victime et de l’agresseur dans nos Ă©crans afin que s’amenuisent les stĂ©rĂ©otypes et que se multiplient les dĂ©nonciations et, par le fait mĂȘme, que s’amĂ©liore le systĂšme de justice face Ă  cet enjeu. Ainsi, grĂące Ă  nos diffĂ©rentes analyses, nous avons pu saisir divers Ă©lĂ©ments qui nous permettent maintenant de mieux comprendre l’évolution des reprĂ©sentations des crimes sexuels et du harcĂšlement sexuel dans les tĂ©lĂ©sĂ©ries amĂ©ricaines et ce, aprĂšs le passage du mouvement Metoo. Dans le chapitre suivant, nous effectuerons une analyse filmique d’un objet prĂ©cis, l’épisode The Last Nice Guy in New York, de la sĂ©rie You, afin de vĂ©rifier, de maniĂšre concrĂšte, si les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments dĂ©montrĂ©s dans ce chapitre-ci, seront mis de l’avant par le langage cinĂ©matographique et tĂ©lĂ©visuel. 101 Chapitre 5 – Analyse filmique d’un Ă©pisode The Last Nice Guy in New-York de la sĂ©rie You. Nous avons choisi pour notre analyse filmique la sĂ©rie You de Sera Gamble et Greg Berlanti. Nous expliquons ce choix par le fait que bien qu’elle ne fasse pas partie des chaĂźnes que nous avons sĂ©lectionnĂ©es HBO, ABC et CW, l’épisode deux fait partie des Ă©pisodes triĂ©s lors de notre premiĂšre recherche ciblĂ©e. Il fait donc bien partie de notre corpus tĂ©lĂ©visuel et nous a Ă©tĂ© utile lors de notre analyse comparative rĂ©alisĂ©e dans le chapitre IV de ce mĂ©moire. Nous trouvions cet Ă©pisode pertinent, car nous pensons qu’il met bien en valeur les diffĂ©rentes techniques utilisĂ©es par le langage cinĂ©matographique afin de jouer avec la perception du spectateur sur une victime, sur un agresseur et une situation d’abus. Nous avions remarquĂ©, lors de notre visionnement, que les auteurs Gamble et Berlanti semblaient reprendre les codes bien connus de la femme fatale, figure iconique de l’histoire du cinĂ©ma. De cette façon, nous dĂ©sirions inscrire de maniĂšre plus marquĂ©e notre mĂ©moire dans le champ des Ă©tudes cinĂ©matographiques. Aussi, et comme nous tenterons de l’expliquer dans ce dernier chapitre, les codes de la femme fatale, mis en scĂšne dans cet Ă©pisode particulier, Ă©voquent trĂšs bien la figure de la vamp Ă©voquĂ©e par Benedict. Nous trouvions donc intĂ©ressant de mettre en parallĂšle, voire juxtaposer mĂȘme, ces deux figures, la vamp et la femme fatale, afin, rĂ©ellement de n’en faire plus qu’une
 You est une sĂ©rie amĂ©ricaine produite par la Warner Horizon Television et Greg Berlanti et Ă©crite par Sera Gamble. La sĂ©rie est inspirĂ©e du livre de Caroline Kepnes du mĂȘme titre. Elle fut diffusĂ©e pour la premiĂšre fois en automne 2018. La premiĂšre saison de 10 Ă©pisodes raconte l’histoire d’un gĂ©rant d’une librairie indĂ©pendante, Joe Goldberg. Le jeune homme fait la rencontre de Guinevere Beck, une jeune et belle Ă©tudiante en littĂ©rature qui rĂȘve de faire carriĂšre comme Ă©crivain. Au fil des Ă©pisodes, on dĂ©couvre la fascination, voire l’obsession malsaine de Joe pour la jeune femme. Comme un animal qui chasse sa proie, Joe Ă©pie Beck afin de se rapprocher d’elle, de mieux la connaĂźtre et, par le fait mĂȘme, de mieux contrĂŽler » sa vie. En effet, Ă  plusieurs reprises, Joe, vĂ©ritable psychopathe et ĂȘtre vil, s’immiscera dans la vie de Beck afin d’éloigner, 102 voire d’anĂ©antir, des individus qui lui ont fait du tort ou qui pourraient s’ingĂ©rer dans leur nouvelle relation amoureuse
 Joe justifie ses gestes criminels par son amour pour Beck et par son dĂ©sir de faire d’elle sa femme idĂ©ale. Ainsi et bien rapidement, Joe Ă©liminera sans scrupules les proches de Beck allant de sa meilleure amie, Peach Salinger, Ă  son ex petit copain, Benji, et agressant mĂȘme son psychologue! La saison se termine avec la mort violente de Beck, enfermĂ©e par le monstrueux libraire dans une sorte de prison de verre, aprĂšs qu’elle eĂ»t dĂ©couvert, avec effroi, ce qui se tramait et la vĂ©ritable identitĂ© de Goldberg. Cette histoire, se dĂ©roulant Ă  New York, est un savant mĂ©lange de comĂ©die sentimentale et de thriller psychologique. Jo Goldberg, le protagoniste principal, partage ses pensĂ©es avec le spectateur par l’utilisation d’une voix hors champ de type narratif. Par ce monologue intĂ©rieur, le spectateur se retrouve alors vĂ©ritablement dans la tĂȘte du psychopathe ». La sĂ©rie a un style un brin rĂ©tro par sa colorisation quelque peu sĂ©pia et chaude qui rappelle les pages d’un vieux livre. Si le spectateur s’attend, de prime abord, Ă  une belle histoire d’amour, les codes de ce genre sont ensuite bien vite dĂ©tournĂ©s. Le personnage de Beck, l’objet du dĂ©sir de Joe, est particuliĂšrement intĂ©ressant, car tout en mouvance. Joe s’est inventĂ© une image de la jeune fille qui est parfaite et qui ne correspond pas Ă  la rĂ©alitĂ©. Ainsi, dans ses yeux, elle nous apparaĂźt comme vulnĂ©rable, ensoleillĂ©e, douce et sans malice, mais plus le spectateur a accĂšs Ă  la jeune Ă©tudiante, plus il dĂ©couvre sa force de caractĂšre, ses failles, son passĂ©, et ses relations complexes avec les membres de sa famille. Dans un mĂȘme ordre d'idĂ©es, l’épisode numĂ©ro deux de la sĂ©rie, The Last Nice Guy in New York, joue particuliĂšrement avec ces diffĂ©rentes reprĂ©sentations de la jeune femme et met en scĂšne une situation de harcĂšlement sexuel entre ce mĂȘme personnage de l’étudiante, Guinevere Beck et l'un de ses professeurs d’universitĂ©. Nous nous intĂ©resserons davantage Ă  ce deuxiĂšme Ă©pisode qui semble reprendre les enjeux et les thĂ©matiques du mouvement Metoo. Nous croyons assister, dans cet Ă©pisode, Ă  une rĂ©utilisation des codes entourant la figure de la vamp » amenĂ©e par Helen Benedict dans son ouvrage, Virgin or Vamp, afin de manipuler d’une certaine façon le jugement du spectateur et dĂ©noncer, ce faisant, ces stĂ©rĂ©otypes rĂ©pandus dans nos sociĂ©tĂ©s. Nous explorerons l’image de la femme fatale, vĂ©ritable emblĂšme vamp », reprĂ©sentĂ©e ici par le personnage mystĂ©rieux de Guinevere Beck. 103 The Last Nice Guy in New York synopsis L’épisode de 45 minutes met en scĂšne plusieurs autres intrigues entourant les diffĂ©rents personnages de la sĂ©rie. Nous nous intĂ©resserons plus prĂ©cisĂ©ment Ă  l’intrigue entourant le cas de harcĂšlement sexuel dans le cadre d’une relation universitaire entre Beck et son professeur. Beck, au tout dĂ©but de l’épisode, rencontre ses copines dans un cafĂ© et leur parle de ses plus rĂ©centes inquiĂ©tudes [13 25]. En effet, la jeune femme apprĂ©hende sa rencontre avec son superviseur de thĂšse, celui-ci l’a invitĂ©e Ă  aller prendre un verre dans un restaurant. Beck croit que cette invitation cache rĂ©ellement des intentions autres et qu’en fait, son superviseur dĂ©sire avoir une relation Ă  caractĂšre sexuel avec elle. Lors de cette conversation, Annika, une de ses proches amies, lui dĂ©voile qu’elle a dĂ©jĂ  couchĂ© avec son professeur pour passer un cours et l’encourage Ă  faire de mĂȘme Banging your professor is like a grad school rite of passage67 » [13 45]. Par ses paroles crues, Annika laisse sous-entendre que ce type de relation est banalisĂ© par la communautĂ© universitaire et qu’il serait mĂȘme un passage obligĂ©. Les autres filles ne semblent pas partager cette opinion et tentent d’influencer Beck Ă  dĂ©cliner le flirt de son superviseur. Beck explique alors qu’elle se sent vĂ©ritablement prise au piĂšge, Ă©tant donnĂ© la position d’autoritĂ© qu’exerce l’homme Ă  l'UniversitĂ© et du mĂȘme coup, l'impact possible sur sa carriĂšre future He controls my status as a TA. He could knock me out of my housing68 » [14 10]. Mais lorsque son amie lui rappelle qu’elle peut dĂ©noncer le comportement inadĂ©quat de son professeur, Beck lui rĂ©pond qu’elle ne croit pas en cette fin idĂ©alisĂ©e et prouve par le fait mĂȘme qu’elle a perdu toute foi dans le systĂšme I think it only works that way in the movie69 » [14 15]. La situation de Beck semble ĂȘtre sans vĂ©ritable issue. Un peu plus tard dans l’épisode, l’ex petit copain de Beck, Benji, enfermĂ© dans une cage en vitre par Joe, rĂ©vĂšle Ă  celui-ci le vĂ©ritable visage de Beck note de l’auteure Ă  la fin du premier Ă©pisode, Joe enlĂšve Benji qu’il croit ĂȘtre une nuisance pour Beck et l’enferme dans le sous-sol de sa librairie 67 Traduction libre Baiser avec son professeur est comme un rite de passage des Ă©tudes supĂ©rieures» 68 Traduction libre Il contrĂŽle mon statut comme auxiliaire d’enseignement. Il pourrait me faire expulser de mon logement ». 69 Traduction libre Je crois que ça fonctionne de cette façon seulement dans les films ». 104 afin de lui faire payer, mais aussi d’en connaĂźtre davantage sur la jeune femme. Benji, fait prisonnier du libraire, dresse alors le portrait de son ex Beck comme une enjĂŽleuse You see this hardworking writer-chick [
] She’s branded the living shit out of herself across the Internet. [
] I am telling you, this is her thing. Right now, she’s got on red lipstick and she’s getting ready to work her professor hard for that » [1520]. Cette reprĂ©sentation de Beck en femme manipulatrice et sĂ©ductrice rappelle bien la figure de la femme fatale des films noirs. Nous tenterons, dans les prochaines pages, de dĂ©terminer comment le personnage de Beck pourrait bel et bien faire Ă©cho Ă  cette figure emblĂ©matique du cinĂ©ma des annĂ©es 40 et 50. Par la suite, nous retrouvons alors Beck lors de son rendez-vous avec son professeur dans un chic restaurant [15 30]. Les deux convives sont assis Ă  une table, conversent et boivent du vin. Le professeur complimente la jeune femme sur son travail et celle-ci semble apprĂ©cier et se rĂ©jouir de l’opinion de son mentor ». La soirĂ©e semble bien se dĂ©rouler, mais petit Ă  petit, l’homme de lettres commence Ă  faire des avances Ă  la jeune fille et dĂ©pose sa main sur la sienne [16 00]. Cet instant caractĂ©risĂ© par ce geste inoffensif » Ă  priori, vient changer le cours de la soirĂ©e des deux personnages et confirme les intentions inadĂ©quates du professeur. Beck semble de plus en plus inconfortable, l’homme tente alors de la sĂ©curiser You really have nothing to be nervous about » [16 10]. Elle se lĂšve rapidement lorsque l’homme glisse sa main sur sa cuisse et qu’elle refuse clairement les avances de son professeur Don’t touch me. It’s not sexy, it’s repulsive71 » [16 50]. L’homme offensĂ© par son refus, culpabilise la jeune femme et lui retire sa position d’auxiliaire d’enseignement, puis quitte le restaurant [17 00]. Beck est laissĂ©e seule Ă  la table, dĂ©semparĂ©e [17 41]. Elle passe alors la soirĂ©e avec Joe le libraire, qui l’espionnait du coin de l’Ɠil assis Ă  une table non loin de la leur [18 20]. Un peu plus tard dans l’épisode, Joe accompagne Beck Ă  une soirĂ©e chez la meilleure amie de celle-ci [26 10]. Beck attire bien des regards de la gent masculine [29 55]. Joe doute des intentions de la jeune fille Ă  son Ă©gard et craint que la belle ne fasse que se servir de son intellect 70 Traduction libre Tu vois cette Ă©crivaine sexy qui travaille dur [
] Elle a fait de sa vie de merde une vĂ©ritable marque sur Internet [
] Et je te le dis, c’est son truc. En ce moment mĂȘme, elle a mis un rouge Ă  lĂšvre rouge et elle se prĂ©pare Ă  travailler durement son professeur pour obtenir un A. » 71 Traduction libre Ne me touche pas. Ce n’est pas sexy, c’est rĂ©pugnant ». 105 pour rayonner auprĂšs de ses amis. Il se questionne sur sa vĂ©ritable identitĂ© [30 20]. Qui est-elle vraiment? Cette aura de mystĂšre qui fascine le personnage principal rappelle, encore une fois, celle qui entoure la femme fatale des annĂ©es 40 Ă  50 comme l’explique les autrices Helen Hanson et Catherine O’Rawe dans leur article Cherchez la femme This sense of mystery, of a concealed identity always just beyond the visible surface is common in critical discussion of the femme fatale » 2011, p. 1. Nous verrons plus en profondeur les diffĂ©rentes caractĂ©ristiques de la femme fatale qui pourraient, bel et bien, ĂȘtre reprises par la sĂ©rie You chez le personnage de Guinevere Beck, dans les prochaines pages de ce mĂ©moire. Dans la scĂšne suivante, Beck, qui paraĂźt bien nerveuse, retourne voir son professeur cette fois Ă  son bureau Ă  l’UniversitĂ© [35 57]. Elle est venue lui demander de bien vouloir reconsidĂ©rer son poste d’assistante et lui demande s’il serait possible de changer de superviseur de thĂšse. Il refuse. Beck ferme la porte du bureau, crĂ©ant ainsi plus d’intimitĂ© entre elle et lui [36 43]. Elle respire bruyamment et semble de plus en plus nerveuse, mais bien dĂ©cidĂ©e [36 50]. Une musique inquiĂ©tante se fait alors entendre laissant croire qu’elle cĂšdera aux avances de son professeur... MĂȘme ses paroles laissent sous-entendre qu’elle se pliera aux demandes inadĂ©quates de l’homme So
 I guess I am realizing I have no choice
 »72 [36 54] Mais au dernier moment, Beck sort une nouvelle carte de son jeu et dĂ©voile qu’elle a trouvĂ© six autres femmes qui partagent une histoire comme la sienne avec ce mĂȘme professeur They were too scared to come forward but then we realize, it’s hard to dismiss 7 women with the same story »73 [3704]. L’homme ainsi menacĂ©, cĂšde aux demandes de la jeune femme et Beck sort, somme toute, victorieuse de cet incident. On remarque aussi cette utilisation de l’effet Metoo dans ce tour de force effectuĂ© par la jeune femme. Comme avec le mouvement social de 2017, les nombreuses dĂ©nonciations sur un mĂȘme agresseur ont favorisĂ© la crĂ©dibilitĂ© des victimes. Nous verrons davantage cet effet de solidaritĂ© dans les prochaines pages de ce mĂ©moire. 72 Traduction libre Alors
 J’imagine que je suis en train de rĂ©aliser que je n’ai plus aucun choix
 » 73 Traduction libre Elles Ă©taient trop effrayĂ©es pour se manifester, mais alors nous avons rĂ©alisĂ© que ce serait plus difficile de dĂ©mentir 7 femmes avec la mĂȘme histoire ». 106 Une perception de la victime en mouvance. Guinevere Beck nous est prĂ©sentĂ©e comme un vĂ©ritable mystĂšre. Plusieurs fois dans l’épisode, le protagoniste principal dans le cadre de sa quĂȘte, possĂ©der l’objet de ses dĂ©sirs, s’interroge sur la vĂ©ritable personnalitĂ© et les intentions de la jeune femme. Cette Ă©nigme semble ĂȘtre exploitĂ©e dans l’intrigue entourant le cas de harcĂšlement sexuel entre Beck et son professeur. Celle-ci sert, en quelque sorte, Ă  mieux dĂ©finir l’identitĂ© de l’étudiante. La reprĂ©sentation de la victime, Beck, semble se modifier tout au long de l’épisode. En effet, au tout dĂ©but, la jeune femme semble en contrĂŽle et dĂ©terminĂ©e, elle n’a rien de la jeune fleur vulnĂ©rable. Cette perception est exacerbĂ©e par le portrait de sĂ©ductrice dressĂ© par Benji [15 20]. Lors de ce discours peu Ă©logieux, on voit apparaĂźtre Ă  l’écran Beck qui entre dans le restaurant [15 24] pour sa rencontre avec son professeur. Le son ambiant est coupĂ© dans un effet de sourdine et la sĂ©quence est filmĂ©e au ralenti pour attirer toute l’attention du spectateur sur la jeune femme. Ce ralenti et ce choix sonore ajoutent un effet de sublime attraction, effet frĂ©quent dans les films noirs des annĂ©es 40 qui utilisaient la camĂ©ra pour sublimer l’entrĂ©e de la femme fatale Ă  l’écran et ainsi exacerber son effet sur le protagoniste masculin They control camera movement, seeming to direct the camera and the hero’s gaze with our own irresistibly with them as they move74 » Kaplan, p. 56. Un gros plan sur les lĂšvres maquillĂ©es de rouge de Beck, laisse croire qu’elle assume pleinement sa sexualitĂ© et qu’elle dĂ©sire user de ses charmes. Cette image de manipulatrice est renforcĂ©e par les paroles de Benji en voix hors champ [
] she’s got on red lipstick and she’s getting ready to work her professor hard for that A75 » [15 20]. La jeune femme mord alors sa lĂšvre, dans un plan trĂšs rapprochĂ© [15 20], renvoyant de ce fait Ă  cet effet de sursensualitĂ©. Cette reprĂ©sentation de Beck comme une sĂ©ductrice Ă©voque l’iconographie entourant la figure de la femme fatale et reprend, par le fait mĂȘme, la figure de la vamp » Ă©voquĂ©e par Helen Benedict. Dans son article dans l’ouvrage dirigĂ© par Ann E. Kaplan, Women in Film Noir, l’auteure, Janey Place, Ă©voque quelques caractĂ©ristiques qui marquent cet univers d’ultime sensualitĂ© The iconography is explicitly sexual and often explicitly violent as well long hair, make-up and jewellery. Cigarettes 74 Traduction libre de l’auteure Ils contrĂŽlent le mouvement de la camĂ©ra, semblant diriger la camĂ©ra et le regard du hĂ©ros avec le nĂŽtre irrĂ©sistiblement avec eux quand ils se dĂ©placent. » 75 Traduction libre de l’auteure [
] elle a mis un rouge Ă  lĂšvre rouge et elle se prĂ©pare Ă  travailler durement son professeur pour obtenir un A. » 107 with their wispy trails of smoke can become cues of dark and immoral sensuality, and the iconography of violence primarily guns is a specific symbol as is perhaps the cigarette of her ’ unnatural’’ phallic power »76. Kaplan, 2000, p. 54 On comprend, par cette description, que la sexualitĂ© de la femme fatale est pleinement assumĂ©e et reprĂ©sente une façon de mieux piĂ©ger l’homme dans ses filets. Ces femmes Ă  la personnalitĂ© forte et aux courbes voluptueuses, figures rĂ©currentes des films policiers d’aprĂšs-guerre, tourmentaient le personnage masculin jusqu’à le mener Ă  sa perte
 Ce type de personnage est apparu Ă  une Ă©poque oĂč l’émancipation de la femme, post DeuxiĂšme Guerre mondiale, devenait inquiĂ©tante et menaçait le patriarcat. Comme l’explique Ann Kaplan, la femme fatale Ă©tait une rĂ©elle menace et un avertissement Since the femme fatale was often evil and deliberately used her sexuality to draw the hero into the enemy’s hand, the films were in one sense a message to men to stay away from these sexy women- to settle for the home-girl77 » 2000, Un peu plus tard, la rĂ©action du professeur aprĂšs le refus de Beck ramĂšne Ă  cette idĂ©e de fatalitĂ©, de perte. Il accuse Beck de l’avoir manipulĂ© et se place ainsi en victime. Il Ă©voque trĂšs clairement sa sexualitĂ© qu’il accuse d’avoir dirigĂ© sa conduite fautive You invited me to [
] You flirt brazenly, you wear clothes so sheer I can see your nipples78 », puis If you want to stay on the safe side of the plausible deniability zone, cover your tits, stop the blowjob eyes and write better79 » [1710]. Comme le dira Janey Place, la femme fatale des films noirs utilisait » sa sexualitĂ© Ă  des fins de pouvoir sur ses pairs [
] in which women are active, not static symbols, are intelligent and powerful, if destructively so, and derive power, not weakness from their sexuality» Kaplan, 2000, p. 47. À la fin de cette scĂšne pourtant, la situation de supposĂ© pouvoir » de Beck est renversĂ©e par le professeur qui, en lui enlevant son poste d’auxiliaire, repositionne son 76 Traduction libre de l’auteure L'iconographie est explicitement sexuelle et souvent aussi explicitement violente cheveux longs, maquillage et bijoux. Les cigarettes avec leurs fines traĂźnĂ©es de fumĂ©e peuvent devenir des indices de sensualitĂ© sombre et immorale, et l'iconographie de la violence principalement des armes Ă  feu est un symbole spĂ©cifique comme peut-ĂȘtre la cigarette de son pouvoir phallique "contre nature"». 77 Traduction libre Comme la femme fatale Ă©tait souvent diabolique et utilisait dĂ©libĂ©rĂ©ment sa sexualitĂ© pour attirer le hĂ©ros dans la main de l'ennemi, les films Ă©taient en un sens un message aux hommes de rester loin de ces femmes sexy - pour se contenter de la femme au foyer. » 78 Traduction libre Tu m'as invitĂ©e Ă  le faire ... Tu flirtes effrontĂ©ment, tu portes des vĂȘtements pour que je puisse voir tes tĂ©tons ». 79 Traduction libre Si tu veux rester du bon cĂŽtĂ© de la zone de dĂ©ni plausible, couvre tes seins, arrĂȘte les yeux de pipe et Ă©cris mieux ». 108 autoritĂ© et son emprise sur la jeune femme. À la suite de cette scĂšne, l’image de l’ultime aguicheuse est remplacĂ©e par celle d’une fille plutĂŽt vulnĂ©rable dont une personne en autoritĂ© a tentĂ© d'abuser et qui ressort blessĂ©e et lĂ©sĂ©e par cette situation. La relation entre Beck et Joe met aussi en scĂšne cette aura de fascination nĂ©faste qui entoure la jeune femme. Dans la scĂšne du party [26 17], Joe doute des intentions de Beck Ă  son Ă©gard. Cette incertitude quant Ă  la rĂ©elle personnalitĂ© de la jeune femme est exacerbĂ©e par l’effet de flou entourant bien souvent le protagoniste et la jeune femme [29 56]. Par ailleurs, durant la soirĂ©e, il la voit flirter avec un autre homme et se demande si le portrait fait par Benji, un peu plus tĂŽt, ne serait pas vĂ©ridique So which Beck are you? The one I see or the one Benji does?80 » [30 22]. Pour ainsi dire, Beck est-elle cette version idĂ©alisĂ©e de la femme parfaite créée par Joe ou est-elle cette sĂ©ductrice qui se sert de sa sensualitĂ©, de son corps et de sa beautĂ© pour mener Ă  leur perte les hommes qui croisent son chemin? Beck n’est rĂ©ellement aucune de ces deux versions comme nous le dĂ©montrera la fin de l’épisode. En rĂ©utilisant l’iconographie de la femme fatale, menace pour l’homme et incorrigible sĂ©ductrice, Beck nous apparaĂźt de prime abord comme une manipulatrice et non comme une victime et Ă©voque la reprĂ©sentation mĂ©disante de certaines victimes de violences sexuelles dans les mĂ©dias comme nous l’avons dĂ©montrĂ© tout au long de ce mĂ©moire. Lorsque Beck retourne dans le bureau de son professeur, Ă  la toute fin de l’épisode et Ă©voque ces six autres femmes qui ont vĂ©cu chose semblable, elle envoie le message que ce genre de comportement entre une figure d’autoritĂ©, ici un professeur, et une figure d’infĂ©rioritĂ©, ici une Ă©tudiante, est inacceptable et ne devrait ĂȘtre tolĂ©rĂ© par personne. Nous pouvons en conclure, que les codes de la vamp » sont utilisĂ©s par les auteurs Sera Gamble et Greg Berlanti tout au long de l’épisode pour ĂȘtre ensuite dĂ©construits, durant la scĂšne finale, lorsque Beck se repositionne en victime. Ainsi, dans cet Ă©pisode, les codes de la femme fatale, figure des films noirs du Hollywood des annĂ©es 40 et la figure de la vamp » sont utilisĂ©s afin de flouter la crĂ©dibilitĂ©, pour ainsi dire, de la victime, ici Beck. 80 Traduction libre Alors quelle Beck es-tu? Celle que je vois ou celle que voit Benji? » 109 110 Conclusion Pour conclure, aprĂšs de nombreuses recherches et de multiples visionnements et une analyse de nos rĂ©sultats, nous pouvons, aujourd’hui, confirmer notre hypothĂšse de dĂ©part. Le mouvement Metoo semble avoir, bel et bien, influencĂ© les reprĂ©sentations du harcĂšlement et des crimes sexuels dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es amĂ©ricaines. Nous nous permettrons, en conclusion de rappeler, de maniĂšre synthĂ©tique, les Ă©tapes de notre processus de recherche et d’analyses menĂ©es tout au long de ce mĂ©moire. Dans le but de rĂ©pondre Ă  notre hypothĂšse, nous avons premiĂšrement effectuĂ© une enquĂȘte de style journalistique, afin de bien comprendre les grandes lignes du mouvement. Ce faisant, nous avons pu saisir les consĂ©quences et divers impacts de celui-ci sur la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine, mais aussi sur celle plus prĂšs de nous, au QuĂ©bec. Nous avons Ă©tĂ© surpris de voir Ă  quel point ce mouvement semblait avoir fait Ă©voluer les choses tant dans les milieux de travail que dans la sphĂšre intime. Nous remarquons, avec satisfaction, que les limites de ce qui est acceptable, ou pas, semblent avoir Ă©tĂ© modifiĂ©es avec l’émergence de la vague Metoo. Aussi, nous avons trouvĂ© important de clarifier ce qu’englobait rĂ©ellement le harcĂšlement sexuel en nous assurant de bien dĂ©finir celui-ci. Afin de bien comprendre comment fonctionnent les reprĂ©sentations sociales, nous nous sommes donnĂ© un cadre sociologique d’auteurs et de chercheurs, tels que Serge Moscovici, Pascal Moliner et George Gebner. Ce dernier nous a notamment aidĂ© Ă  mieux comprendre le possible impact des reprĂ©sentations sociales sur les tĂ©lĂ©spectateurs grĂące Ă  sa thĂ©orie de la cultivation. Nous nous sommes ensuite basĂ©e sur les travaux de Sheila T. Murphy ainsi que sur l’étude de Lee Ann Khalor et Matthew Eastin pour vĂ©rifier si ces reprĂ©sentations sociales, lorsqu’erronĂ©es, pouvaient venir altĂ©rer le jugement d’une population sur un individu, une situation ou un enjeu donnĂ©s. Nous en avons conclu que les reprĂ©sentations sociales jouaient un rĂŽle important dans les perceptions qu’un individu a de son environnement et que celles-ci pouvaient agir en savoir naĂŻf », une connaissance qui est acquise sans ĂȘtre vĂ©rifiĂ©e et qui participerait Ă  la diffusion des stĂ©rĂ©otypes. 111 En nous basant sur l’ouvrage d’Helen Benedict, nous avons compris qu’il existait deux types » de victimes dans l’univers mĂ©diatique la victime vamp » et la victime vierge ». Ces deux types de victimes semblent ĂȘtre des stĂ©rĂ©otypes maintes fois utilisĂ©s par les mĂ©dias, selon la chercheuse. Ils serviraient notamment Ă  rendre crĂ©dible ou dĂ©crĂ©dibiliser une victime de viol. La chercheuse Esther Madriz, elle, dĂ©nonce ces mĂȘmes stĂ©rĂ©otypes et parle plutĂŽt de deux profils diffĂ©rents pour l’agresseur et la victime soit idĂ©al et non-idĂ©al. Les chercheuses Sarah Eschholz et Jana Bufkin reprennent, quant Ă  elles, ces profils dans le cadre d’une Ă©tude portant sur les reprĂ©sentations des crimes sexuels au cinĂ©ma, plus prĂ©cisĂ©ment dans les films du Box-Office de 1996. Ces profils et ces mythes entourant les victimes, les agresseurs, mais aussi l’acte de l’agression en soi, nous ont servi dans le cadre de notre analyse comparative effectuĂ©e au chapitre suivant. Nous avons pu, grĂące Ă  ces travaux, mieux Ă©valuer le cadre d’avant Metoo. À la suite de tous nos visionnements, nous avons ensuite Ă©laborĂ© un corpus tĂ©lĂ©visuel afin de vĂ©rifier de façon plus concrĂšte et systĂ©matique notre hypothĂšse de dĂ©part. Nous avons sĂ©parĂ© » notre corpus en deux regroupements d’annĂ©es, soit 2007-2008 et 2018-2019, afin d’évaluer les diffĂ©rences entre les reprĂ©sentations des crimes sexuels et du harcĂšlement sexuel avant et aprĂšs Metoo. Cette Ă©tape nous a permis de constater que de nombreux changements ont Ă©tĂ© provoquĂ©s, Ă  cet Ă©gard, par l’arrivĂ©e de ce mouvement social comme nous l’avions soupçonnĂ© au tout dĂ©but de nos recherches. Ainsi, nous avons remarquĂ©, premiĂšrement, une hausse d’épisodes abordant la question de crimes sexuels et du harcĂšlement sexuel aprĂšs le passage du mouvement Metoo. Nous avons aussi dĂ©notĂ© la quasi-absence du harcĂšlement sexuel, sinon sa banalisation dans le traitement du harcĂšlement sexuel avant le mouvement. Nous avons Ă©tĂ© surpris par ce dernier rĂ©sultat puisque le harcĂšlement sexuel semble aujourd’hui, et certainement grĂące Ă  Metoo, faire partie du tissu social. Nombreux sont les Ă©pisodes, dans notre corpus de 2018-2019, qui ont dĂ©noncĂ© ce flĂ©au. Nous avons aussi pu dĂ©noter une mise en scĂšne du fossĂ© entre les gĂ©nĂ©rations quant Ă  ce sujet. Ce contraste entre ces façons de penser met, selon nous, encore plus en Ă©vidence, l’avant et l’aprĂšs Metoo. Ainsi, nous pensons que les limites de ce qui est acceptable ou pas sont bel et bien en train de se façonner une place dans l’ensemble des valeurs qui dĂ©finit nos sociĂ©tĂ©s. Plus encore, nous avons aussi constatĂ© une conversation entourant le consentement sexuel et toute 112 l’ambiguĂŻtĂ© qui parfois entoure celui-ci. Alors qu’auparavant, ce sujet ne semblait pas ĂȘtre abordĂ© de cette façon, aujourd’hui, dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es post Metoo, il semble ĂȘtre sujet Ă  dĂ©bats. Ces discussions concernant la clartĂ© du consentement dĂ©montrent le rĂ©el besoin d’étiqueter et de dĂ©finir certaines situations, mais aussi de conscientiser les esprits. Le traitement de ce sujet dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visuelles contemporaines participe dĂ©sormais Ă  la discussion sociĂ©tale sur l’importance d’informer tous et chacun sur la nĂ©cessitĂ© d’un consentement sexuel net et prĂ©cis, et semble aussi influencer l’évolution des mentalitĂ©s jusque dans les postes de police et les cours de justice. Dans les prochaines annĂ©es, nous espĂ©rons que le systĂšme de justice ainsi que le concept de preuve » Ă©volueront et s’amĂ©lioreront afin qu’enfin, justice soit faite. Lors de nos recherches, nous avons aussi trouvĂ© que l’agresseur avait, aujourd’hui, un nouveau visage. En effet, si autrefois l’agresseur Ă©tait perçu comme Ă©tant un dĂ©viant, attaquant de façon perfide, voire animale, une inconnue, aujourd’hui, dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es, il prend plutĂŽt l’aspect d’un homme de pouvoir. Cette nouvelle reprĂ©sentation de l’agresseur, comme Ă©tant M. Tout le monde, se rapproche beaucoup plus de la rĂ©alitĂ©. Nous avons aussi constatĂ© que les stĂ©rĂ©otypes entourant les victimes Ă©taient encore utilisĂ©s, mais d’une maniĂšre plus critique dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es. En effet, nous retrouvons encore dans les sĂ©ries qui ont suivi le Metoo, les profils de la vierge » et de la vamp » Ă©laborĂ©s par Benedict, mais ils sont, alors, utilisĂ©s pour mieux dĂ©noncer ces prĂ©jugĂ©s. Les victimes qui correspondent au profil de la vamp » voient leur crĂ©dibilitĂ© ĂȘtre mise en doute pour ĂȘtre ensuite renforcĂ©e par une fin glorieuse » pour la victime. Nous pensons que cette rĂ©utilisation des codes permet de jouer avec les perceptions du spectateur pour mettre en Ă©vidence les stĂ©rĂ©otypes qu’ils lui auraient Ă©tĂ© inculquĂ©s durant toutes ces annĂ©es, voire en Ă©branler les fondements. La victime est toutefois encore trĂšs blanche et presque toujours de sexe fĂ©minin. Nous aimerions voir dans le futur une reprĂ©sentation plus diversifiĂ©e de la victime et de l’agresseur afin que tous et toutes puissent se reconnaĂźtre ou identifier un prĂ©judice comme tel. Avec bonheur, nous avons constatĂ© que les dĂ©nonciations des crimes sexuels et du harcĂšlement sexuel sont fortement encouragĂ©es dans les Ă©pisodes post Metoo. Ainsi, la victime reprĂ©sentĂ©e est une victime active qui dĂ©nonce et se lĂšve contre son agresseur. 113 Nous espĂ©rons que ces changements dans les reprĂ©sentations des crimes sexuels et l’arrivĂ©e » sur nos Ă©crans du harcĂšlement sexuel marqueront les esprits des tĂ©lĂ©spectateurs de façon favorable. En effet, nous pensons que plus les reprĂ©sentations de ces crimes se rapprocheront de la rĂ©alitĂ©, plus les stĂ©rĂ©otypes et prĂ©jugĂ©s s’amenuiseront et donc plus une victime de harcĂšlement sexuel ou de crimes sexuels rĂ©ussira Ă  poursuivre en justice, avec succĂšs, son agresseur en dĂ©nonçant ses gestes rĂ©cusables. Nous souhaitons que ces changements sociĂ©taux perdurent avec les annĂ©es et ne viennent pas Ă  s’amenuir et qu’alors avec le temps, l’on oublie peu Ă  peu les Ă©vĂ©nements d’octobre 2017. C’est avec satisfaction et soulagement que nous avons constatĂ© l’évolution positive des reprĂ©sentations des crimes sexuels et du harcĂšlement sexuel influencĂ©es par le mouvement social de l’automne 2017. Encore aujourd’hui, nous entendons, dans les mĂ©dias, comme dans la sphĂšre privĂ©e, des tĂ©moignages touchants de victimes qui, inspirĂ©es par le mouvement, dĂ©noncent des situations oĂč un individu leur a causĂ© un prĂ©judice. Nous espĂ©rons, peut-ĂȘtre naĂŻvement, que dans une pĂ©riode plus ou moins rapprochĂ©e, les stĂ©rĂ©otypes entourant les victimes seront absents des cours de justice et qu’un autre mouvement Metoo n’aura pas Ă  refaire surface pour dĂ©noncer des situations de harcĂšlement sexuel non-rĂ©prouvĂ©es dans les milieux de travail. 114 RĂ©fĂ©rences bibliographiques Ouvrages 1. 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Kelley, Sunsan Dikes et Takashi Cheng sc.. DiffusĂ© le 2 octobre. USA ABC. − Boston Legal. 2008. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 17 The court supreme». Robert Yannetti real.. David E. Kelley et Jonathan Shapiro sc.. DiffusĂ© le 22 avril. USA ABC. − Brooklyn Nine Nine. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 8 He said, she said ». Stephanie Beatriz real.. Lang Fisher sc.. DiffusĂ© le 28 fĂ©vrier. USA NBC. − The Bold Type. 2019. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 3 Stroke of genius ». Jamie Travis real.. Neel Shah sc.. DiffusĂ© le 23 avril. USA Freeform. − Crashing. 2019. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 4 MC, middle, headliner ». Oren Brimer real.. Dave King, Vanessa Ramos sc.. DiffusĂ© le 10 fĂ©vrier. USA HBO. − The Deuce. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 8 Nobody has to get hurt ». Tanya Hamilton real.. George Pelecanos sc.. DiffusĂ© le 28 octobre. USA HBO. − Euphoria. 2019. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 1 Pilot ». Augustine Frizell real.. Sam Levinson sc.. DiffusĂ© le 17 juin. USA HBO. − Glow. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 5 Perverts are people, too ». Claire Scanlon rĂ©al.. Rachel Shukert, Liz Flahive crĂ©ateurs et Carly Mensch sc.. DiffusĂ© le 28 juin. USA Netflix. 122 − The Good Fight. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Épisode 2 Day 422 ». James Whitmore jr. real. Robert King, Michelle King, Phil Alden Robinson crĂ©ateurs et Joey Hartstone sc.. DiffusĂ© le 18 mars. USA CBS All Access. − The Good Fight. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 5 Day 436 ». James Whitmore jr. real. Robert King, Michelle King, Phil Alden Robinson crĂ©ateurs et Marcus Dalzine sc.. DiffusĂ© le 1 avril. USA CBS All Access. − The Good Fight. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 11 Day 478 ». James Whitmore jr. real. Robert King, Michelle King, Phil Alden Robinson crĂ©ateurs et Jonathan Tolins sc.. DiffusĂ© le 13 mai. USA CBS All Access. − Good Trouble. 2019. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 8. Byte club ». Peter Paige real.. Nicole Paulhus sc.. DiffusĂ© le 26 fĂ©vrier. USA Freeform. − Gossip Girl. 2007. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 1. Pilot ». Mark Piznarski rĂ©al.. Josh Schwartz et Stephanie Savage sc.. DiffusĂ© le 19 septembre. USA CW. − Gossip Girl. 2007. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 2. The wild brunch ». Mark Piznarski rĂ©al.. Josh Schwartz et Stephanie Savage sc.. DiffusĂ© le 26 septembre. USA CW. − Grey’s Anatomy. 2019. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 19 Silent all these years ». Debbie Allen real.. Elisabeth Finch sc.. DiffusĂ© le 28 mars. USA ABC. − Grown-ish. 2019. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 7 Messy ». Linda Mendoza real.. Richard Brandon Manus sc.. DiffusĂ© le 6 fĂ©vrier. USA Freeform. − In Treatment. 2008. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 1 Laura Week one ». Rodrigo Garcia real. et sc.. DiffusĂ© le 28 janvier. USA HBO. − In Treatment. 2008. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 13 Sophie Week three ». Christopher Misiano real.. Sarah Trem sc.. DiffusĂ© le 13 fĂ©vrier. USA HBO. − It’s Always Sunny in Philadelphia. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 4. Time’s up for the gang ». Kat Coiro real.. Megan Gaz sc.. DiffusĂ©e le 26 septembre. USA FXX. − Jane the Virgin. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 11 Chapter seventy-five ». Gina Lamar real.. Merigan Mulhern. DiffusĂ© le 2 mars. USA CW network. − Murphy Brown. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 3 MurphyToo ». Don Scardino real.. Gina Ippolito et Skander Halim sc.. DiffusĂ© le 11 octobre. USA CBS. − The Romanoffs. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 3 House of special purpose ». Matthew Weiner real.. Matthey Weiner et Mary Sweeney sc.. DiffusĂ© le 19 octobre. USA Amazon prime video. − The Romanoffs. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 5 Bright and high circle ». Matthew Weiner real.. Matthey Weiner et Kriss Turner sc.. DiffusĂ© le 22 novembre. USA Amazon prime video. − The Room 104. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 12 Josie & me ». Lila Neugebauer rĂ©al.. Lauren Budd sc.. DiffusĂ© le 15 dĂ©cembre. USA HBO. 123 − Unbreakable Kimmy Schmidt. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 1 Kimmy is
 Little girl, big city! ». Tristram Shapeero real.. Tina Fey, Robert Carlock crĂ©ateurs et Sam Means sc.. DiffusĂ© le 30 mai. USA Netflix. − Will & Grace. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 5 Grace’s secret ». James Burrow real.. Suzanne Martin sc.. DiffusĂ© le 1er novembre. USA NBC. − Women’s Murder Club. 2008. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 12 And the truth will sometimes set you free. Matthew Penn real.. Melinda Hsu Taylor et Sherry Carnes sc.. DiffusĂ© le 6 mai. USA ABC. − You. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 2 The Last Nice Guy in New York ». Lee Toland Krieger rĂ©al.. Caroline Kepnes et Sera Gamble sc.. DiffusĂ© le 16 septembre. USA Lifetime et Netflix. − Younger. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 1 Lizatoo ». Steven Tsuchida rĂ©al.. Darren Star sc.. DiffusĂ© le 5 juin. USA TVland. Filmographie divisĂ©e en avant/aprĂšs le mouvement Metoo Avant − Boston Legal. 2007. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 2 The innocent man ». Mike Listo real.. David E. Kelley, Sunsan Dikes et Takashi Cheng sc.. DiffusĂ© le 2 octobre. USA ABC. − Boston Legal. 2008. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 17 The court supreme». Robert Yannetti real.. David E. Kelley et Jonathan Shapiro sc.. DiffusĂ© le 22 avril. USA ABC. − Gossip Girl. 2007. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 1. Pilot ». Mark Piznarski rĂ©al.. Josh Schwartz et Stephanie Savage sc.. DiffusĂ© le 19 septembre. USA CW. − Gossip Girl. 2007. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 2. The wild brunch ». Mark Piznarski rĂ©al.. Josh Schwartz et Stephanie Savage sc.. DiffusĂ© le 26 septembre. USA CW. − In Treatment. 2008. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 1 Laura Week one ». Rodrigo Garcia real. et sc.. DiffusĂ© le 28 janvier. USA HBO. − In Treatment. 2008. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 13 Sophie Week three ». Christopher Misiano real.. Sarah Trem sc.. DiffusĂ© le 13 fĂ©vrier. USA HBO. − Women’s Murder Club. 2008. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 12 And the truth will sometimes set you free. Matthew Penn real.. Melinda Hsu Taylor et Sherry Carnes sc.. DiffusĂ© le 6 mai. USA ABC. AprĂšs − Big Little Lies. 2019. Émission de tĂ©lĂ©vision saison 2. Andrea Arnold real.. Diffusion de la saison 2 20 fĂ©vrier. USA HBO. 124 − BoJack Horseman. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 4. BoJack the feminist ». Anne Walker Farrell real.. Nick Adams et Raphael Bob-Waksberg sc.. DiffusĂ© le 14 septembre. USA Netflix. − Brooklyn Nine Nine. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 8 He said, she said ». Stephanie Beatriz real.. Lang Fisher sc.. DiffusĂ© le 28 fĂ©vrier. USA NBC. − The Bold Type. 2019. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 3 Stroke of genius ». Jamie Travis real.. Neel Shah sc.. DiffusĂ© le 23 avril. USA Freeform. − Crashing. 2019. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 4 MC, middle, headliner ». Oren Brimer real.. Dave King, Vanessa Ramos sc.. DiffusĂ© le 10 fĂ©vrier. USA HBO. − The Deuce. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 8 Nobody has to get hurt ». Tanya Hamilton real.. George Pelecanos sc.. DiffusĂ© le 28 octobre. USA HBO. − Euphoria. 2019. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 1 Pilot ». Augustine Frizell real.. Sam Levinson sc.. DiffusĂ© le 17 juin. USA HBO. − Glow. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 5 Perverts are people, too ». Claire Scanlon rĂ©al.. Rachel Shukert, Liz Flahive crĂ©ateurs et Carly Mensch sc.. DiffusĂ© le 28 juin. USA Netflix. − The Good Fight. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Épisode 2 Day 422 ». James Whitmore jr. real. Robert King, Michelle King, Phil Alden Robinson crĂ©ateurs et Joey Hartstone sc.. DiffusĂ© le 18 mars. USA CBS All Access. − The Good Fight. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 5 Day 436 ». James Whitmore jr. real. Robert King, Michelle King, Phil Alden Robinson crĂ©ateurs et Marcus Dalzine sc.. DiffusĂ© le 1 avril. USA CBS All Access. − The Good Fight. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 11 Day 478 ». James Whitmore jr. real. Robert King, Michelle King, Phil Alden Robinson crĂ©ateurs et Jonathan Tolins sc.. DiffusĂ© le 13 mai. USA CBS All Access. − Good Trouble. 2019. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 8. Byte club ». Peter Paige real.. Nicole Paulhus sc.. DiffusĂ© le 26 fĂ©vrier. USA Freeform. − Grey’s Anatomy. 2019. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 19 Silent all these years ». Debbie Allen real.. Elisabeth Finch sc.. DiffusĂ© le 28 mars. USA ABC. − Grown-ish. 2019. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 7 Messy ». Linda Mendoza real.. Richard Brandon Manus sc.. DiffusĂ© le 6 fĂ©vrier. USA Freeform. − It’s Always Sunny in Philadelphia. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 4. Time’s up for the gang ». Kat Coiro real.. Megan Gaz sc.. DiffusĂ©e le 26 septembre. USA FXX. − Jane the Virgin. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 11 Chapter seventy-five ». Gina Lamar real.. Merigan Mulhern. DiffusĂ© le 2 mars. USA CW network. − Murphy Brown. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 3 MurphyToo ». Don Scardino real.. Gina Ippolito et Skander Halim sc.. DiffusĂ© le 11 octobre. USA CBS. 125 − The Romanoffs. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 3 House of special purpose ». Matthew Weiner real.. Matthey Weiner et Mary Sweeney sc.. DiffusĂ© le 19 octobre. USA Amazon prime video. − The Romanoffs. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 5 Bright and high circle ». Matthew Weiner real.. Matthey Weiner et Kriss Turner sc.. DiffusĂ© le 22 novembre. USA Amazon prime video. − The Room 104. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 12 Josie & me ». Lila Neugebauer rĂ©al.. Lauren Budd sc.. DiffusĂ© le 15 dĂ©cembre. USA HBO. − Unbreakable Kimmy Schmidt. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 1 Kimmy is
 Little girl, big city! ». Tristram Shapeero real.. Tina Fey, Robert Carlock crĂ©ateurs et Sam Means sc.. DiffusĂ© le 30 mai. USA Netflix. − Will & Grace. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 5 Grace’s secret ». James Burrow real.. Suzanne Martin sc.. DiffusĂ© le 1er novembre. USA NBC. − You. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 2 The Last Nice Guy in New York ». Lee Toland Krieger rĂ©al.. Caroline Kepnes et Sera Gamble sc.. DiffusĂ© le 16 septembre. USA Lifetime et Netflix. − Younger. 2018. SĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Épisode 1 Lizatoo ». Steven Tsuchida rĂ©al.. Darren Star sc.. DiffusĂ© le 5 juin. USA TVland. 126 Annexe I. Statistiques Statistiques entourant le harcĂšlement sexuel au Canada par ESG Ces statistiques proviennent de l'EnquĂȘte sociale gĂ©nĂ©rale ESG de 2016 sur les Canadiens au travail et Ă  la maison. L’étude est Ă©laborĂ©e par Darcy Hango et Melissa Moyser pour Statistique Canada. ‱ Dans l'ensemble, 19 % des femmes et 13 % des hommes ont dĂ©clarĂ© avoir Ă©tĂ© victimes de harcĂšlement au travail au cours de la derniĂšre annĂ©e. Le harcĂšlement en milieu de travail comprend la violence verbale, les comportements humiliants, les menaces envers les personnes, la violence physique et l'attention sexuelle non dĂ©sirĂ©e ou le harcĂšlement sexuel. ‱ Les femmes Ă©taient plus susceptibles de signaler le harcĂšlement sexuel sur leur lieu de travail 4% que les hommes moins de 1%. Parmi les femmes qui ont signalĂ© avoir Ă©tĂ© victimes de harcĂšlement sexuel, plus de la moitiĂ© ont Ă©tĂ© ciblĂ©es par des clients Hango, 2018. Statistiques entourant le harcĂšlement sexuel aux États-Unis en 2019 par SSH, GEH, Raliance, CALCASA, Promundo Ces statistiques proviennent d’une enquĂȘte nationale amĂ©ricaine effectuĂ©e en 2019 par les organisations Ă  but non-lucratif SSH Stop Street Harassment, GEH Center on Gender Equity and Health RALIANCE, CALCASA California Coalition Against Sexual Assault et Promundo SSH, 2019. 127 Figure 2. – Statistiques sur le harcĂšlement sexuel provenant de l’organisation Stop Street Harassment SSH, 2019 Statistiques entourant les crimes sexuels aux États-Unis RAINN Ces statistiques proviennent de l’organisation RAINN Rape, Abuse & Incest, National Network qui vient en aide aux victimes d’abus sexuel aux États-Unis. ‱ Toutes les 73 secondes un AmĂ©ricain est agressĂ© sexuellement. ‱ 1 femme amĂ©ricaine sur 6 sera victime d’une tentative ou d’un viol complet dans sa vie complet, tentative. ‱ Environ 3% des hommes amĂ©ricains 1/33 expĂ©rimentera une tentative ou un viol complet dans sa vie. ‱ 94 % des femmes violĂ©es prĂ©sentent des symptĂŽmes de syndrome de stress post- traumatique SSPT dans les deux semaines suivant le viol. ‱ 30% des femmes rapportent des symptĂŽmes de SSPT 9 mois aprĂšs le viol. ‱ 33 % des femmes violĂ©es envisagent de se suicider. ‱ 13% des femmes violĂ©es font une tentative de suicide. ‱ Environ 70 % des victimes de viol ou d'agression sexuelle vivent une dĂ©tresse modĂ©rĂ©e Ă  grave, un pourcentage plus Ă©levĂ© que pour tout autre crime violent. RAINN, 2019. 128 Figure 3. – Statistiques sur les agressions sexuelles provenant de l’organisation RAINN. RAINN, 2019 Statistiques entourant les crimes sexuels aux États-Unis NSVRC Ces statistiques proviennent de l’organisation NSVRC National Sexual Violence Ressource Center qui vient en aide aux victimes d’abus sexuel aux États-Unis. ‱ Aux États-Unis, une femme sur trois et un homme sur six ont subi une forme quelconque de violence sexuelle par contact au cours de leur vie. ‱ 51,1% des femmes victimes de viol ont dĂ©clarĂ© avoir Ă©tĂ© violĂ©es par un partenaire intime et 40,8% par une connaissance. ‱ 52,4% des victimes masculines dĂ©clarent avoir Ă©tĂ© violĂ©es par une connaissance et 15,1% par un Ă©tranger. ‱ Dans huit cas de viol sur dix, la victime connaissait l'auteur. ‱ Huit pour cent des viols ont lieu pendant que la victime est au travail. ‱ Le viol est le crime le moins signalĂ©; 63 % des agressions sexuelles ne sont pas signalĂ©es Ă  la police. ‱ La prĂ©valence des fausses dĂ©clarations est faible - entre 2 % et 10 %. Les chercheurs ont Ă©tudiĂ© 812 signalements d'agression sexuelle entre 2000 et 2003 et ont constatĂ© un taux de 2,1 % de fausses dĂ©clarations NSVRC, 2018. 129 II. Exemples de tweets durant le Metoo Figure 4. – Tweet de l’actrice Evan Rachel Wood Figure 5. – Tweet de Rituparna Chatterjee Figure 6. – Tweet de la fondatrice du Metoo Tarana Burke
Labande-annonce du jeu vidĂ©o Assassin’s Creed Unity, situĂ© dans le Paris de la RĂ©volution, est mise en ligne. Dans un chaos d’images grand-guignolesques surgit un orateur Ă©cumant. C’est Robespierre. La voix off, caverneuse, explique : cet homme « aspirait Ă  contrĂŽler le pays. Il prĂ©tendait reprĂ©senter le peuple contre la monarchie. Mais il Ă©tait bien plus dangereux 58 TrophĂ©es pour Assassin's Creed Unity sur PS4 5 Cliquez sur l'un des TrophĂ©es pour connaitre les membres qui le possĂšdent Bronze 36 Argent 13 Or 1 Platine 1 DLC 7 LibĂ©rateur LibĂ©rez au total 10 Assassins pris au piĂšge PassĂ© partout Terminez au moins une fois chaque mission Coop et Vol MĂ©cĂšne Regardez une piĂšce au cafĂ©-théùtre Quartier sĂ»r Menez toutes les missions de clubs de rĂ©union d'un quartier PiqĂ»res Tuez 20 ennemis Ă  l'arme longue GuillotinĂ© Tuez un ennemi Ă  l'aide d'un contrepoids d'Ă©lĂ©vateur Rappel Terminez la sĂ©quence 12

TheAnglo-Saxon poem Beowulf, as we read it, is already the literary place of a cultural encounter over centuries between an old Germanic heroic story and the Christian culture of the writer, a novel of our days which re-uses the story is the

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